Le Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia recevra, aujourd'hui, la délégation du mouvement citoyen. Prévue initialement pour le mardi passé, ce troisième round de dialogue, dont le report a été décidé en raison de la visite officielle du président chinois dans notre pays, sera axée sur l'officialisation de la langue amazighe, objet de la suspension du précédent round. Les 24 délégués sont chargés par leurs pairs de l'interwilayas d'informer Ouyahia, qui s'exprimera au nom du premier magistrat du pays, de respecter son engagement, quant à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur sans négociation aucune. Ils lui réaffirmeront ainsi, le caractère «scellée et non négociable» de la plate-forme, qui n'admet aucune concession ou négociation sur le fond. Par conséquent, la revendication de l'officialisation de la langue amazighe demeure telle quelle, et ne peut aucunement être soumise à un référendum. Cette réponse claire et ferme de l'interwilayas, fortement médiatisée, est certainement arrivée à destination avant même l'ouverture de cette nouvelle rencontre. La délégation du mouvement citoyen, dont le champ de manoeuvre reste très réduit, aura pour mission, en plus de celles citées, d'écouter les réponses du Chef du gouvernement, qui, entre-temps, a eu à se concerter avec ceux qui l'ont mandaté pour ce dialogue avec les archs. Pour bon nombre de délégués «si le Chef du gouvernement apporte les réponses escomptées, nous continuerons le dialogue». Entendre par réponse escomptée l'évacuation de tout idée d'officialisation de tamazight par voie référendaire. S'il est attendu du Chef du gouvernement des concessions, force est de constater que les archs de leur côté n'ont rien fait pour donner toutes ses chances au processus de dialogue de se poursuivre. Dans sa réponse, l'interwilayas n'a fait que réitérer l'exigence telle que consignée dans le huitième point de la plate-forme d'El-Kseur et son rejet de l'option de référendum. L'idée de se contenter d'un engagement a-t-elle fait son bonhomme de chemin? Va-t-elle refaire surface à l'occasion de ce 3e acte du dialogue? On n'en sait rien pour le moment. Une chose est sûre, les deux parties doivent faire preuve de réalisme et de responsabilité en révisant leurs copies pour le bien de la région et du pays en général. Si les délégués insistent pour qu'Ouyahia abandonne toute référence au référendum, c'est que quelque part, une option de rechange pourrait être acceptée. D'où cet optimisme mesuré qu'affichent certains membres de la délégation, quant à la poursuite du processus de dialogue. Mais cela n'y est pas sans le scepticisme d'autres délégués qui ne croient pas à une évolution dans le discours du pouvoir. Pour ceux-là, la rupture est nécessaire. La rencontre d'aujourd'hui, sera-t-elle celle de la dernière chance? Les espoirs suscités par le lancement du processus de dialogue en vue de mettre fin à une crise qui n'aura que trop duré risquent-ils de voler en éclats? Tout est possible si les deux parties campent sur leurs positions. Le meeting de soutien que les archs initient parallèlement à cette rencontre à Tazmalt peut aisément être compris comme un test de mobilisation en vue de sonder la disponibilité citoyenne pour l'alternative de rejet de la prochaine électorale.