Le projet d'attentat déjoué en France était hier au coeur d'une vaste enquête dans trois pays européens, mettant en lumière les ramifications des réseaux jihadistes après les attentats du 22 mars à Bruxelles. Dans la capitale belge, siège des institutions européennes, l'aéroport international, dont le hall des départs a été dévasté par une double attaque-suicide, est resté fermé hier. Une décision est attendue dans la journée sur sa réouverture très partielle, repoussée de jour en jour. Mais une reprise totale prendra «des mois», a prévenu la société gestionnaire Brussels Airport. Nouvelle illustration du difficile retour à la normale, la circulation dans le métro bruxellois également frappé par un kamikaze, censée reprendre complètement hier, est finalement toujours limitée: le Conseil national de sécurité a jugé que tout changement était prématuré. Les attentats, les plus meurtriers depuis 1945 en Belgique, ont fait 32 morts et 340 blessés, dont 94 toujours hospitalisés. Quarante-neuf blessés étaient encore aux soins intensifs mardi soir. Toutes les personnes décédées ont été identifiées. Parmi elles, 17 Belges mais aussi, dans cette ville cosmopolite au coeur de l'Europe, de nombreux expatriés et voyageurs de 13 nationalités différentes. L'enquête sur les attentats à Bruxelles, perpétrés par le même réseau du groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui a tué 130 personnes le 13 novembre à Paris, se concentre toujours sur le principal suspect en fuite. La police recherche «l'homme au chapeau», repéré sur des images de vidéosurveillance à côté des deux kamikazes de l'aéroport et qui a abandonné sa valise piégée avant de prendre la fuite. Les enquêteurs disposent aussi d'un nom, ou plutôt d'un faux nom: les empreintes d'un homme connu sous la fausse identité de Naïm Al Hamed ont été retrouvées dans l'appartement de Bruxelles d'où étaient partis les assaillants de l'aéroport, et où des explosifs ont notamment été retrouvés. Les enquêteurs se demandent si ce suspect mystérieux est le troisième assaillant de l'aéroport, ou un autre fuyard. Naïm Al Hamed était notamment en lien avec Salah Abdeslam, suspect-clé des tueries parisiennes arrêté dans la capitale belge le 18 mars après plus de quatre mois de cavale. Une audience à huis clos est prévue aujourd'hui devant la justice belge sur le mandat d'arrêt européen émis à l'encontre d'Abdeslam par la France, qui demande son extradition. La procédure pourrait être rapide, le seul survivant des commandos du 13 novembre étant, sauf nouveau revirement, d'accord pour être remis à la justice française qui en attend beaucoup pour faire la lumière sur les attentats les plus meurtriers jamais commis en France. Parallèlement à cette enquête franco-belge tentaculaire, une autre affaire dévoile des ramifications européennes: celle du projet d'attentat «à un stade avancé» que Paris dit avoir mis «en échec» la semaine dernière en France. La garde à vue du principal suspect dans ce dossier, l'ex-braqueur français Reda Kriket, prenait fin hier après une durée exceptionnelle de six jours. Il pourrait être présenté à la justice française en vue d'une mise en examen. Dans le même temps, la justice néerlandaise, qui détient un complice présumé de Kriket, le Français Anis B, dont la France réclame l'extradition, devait se prononcer hier sur une éventuelle inculpation des trois hommes arrêtés dimanche soir en sa compagnie à Rotterdam. Une nouvelle opération policière a été menée dans la nuit dans cette ville de l'ouest des Pays-Bas, mais n'a débouché sur aucune nouvelle interpellation et aucune saisie d'armes, a annoncé le parquet national néerlandais.