Beaucoup d'événements ont émaillé le parcours du mouvement citoyen des archs depuis la naissance de cette structure au lendemain du «Printemps noir» d'avril 2001. Depuis cette date, la Kabylie a été en prise à une crise inextricable qui n'a cessé de s'amplifier au fil des années. Entre autres, parmi les «remèdes» proposés pour solutionner cette crise, il s'agit de la mise en application de la plate-forme d'El Kseur à laquelle les délégués des archs ont donné corps à l'issue d'une série de conclaves. Ces mêmes délégués représentant les populations de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira ont été malmenés à maintes reprises par le pouvoir. Ils ont fait l'objet notamment d'une véritable chasse à l'homme orchestrée à leur encontre dans les trois wilayas évoquées, comme cela a été le cas au courant de l'année 2002. En 2003, certains des animateurs des archs, entre autres Belaïd Abrika et Rachid Allouache, figures de proue de ce mouvement, ont été même emprisonnés pendant de longs mois, du fait de leur condamnation par la justice pour des chefs d'inculpation ayant trait notamment à l'incitation à l'attroupement et destructions des biens publics. Durant cette même année 2003, les structures des archs, quant à elles, ont fait l'objet d'une scission qui a failli aboutir à son essoufflement. Cependant les archs se sont vite redéployés pour la conquête du terrain perdu en mettant en avant leurs objectifs à atteindre, à savoir la satisfaction pleine et entière par les pouvoirs publics des points contenus dans la plate-forme d'El Kseur. Les délégués du mouvement citoyen ont également entrepris une multitude d'actions de mobilisation de la population autour de la concrétisation du même objectif évoqué. Néanmoins, la plus grandiose de ces actions reste sans doute la fameuse marche du 14 juin 2001 qui a vu des centaines de milliers de manifestants défiler à partir de la foire d'Alger vers la place du 1er Mai. Ce premier round du dialogue a été vite discrédité par la population kabyle. Celle-ci a qualifié de «délégués taïwan» le groupe conduit par Allilouche. S'ensuit après cet épisode, le rejet par la population kabyle des élections législatives. La tentative de Benflis de résoudre la crise de la Kabylie s'est soldée par un échec cuisant, qui n'a pas été sans provoquer dans la région une série de manifestations et d'émeutes. La structure des archs a également exprimé publiquement son rejet pour l'élection présidentielle d'avril 2004 qui a vu le président Bouteflika succéder à lui-même. Ce rejet est dû, croit-on savoir, à l'échec d'un nouveau processus de dialogue enclenché vers la fin de l'année 2003, par M.Ahmed Ouyahia. Les négociations entre Ouyahia et les délégués «authentiques» des archs n'ont pu aboutir à un terrain d'entente, et ce, en raison du 8e point contenu dans la plate-forme d'El Kseur relatif à l'institutionnalisation de tamazight. Depuis, les rapports entre le pouvoir et les archs sont restés glaciaux. Et il aura fallu attendre un nouvel appel au dialogue lancé la semaine dernière en direction des archs, pour voir se conclure entre les deux parties un accord historique, susceptible de mettre un terme définitif à la crise de Kabylie.