Les souscripteurs percevront 5% d'intérêt sur leur placement L'opération arrive dans un contexte entaché de doute et de discrédit. A moins d'une forte campagne d'information et de sensibilisation, qui fait affreusement défaut, cette opération pourrait connaître un échec cuisant, selon les experts. «Le e-paiement sera effectif à la fin du mois de juin» a déclaré le président de l'Abef, Boualem Djebbar, hier sur les ondes de la Chaîne 3.Il explique que les banques ont déjà entamé un travail laborieux dans ce sens, mais avant, il a fallu maîtriser la télécompensation entre les banques, lancée en 2006 et le système de payement par cartes de crédit. Pour les observateurs, cette échéance paraît quelque peu utopique, du fait qu'actuellement les banques croulent sous le poids d'un retard de modernisation presque irrécupérable, et se débattent encore dans des problèmes pour les simples opérations, occasionnant ainsi de terribles retards aux clients. Et ce, en plus d'un anachronisme cruel avec l'activité commerciale et économique, c'est précisément les raisons pour lesquelles les clients ne composent plus tellement avec les banques pour se développer. Ils estiment que la banque doit être un partenaire économique de tout instant, et non pas uniquement des guichets et des caisses. Et ce, en plus du fait, que l'évaluation et la prise de risque ne sont plus équitablement partagées. Les conséquences sont plus que visibles sur le terrain, il suffit juste de constater combien de temps mettrait un commerçant à décrocher un crédit bancaire et avec quel accompagnement. Dans ce sens, M.Djebbar, indique que le financement des entreprises reste un produit phare des banques et précise que le taux de croissance du financement de l'économie par les banques à atteint près de 15% par rapport à 2014, dont 48% ont été destinés au secteur privé. Pour revenir au lancement du e-paiement, le président de l'Abef précise que la première phase concernera les grands facturiers, tels que les fournisseurs d'électricité et d'eau, la téléphonie mobile, les compagnies de transport et d'assurances et les administrations. Cette phase sera immédiatement suivie par la généralisation de ce mode de paiement aux commerçants, «ce sont les transactions qui impliquent une livraison de marchandise contre le paiement, nous entrerons alors dans le e commerce, cela interviendra quelques mois après le lancement du e-paiement, ce qui nous amènera à la fin de l'année», précise M.Djebbar. A cet effet, une modernisation des pratiques bancaires s'impose et sera axée justement sur l'optimisation de ces opérations selon l'invité de la radio et consistera à généraliser la monétique de paiement de proximité par le biais des TPE(terminal de paiement électronique). Dans ce sens, les banques en collaboration avec la Banque d'Algérie multiplient leurs efforts pour convaincre les commerçants d'adhérer à ce système, et selon M.Djebbar les premiers mois d'expérimentation se sont avérés probants. Ceci étant, 4000 TPE ont été distribués, l'objectif à atteindre d'ici fin 2016, début 2017 est d'en distribuer près de 22.000. A ce sujet également, les observateurs demeurent sceptiques, et expliquent que pour l'heure les cartes de crédit distribuées ne servent qu'au retrait, ils s'interrogent réellement sur les délais de réalisation et de lancement du e-paiement et du e-commerce, et n'y voient qu'un effet d'annonce. Par ailleurs, à la veille du lancement de l'emprunt obligataire, le président de l'Abef, affirme que tous les organismes financiers concernés par l'opération sont fin prêts, il s'agit d'un moyen efficace pour diversifier les sources de financement des grands projets structurants, et permettre au citoyen de contribuer au développement du pays, à travers un crédit rémunérateur. Autrement dit, le citoyen comme l'Etat et la banque en bénéficieront, du fait que les souscripteurs percevront 5% d'intérêt sur leur placement, la banque en recevra 1% en commission, et l'Etat mobilisera les fonds pour financer les projets. D'une part, ce produit peut également contribuer à l'émergence d'une économie attractive hors hydrocarbures. Or, sur le terrain, les réactions sont mitigées et s'orientent plutôt vers une crainte de la part des banquiers qui redoutent un engouement des épargnants déjà existants, et non les grands détenteurs de l'argent de l'informel. D'autre part, pour les observateurs, une grande interrogation s'impose, comment l'Etat fera pour partager chaque année, les gains d'investissements avec les souscripteurs, alors que les projets pour lesquels cet argent sera utilisé s'étendent sur le long et le moyen terme? En somme, après les résultats timides qu'a connus l'opération de bancarisation de l'argent de l'informel et les déboires que connaissent les citoyens avec l'utilisation des cartes de crédit et les lenteurs administratives interminables pour l'obtention d'un simple crédit bancaire, l'opération de l'emprunt obligataire arrive dans un contexte entaché de doute et de discrédit. A moins d'une forte campagne d'information et de sensibilisation, qui fait affreusement défaut, cette opération pourrait connaître un échec cuisant, selon les experts.