Alors que la longue «marche de la dignité» des enseignants vacataires et contractuels, en lutte pour leur intégration, progresse lentement mais de pied ferme vers Alger, la tutelle montre un premier signe de fléchissement. Hier après-midi, le département de Nouria Benghebrit a appelé les protestataires au dialogue après deux journées de marche, entamée, dimanche matin, à partir de la direction de l'éducation nationale de Béjaïa. Une délégation a été désignée parmi eux pour aller à la rencontre de la ministre de l'Education, hier à 16h, a indiqué à El Watan, Achour Idir, porte-parole du Conseil des lycées d'Algerie (CLA), qui participe à l'action. Le syndicaliste voit en ce premier geste «une victoire morale et une reconnaissance de la légitimité du mouvement», en prévenant toutefois que «si à l'issue de cette rencontre la tutelle continue à ignorer la plateforme, nous poursuivrons notre marche jusqu'au bout». La délégation est chargée de remettre à la ministre la plateforme de revendications du Comité des enseignants vacataires et contractuels de l'éducation, où ils exigent entre autres une «intégration sans concours et sans condition». Au moment où nous mettions sous presse, vers 17h, les délégués n'étaient pas encore arrivés à la capitale, indique encore Achour Idir. Jusqu'ici, même si elles sont on ne peut plus légitimes, les revendications des enseignants vacataires n'ont rencontré qu'indifférence et répression. Plusieurs de leurs actions à Alger ont été violemment, faut-il le rappeler, réprimées par la police. C'est dans ce contexte hostile qu'est prise comme «ultime recours» la décision de marcher sur Alger. Après une journée à battre l'asphalte sur la RN26, les «marcheurs» ont passé la nuit de dimanche à lundi au technicum d'El Kseur, à 25 km de Béjaïa, avant de reprendre la route hier matin, pour arriver en fin de journée dans la ville d'Akbou, où ils devaient passer la nuit dans un lycée, apprend-on d'une source sûre. Les protestataires sont au nombre de 1500, selon Achour Idir, dont la moitié est composée de femmes, dont une est en fauteuil roulant car elle a reçu un coup de matraque lors du dernier rassemblement des enseignants à Alger, violemment réprimé par la police. Il faut dire, par ailleurs, que l'action a suscité un immense élan de solidarité. En plus des messages de soutien fusant sur les réseaux sociaux, des riverains de la RN26, comme à Sidi Aïch, ravitaillent les marcheurs en eau et en biscuits. Du côté des associations et partis politiques, la LADDH, par le biais de son responsable de Béjaïa, a apporté tout son soutien au mouvement, tandis que le RCD a appelé ses militants et toutes ses structures à soutenir cette marche et à être solidaires avec les enseignants vacataires.