La marche dite «de la dignité» composée de plus de 1 200 personnes continue sa progression malgré les aléas de la nature... Comme prévu et annoncé par la presse et les organisateurs, les enseignants contractuels partis de Béjaïa pour rallier Alger sont arrivés hier aux alentours de 15 heures à Bouira, deuxième escale après un premier arrêt au lycée Aliane Hamimi de Chorfa où les manifestants se sont entassés pour passer la nuit du mardi à mercredi. La marche dite «de la dignité» composée de plus de 1200 personnes continue sa progression malgré les aléas de la nature et les fortes chaleurs que connaît Bouira depuis deux jours. Tout au long de cette longue marche, les protestataires ont été accueillis en héros dans l'ensemble des agglomérations qu'ils ont eu à traverser, comme Chorfa, Ahnif, El Adjiba, Bechloul, El Esnam...et Bouira. Massés sur les trottoirs, les habitants ont longuement applaudi les marcheurs (es), déterminés à faire valoir leurs droits. «Vous êtes des héros! Que le bon Dieu soit avec vous et vous préserve contre ceux qui vous ont oppressés», lancera un vieil homme originaire de la commune de M'Chedallah et de rajouter: «Tout le peuple est avec vous!». Des formations politiques ont saisi aussi l'occasion pour exprimer leur soutien à «ces défenseurs de l'honneur». Le FFS, le RCD, le Front El Moustakbel ont délégué leurs élus et leurs militants pour rejoindre la marche sur quelques kilomètres. Les citoyens, de leur côté, ont tenu à apporter un soutien logistique en offrant des bouteilles d'eau et de la nourriture. «Nous avons souffert et nous souffrions encore de l'oppression des autorités. Qui mieux que nous peut comprendre le désarroi et le sentiment d'injustice de ces enseignants. Il est de notre devoir de les aider du mieux qu'on peut», diront des citoyens de la commune de Chorfa. Cet élan de solidarité continuera dans les autres communes où certaines pharmacies ont fait don de médicaments d'urgence aux marcheurs blessés aux pieds. De nombreux marcheurs peinaient à suivre la cadence. Une participante épuisée nous dira: «Je dois continuer! Notre lutte est celle de la dignité. Mourir sous le soleil, vaut mieux que vivre sous le mépris.» Une dizaine de manifestants, ont été admis à la polycyclique d'El Adjiba, pour y subir des examens en raison de l'insolation. Concernant la principale et unique revendication, les manifestants restent déterminés. «Nous n'abdiquerons pas! Notre mouvement est juste et il se veut pacifique. Nous voulons uniquement nos droits (...) Mme Benghebrit est certes une ministre de grande valeur, mais elle doit comprendre que les enseignants contractuels que nous sommes, ont une dignité. Nous exigeons une intégration sans conditions, ni concours.» La détermination de cette catégorie d'aller jusqu'au bout «ne peut être brisée par aucune partie (...) Mme Benghebrit doit écouter la détresse de ces contractuels. Cette marche est l'ultime preuve de leur désespoir. Ils voient leur avenir s'assombrir de jour en jour et personne ne vient à leur secours», déplorera Idir Achour membre du Conseil des lycées d'Algérie qui participe à cette marche. La réponse de la ministre de prendre en charge les salaires, les primes et de comptabiliser l'ancienneté en marge du concours ne semble pas convaincre les participants qui «trouvent derrière ces décisions, une manière de gagner du temps et de diviser les rangs». «Nous demandons une seule et unique issue à ce problème dont nous ne sommes pas responsables: notre intégration en qualité d'enseignants ayant rendu service au pays», nous dira un participant. Le député Khaled Tazaghart, lui, demande l'intervention directe du premier magistrat du pays et du Premier ministre.