La porte est ouverte à toutes les manipulations L'université de Tizi Ouzou renoue avec la contestation en cette veille de célébration du 36e anniversaire du Printemps berbère. A quelques jours du 20 avril, les tensions se font déjà sentir. Ce début de semaine, les étudiants observent que toutes les parties reviennent à la charge. Alors qu'un comité des étudiants a programmé une conférence de l'ex-député RCD Hakim Saheb, c'est à la direction d'interdire sa tenue, s'appuyant sur une instruction gouvernementale qui date de plusieurs années. La décision de la direction, bien qu'elle soit légale au vu de l'instruction, intervient à un moment où la tension est couplée à une tradition qui est la célébration du 20 avril. D'aucuns auront constaté que l'interdiction d'une conférence dans cette conjoncture est fortement déconseillée. Beaucoup d'étudiants s'interrogent d'ailleurs sur les motivations profondes de cette demande introduite pour, d'une part, l'organisation d'une conférence et d'autre part, son interdiction. Des étudiants considéraient hier que cela est une porte ouverte à toutes les manipulations en cette période guettée par toutes sortes d'aventuriers politiques. De leur coté, les enseignants du Cnes ont, comme par miracle, vu en cette conjoncture une occasion à ne pas rater pour arracher leurs droits. En effet, réunis avant-hier, ces derniers ont décidé d'entrer dans une grève illimitée afin de rappeler à l'administration qu'elle est indésirable. Les enseignants affiliés au Cnes n'ont pas vu que leur mouvement intervient à la veille de la célébration du Printemps berbère. Par ailleurs, parallèlement à ces raisons de la colère qui arrivent comme par enchantement quelques jours avant le 20 avril, l'université baigne dans un état chaotique. Ni les conditions pédagogiques ni celles sociales des étudiants ne se sont améliorées. L'insécurité à travers les campus ne fait que se généraliser alors que certaines facultés n'ont même pas effectué leur rentrée universitaire. Somme toute, l'université de Tizi Ouzou est méconnaissable. Enfin, notons qu'en cette veille de la célébration du 36e anniversaire du Printemps berbère, la maturité doit prévaloir au sein de l'université comme parmi les responsables. L'université de Tizi Ouzou a toujours été à l'avant-garde de tous les combats politique et identitaire. D'ailleurs, toutes ces luttes qui ont vu l'université de Tizi Ouzou aller au charbon commencent à donner leurs fruits. La pluralité politique qui règne aujourd'hui en Algérie a été l'une des revendications majeures du combat identitaire. C'est le même cas pour l'identité algérienne qui vient de consacrer tamazight comme langue nationale et officielle. N'est-ce pas que cette année, même la direction des affaires religieuses de la wilaya de Tizi Ouzou prend part à la célébration de cette date historique de l'Algérie contemporaine.