Outre l'aspect «psychologique», la solution des ateliers est rejetée. La délégation du mouvement citoyen, engagée dans le dialogue avec le chef du gouvernement, reprendra aujourd'hui le chemin d'Alger, dans la perspective d'une rencontre demain avec Ahmed Ouyahia. Ce round est assimilé par de nombreux observateurs à un début effectif du dialogue pouvoir-archs, puisqu'il s'agira d'installer le fameux mécanisme censé mettre en oeuvre la plate-forme d'El-Kseur. Selon des sources proches de la délégation des dialoguistes, l'on s'acheminerait vers la mise en place d'une seule «commission paritaire» qui aura pour principale mission de dégager les voies et moyens à même d'appliquer sur le terrain les points portés dans la plate-forme d'El-Kseur. Nos sources qui défendent cette manière de procéder comme une hypothèse très probable, évacuent totalement la possibilité de l'installation d'«ateliers de travail», à l'image du premier dialogue que les dialoguistes d'aujourd'hui qualifient de «taïwan». Au plan psychologique déjà, le concept d'ateliers rappelle une période très décriée de l'histoire de la protesta en Kabylie. Conduit par Salim Alillouche, le dialogue dit «taïwan» avait débouché, rappelons-le, sur la mise sur pied d'une série d'ateliers qui ont conduit à l'introduction de Tamazight dans la Constitution en tant que langue nationale et le redéploiement des brigades de gendarmerie dans la Kabylie, en sus de l'indemnisation des familles de victimes du Printemps noir. Cette avancée dans la résorption de la crise de Kabylie, reconnue du bout des lèvres par certains délégués de l'interwilayas, est néanmoins critiquée pour son caractère aléatoire au sens où elle est basée sur une organisation quelque peu diffuse. Donc, outre l'aspect «psychologique», la solution des ateliers est rejetée, car, «elle n'apporte pas assez de garanties pour un déroulement efficace des pourparlers au sein de la commission paritaire», dit-on de mêmes sources. Ces dernières disent privilégier une démarche centralisée dans la gestion de la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, pour ne pas tomber dans les erreurs du groupe de Alillouche. La commission ainsi installée «dissèquera» la fameuse plate-forme point par point, y compris l'officialisation de Tamazight, la mise sous l'autorité d'instances démocratiques de tous les corps des services de sécurité et surtout le départ de toutes les brigades de gendarmerie de Kabylie. Autant de revendications qui amènent, de fait, les pouvoirs publics à faire montre d'imagination pour mettre effectivement en oeuvre la plate-forme d'El-Kseur. C'est dire la complexité du travail qui attend les membres de «la commission paritaire», dont la composante ne sera manifestement pas homogène. Des clashs, il y en aura sans doute. A ce propos, nos sources estiment que les problèmes qui peuvent survenir dans le cadre du fonctionnement de ladite commission, seront traités à un niveau politique entre la délégation des «dialoguistes» et le chef du gouvernement. Ainsi, le rendez-vous de demain est-il considéré par les membres de la délégation de l'interwilayas, comme celui qui donnera le coup de starter à la satisfaction effective des revendications du mouvement citoyen. Cela pour le processus du dialogue. En ce qui concerne l'application sur le terrain des «6 incidences», les mêmes sources affirment que la délégation y tient toujours et il n'est pas question d'attendre indéfiniment leur satisfaction par le gouvernement, notamment le départ des «indus élus», point sur lequel les délégués attendent un éclaircissement de la part d'Ouyahia, lors de la réunion de demain. «Nous tenons à cette incidence. Nous n'attendrons pas des années pour la voir satisfaite», insiste-t-on. Sur ce point précisément, les délégués veulent décrocher une échéance précise de la part du gouvernement. Pour ce qui concerne les autres ailes du mouvement citoyen, l'on apprendra de la bouche de Hakim Kacimi de la Coordination nationale du mouvement citoyen (Cnmc) que son organisation est en contact régulier avec toutes les sensibilités au sein des archs pour la réunification des rangs, dans le but d'éviter toute «interférence» du processus du dialogue. La Cnmc qui est en contact avec les pouvoirs publics a adopté cette démarche, après un «coup de gueule» au lendemain de la rencontre gouvernement-archs, la semaine dernière. Du côté des antidialoguistes, «les manifestations citoyennes» promises lors de leur conférence de presse, ne connaissent toujours pas de suite sur le terrain.