Les prix du pétrole ont reculé hier en cours d'échanges européens, le marché restant prudent avant la réunion des grands producteurs de pétrole à Doha et après le refus de l'Iran d'y participer. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 43,19 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 65 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mai lâchait 70 cents à 40,80 dollars. Les cours du Brent et du WTI, après avoir nettement progressé en début de semaine, semblaient engagés depuis mercredi dans une phase de consolidation, se montrant de plus en plus prudents et volatils à mesure que l'échéance de la réunion de Doha approche. «Les prix du pétrole temporisent» avant la réunion de demain, relevaient les analystes de Commerzbank, qui précisaient qu'il ne fallait s'attendre à aucune forte fluctuation de prix hier «étant donné que les acteurs du marché ne sont guère susceptibles de prendre de nouvelles positions aussi près de la réunion». De son côté, Joe Rundle, analyste chez ETX Capital, relevait que «la volatilité du marché continue alors que les investisseurs sont ballottés par des informations contradictoires quant à savoir si les plus gros producteurs mondiaux de pétrole sont prêts à réfréner leur production lors de la réunion de Doha ce dimanche». Selon les observateurs, si le marché espère que cette rencontre débouche sur un accord ambitieux de stabilisation de l'offre entre les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont l'Arabie saoudite, et d'autres qui lui sont extérieurs, notamment la Russie, il ne peut non plus ignorer que les chances sont minces de voir aboutir un accord qui pourrait réellement réduire l'offre excédentaire pesant actuellement sur le marché. D'autant que les déclarations successives de l'Arabie saoudite, de la Russie et de l'Iran ont ajouté à l'incertitude générale quant à la possibilité de parvenir à un accord de gel de la production même sans la participation de Téhéran, qui ne compte pas envoyer son ministre du Pétrole à la réunion. Le porte-parole du ministère iranien du Pétrole, Akbar Nematollahi a rappelé hier que son pays ne participera pas à la rencontre de Doha. «L'Iran a déjà annoncé qu'il ne peut pas se joindre au plan pour stabiliser les prix du pétrole tant qu'il n'aura pas retrouvé son niveau de production et d'exportation d'avant les sanctions», a-t-il déclaré précisant que le représentant de l'Iran au sein de l'Opep Hossein Kazempour Ardebili sera néanmoins présent à Doha. «Les prix du pétrole sont instables et les informations selon lesquelles le ministre iranien des Finances ne va pas prendre part à la réunion de Doha» a pesé sur les cours, notait Brenda Kelly, analyste chez London Capital Group. «La confusion est à son comble et il est difficile de savoir si nous allons voir les producteurs de pétrole s'entendre pour limiter leur production. L'Arabie saoudite, en tant que producteur d'appoint (qui peut facilement augmenter ou baisser sa production pour s'adapter aux fluctuations de la demande, ndlr), est la clé, mais il a dit clairement qu'il n'agirait que si l'Iran se joint à la fête. Le pétrole c'est comme le Far West, personne ne veut baisser son arme en premier», poursuivait M.Rundle. De leur côté, les analystes de Commerzbank prévenaient également que leurs attentes concernant la réunion de demain étaient faibles. «Même si un accord sur des plafonds de production devait être atteint, cela n'inclura probablement aucun chiffre concret ni aucune obligation, sans parler des sanctions à appliquer en cas de non respect (des engagements)», précisaient-ils, exprimant un scepticisme partagé par la plupart des observateurs.