Le tourisme en ce qu'il a de profondément humain est touché de plein fouet, bouleversé Les efforts des uns et des autres, institutions et organismes publics, opérateurs privés, hôteliers, voyagistes se sont heurtés à des écueils de taille. Les choses s'emballent. A nos portes orientales, nos flancs du Sud, les forces de la terreur frappent ou tentent de frapper. En Europe, elles s'acharnent. Semant la peur, faisant verser le sang de victimes innocentes. Le monde des hommes est traîné malgré lui vers la violence, la terreur, la folie par des illuminés d'un autre monde, d'un autre âge. L'autre grande victime, collatérale, de ces actes barbares est le tourisme. Dans ce qu'il a de fondamental, l'hospitalité, l'échange, le partage. Le tourisme en ce qu'il a de profondément humain est touché de plein fouet, bouleversé. Des villes de Tunisie, d'Egypte, du Niger, et autres villes d'Afrique et d'Asie reconnues et recherchées pour leurs vertus hospitalières sont fuies. D'autres villes, hauts lieux de culture et d'histoire millénaire, considérées comme des berceaux de l'humanité sont devenues un enfer pour les hommes par la faute d'une démence aux conséquences incalculables et irréversibles. Même, désormais, des villes européennes en font les frais. Paris, Bruxelles, Istanbul en gardent, pour toujours, les stigmates. N'est-ce pas là aussi un des buts recherchés? Séparer les uns des autres, affaiblir, appauvrir des pays, des pans entiers de populations vivant de cette industrie des services qu'est le tourisme. Des images ternies durablement, des économies altérées, des exodes imposés. Hommes, femmes, enfants, nul n'a été épargné. L'exemple de l'Algérie est édifiant, à ce titre. Brisée dans son élan émancipateur engagé en cette fin des années 1980, elle paiera le prix fort. Le processus de démocratisation initié après les événements de cette fin de décennie, porteur d'espoir pour une jeune nation comme la nôtre et une jeunesse avide de bien-être et de liberté a été étouffé par des voix hégémoniques, théocratiques. L'esprit de fraternité, notre sens de l'accueil qui nous était unanimement reconnu a été obscurci par l'intolérance et par la perversion de nobles idées religieuses. L'économie a été freinée dans les réformes engagées. Des centaines de milliers de morts, de mutilés. Une grande partie de la crème de la société exilée. Et son image durablement ternie. A telle enseigne, qu'une quinzaine d'années après une paix recouvrée au prix de monumentaux sacrifices et de milliers de martyrs, l'on continue, de par le monde, de voir en l'Algérie une destination infréquentable. Les efforts des uns et des autres, institutions et organismes publics, opérateurs privés, hôteliers, voyagistes se sont heurtés à des écueils de taille. La peur et la terreur demeurent le lot de la destination et un obstacle à sa fréquentation bien après que l'Algérie s'en départit. De Salons en Salons du tourisme, partout dans le monde où les émissaires de la promotion touristique algérienne se déplacèrent, les mêmes questionnements sont revenus toujours. La sécurité. Bien que recouvrée, cette question demeure centrale et c'est sur elle que se focalise l'essentiel des inquiétudes d'une clientèle étrangère potentielle. Ni la beauté sans fin de nos paysages ni le riche patrimoine culturel et cultuel ni le parc hôtelier haut de gamme en constante densification ni le silence imposé par la force aux velléités sanguinaires des terroristes n'ont eu raison des inquiétudes de la demande internationale. Les grands tour-opérateurs du monde demeurent sourds, aveugles et muets. Et notre destination en pâtit. Comme en pâtissent d'autres destinations. Au combat des armes, doit succéder celui de la persévérance, de la patience du travail soutenu pour que, tel le sphinx, la destination touristique algérienne renaisse de ses cendres.