Les regards, désormais, sont braqués sur le chef de l'Etat pour voir s'il acceptera d'assumer la présidence du plus important parti du pays. Les spéculations, comme il fallait s'y attendre, vont bon train sur les «raisons véritables», supposées ou réelles, qui ont motivé le report de quelques trois jours du 8e congrès du FLN, dit rassembleur. Les raisons officielles, invoquées dans le communiqué, sont en tout cas fort éloignées de la réalité, puisque s'il était véritablement question de laisser aux délégations le temps d'arriver à Alger, les quatre jours de délai qui séparaient encore la publication du communiqué de la date initiale du congrès étaient en effet, largement suffisants pour permettre à tout le monde, même les délégués du Grand Sud, d'arriver à temps. C'est du moins ce que nous ont déclaré des membres de la commission nationale de préparation du congrès selon lesquels «il faudrait au contraire chercher les causes de ce report de quelques jours à peine dans le fait que plusieurs wilayas, une dizaine croit-on savoir, n'ont pas appliqué les consignes très strictes d'Abdelaziz Belkhadem, concernant la réunification des rangs». Dans ces régions, en effet, les mouhafedhs et les coordinateurs ont refusé de s'entendre sur un seul responsable, ce qui a maintenu un «bicéphalisme» avec le risque que ces wilayas se présentent le jour «J» avec deux délégations distinctes. Une pareille éventualité, selon nos sources, «est à proscrire absolument puisque le Fln, lors de ce congrès, veut refléter l'image d'un parti qui a définitivement dépassé sa crise, et qui prône la réconciliation dans ses propres rangs avant d'aller la prêcher dans le cadre de l'imminente campagne référendaire». Ce qui a motivé ce report, en premier lieu, c'est d'essayer de profiter de ces précieux jours, aussi peu nombreux soient-ils, pour tenter de colmater les brèches et de réconcilier les frères-ennemis. Les ténors du parti, y compris Abdelaziz Belkhadem lui-même, sont ainsi appelés à la rescousse. Les 14 ministres du FLN doivent ainsi sillonner le pays durant ces quatre jours dans le but de provoquer le déclic, quitte à oublier un tant soit peu les vieilles rancunes en attendant que passe le congrès. C'est du moins ce que nous confirment des sources concordantes, qui ajoutent que «le parti ne peut en aucune façon risquer qu'un quelconque dérapage se produise alors que le président Bouteflika est convié à prendre part à ces assises en qualité de congressiste». La commission des statuts du FLN a, faut-il le rappeler, pris la décision révolutionnaire d'instituer le poste inédit de président du parti. Son détenteur, jouissant de prérogatives autrement plus larges que celles du secrétaire général classique, doit être élu par les quelques 2500 congressistes attendus à la Coupole du Complexe olympique du 5-Juillet. Si le président Bouteflika laisse planer le doute sur la décision finale qui sera la sienne par rapport à l'acceptation ou pas de ce poste, Abdelaziz Belkhadem, pour sa part, y croit fermement. C'est du moins ce qui est ressorti de l'entretien qu'il nous a accordé récemment en exclusivité. Toujours est-il que les moments qui séparent encore les militants du FLN de leur congrès rassembleur seront pour les organisateurs, les élus et les cadres les jours les plus longs. Belkhadem fait face à une véritable gageure, qui est celle de réussir en un laps de temps très court ce qui n'a pas été fait en presque deux années de crise. Certes, le FLN, qui a habitué tout le monde à des rebondissements spectaculaires, et qui renaît régulièrement de ses cendres tel le phénix de la légende, peut fort bien relever avec succès cet énième défi qui se pose à lui. Pour s'en convaincre, il suffit de revenir aux propos récemment tenus par Abdelaziz Belkhadem en présence de Amar Saïdani, à l'occasion de la conférence des élus du centre tenue la semaine passée à Blida. Belkhadem, qui ne cache plus la volonté de son parti, majoritaire au niveau de l'ensemble des assemblées élues, de jouer désormais le premier rôle. Il en sera ainsi aussi bien pour la conduite de la campagne référendaire en faveur de la réconciliation nationale et de l'amnistie générale, que d'une présence plus «marquée» et «remarquée» au niveau du gouvernement où ce parti détient pas moins de 14 portefeuilles ministériels.