Au moins une cinquantaine de morts recensés lors du long week-end de l'Aïd dans divers attentats ciblant, en majorité, les chiites. A huit jours du scrutin, les attentats sont passés au surmultiplié en Irak où, chaque jour, les cadavres s'amoncellent dans les villes et villages du pays. Les principales victimes de ces attaques sont les chiites qui semblent ainsi constituer la cible privilégiée des différents groupes se réclamant de la résistance. Après les responsables politiques visés ces derniers jours, -comme la tentative d'assassinat perpétrée récemment contre le président du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak, Csrii, Abdel Aziz Al-Hakim-, les groupes armés semblent être passés à un assassinat de masse en ciblant hier un mariage chiite, causant la mort de douze personnes dont quatre enfants et une femme. Quinze personnes ont par ailleurs été tuées vendredi, lors de l'attaque à la voiture piégée contre une mosquée à Bagdad, après la prière de l'Aïd. Lors du long week-end de l'Aïd, une cinquantaine de personnes, dont plusieurs policiers et gardes nationaux ont été assassinées en Irak, donnant à voir qu'en Irak il n'y a pas eu de trêve des confiseurs, la situation sécuritaire devenant intenable à huit jours des élections générales, prévues le 31 janvier prochain. A l'approche du jour fatidique, les élections deviennent la préoccupation primordiale pour la commission électorale, indique le représentant de l'ONU en Irak, Carlos Valenzuela, selon lequel «Actuellement, la préoccupation la plus importante est la sécurité (des employés électoraux et des électeurs)» M Valenzuela ajoute: «La commission électorale veut voir la plus grande participation possible. Il est important que les Irakiens votent mais nous assistons à une campagne d'intimidation des électeurs et cela aura certainement un impact sur la participation». En effet, pour les Américains et le gouvernement intérimaire, il ne s'agit pas seulement pour les Irakiens de voter, il faut qu'ils le fassent en masse pour, à tout le moins, assurer le crédit de la consultation électorale. Et de fait, tout tourne autour de la participation électorale de laquelle dépendent en grand partie les contours de l'Irak futur. M.Valenzuela assure par ailleurs que «les conditions sont loin d'être idéales mais cela ne disqualifie pas ces élections» indiquant: «Je sais qu'il y aura de la violence avant les élections et probablement pendant l'élection. Mais je ne pense pas que cela disqualifiera le scrutin». De fait, les élections sont devenues une condition sine qua non de clarification de la donne irakienne. Une grande participation populaire consacrerait l'échec des groupes armés à imposer leur loi aux Irakiens, et donnerait toute latitude à la future Assemblée irakienne provisoire de mettre au point les textes institutionnels d'un Irak démocratique, sans pour autant signifier la fin de la violence en Irak. En revanche, une participation électorale insignifiante, signerait le revers de la politique américaine en Irak et de ses hommes liges du gouvernement provisoire, ouvrant a contrario, grandes les portes vers l'inconnu pour un pays, ballotté entre chaos et désastre depuis l'invasion armée américaine en mars 2003. La recrudescence de la violence, ces dernières semaines, entre en droite ligne dans le bras de fer auquel se livrent les forces armées américaines et les groupes djihadistes, dont notamment celui d'Abou Moussab Al-Zarqaoui, ennemi public numéro 1 des Etats-Unis en Irak. En concentrant ses attaques contre les chiites, Al-Zarqaoui -qui revendiqua la plupart des attentats contre cette ethnie- veut provoquer, estime Abdel Aziz Al-Hakim, le chef du Csrii, selon lequel il est «évident que ceux qui commettent les attentats (contre les chiites) veulent créer des dissensions confessionnelles». C'est une explication mais sans doute pas toute l'explication à ce qui se passe actuellement dans un pays marqué par les carnages récurrents de ces dernières semaines. Au plan des otages, si l'on reste sans nouvelles du sort de la journaliste française, Laurence Aubenas, disparue depuis trois semaines avec son interprète irakien, en revanche, elles sont meilleures pour les huit otages chinois libérés hier. Une libération confirmée le même jour, par l'agence Chine nouvelle, qui a indiqué, sans autres précisions, que «l'ambassade de Chine en Irak a confirmé que les huit otages chinois détenus par des insurgés irakiens depuis mardi ont été libérés».