Chaque parti de l'Alliance présidentielle revendique, chacun de son côté, une certaine légitimité à exercer le pouvoir. L'imminence d'un remaniement gouvernemental, annoncé à maintes reprises de manière officieuse, se justifie par la nouvelle configuration politique induite par le retour en force d'un FLN redressé et un MSP qui, de plus en plus, reprend du poil de la bête. Cela face à un RND toujours discipliné et très en phase avec la politique du président de la République. Les spéculations vont bon train sur cette question. En tout cas, les trois formations politiques qui composent l'alliance présidentielle, revendiquent, chacune une certaine légitimité à exercer le pouvoir. Cela dit, moeurs politiques algériennes obligent, la force et les ambitions de chaque parti se mesurent à son parcours vis-à-vis de la démarche de Bouteflika depuis son accession à la tête de l'Etat. Force est de reconnaître que la concurrence entre les trois alliés n'est pas à écarter, d'autant plus que ce remodelage déterminera la force de chaque formation politique, mais aussi le rôle joué au sein des institutions et des instances officielles. Même si le mouvement de Bouguerra Soltani ne le revendique pas ouvertement, et même s'il ne cesse de tenir son «fameux» double-langage, son soutien indéfectible au président n'est, sans nul doute, pas à sens unique. Sinon, à quoi bon soutenir un programme présidentiel qui n'arrête de prendre le MSP à contre-pied en mettant en oeuvre des chantiers contradictoires à sa vision politique. Les choses sont très claires en fait. En fermant les yeux sur la réforme du système éducatif et le code de la famille, pour ne citer que ces deux chantiers, le successeur du défunt Nahnah regarde plutôt plus loin que le bout de son nez. Même chose pour le Front de libération nationale qui a retrouvé ses forces à la suite du fameux congrès réunificateur, mais qui bénéficie présentement d'une majorité parlementaire des plus avantageuses. Le secrétaire général de cette formation qui tient parallèlement les commandes de la diplomatie algérienne ne compte pas laisser le FLN se prendre au filet d'une formation toujours sous le choc d'une crise qui a duré plus longtemps qu'il fallait. D'ailleurs, le gouvernement actuel s'est fait jour dans des conditions peu favorables pour la sélection de l'ex-parti unique, mais dans une atmosphère qui était plutôt propice à l'émergence du Rassemblement national démocratique qui, aux yeux du président Bouteflika, constituait à l'époque, le parti le plus discipliné dans le paysage politique. La force de conviction et le poids de chaque formation comptent beaucoup pour son avenir politique. A l'heure actuelle, les trois formations alliées ont beau jeu de soutenir la vision présidentielle, mais «l'insatisfaction» du président par rapport à certaines missions pourrait cependant déstabiliser cet équilibre. Par ailleurs, l'affirmation de chaque parti comme une force de proposition et de responsabilité à même d'assumer certains portefeuilles lourds, ne peut se fonder sur l'inertie politique patente qui se cache, très souvent aujourd'hui, derrière «des opérations de séduction» trop médiatisées. En tout état de cause, le dosage partisan de la prochaine équipe gouvernementale renseignera sur les véritables rapports de force qui existent au sein du sérail, à la lumière de la nouvelle donne politique que connaît le pays. Une chose est sûre, en tout cas, le RND a encore la confiance du président de la République, pour la simple raison que les deux autres formations de l'alliance ont mis un bémol à leurs ambitions sur l'Exécutif. Ahmed Ouyahia a réussi une belle opération en maintenant son parti aux commandes de l'Exécutif, malgré une présence loin d'être majoritaire au sein du Parlement. Il est clair que les trois formations de l'alliance n'agiront pas comme une seule formation politique, mais l'existence même de ladite alliance donne à Ouyahia une très confortable majorité à l'APN pour faire passer son programme.