Déterminée à braver l'interdit, la Coordination intercommunale de cette wilaya est décidée, pplus que jamais, à maintenir l'appel à la marche d'aujourd'hui. Des affiches de cette Coordination sont placardées, depuis samedi dernier, à travers toute la wilaya, appelant les citoyens à se rendre massivement à Alger. A l'issue de la réunion de Seddouk, la Coordination intercommunale, qui a été consacrée à l'aspect technique de la marche, une commission de préparation a été mise sur pied. Cette dernière est chargée de l'organisation de la manifestation. A cet effet, tous les fourgons et bus de la région ont été mis à la disposition des citoyens. Les couvertures sécuritaires et sanitaires, elles aussi, n'ont pas été omises. Le programme étant fin prêt, les slogans de cette manifestation comportent entre autres : la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur et l'annulation du Festival mondial de la jeunesse. Ces revendications semblent indiscutables, de par la mobilisation des citoyens qui, apparemment, est plus qu'importante. Les aspects techniques de la marche, arrêtés lors de la réunion interwilayas de Boghni, ont été respectés et il a été convenu qu'au cas où la marche serait empêchée, des sit-in seront observés sur les lieux où les marcheurs seront bloqués. La Coordination interwilayale aimerait faire de cette marche, une manifestation nationale, populaire et surtout pacifique. Des instructions ont été données aux manifestants, afin qu'ils observent les règles de conduite envisagées et qu'ils ne répondent à aucune provocation. Des comités d'accueil orienteront les marcheurs dès leur arrivée à Alger. La vigilance a donc été renforcée, afin d'éviter tout dérapage. En outre, la ville de Béjaïa s'apprête à vivre, parallèlement à cette manifestation, une journée de grève générale. Il est à noter aussi que malgré le calme apparent, l'été 2001 à Béjaïa coïncide avec une période de deuil. Le printemps noir traîne encore ses séquelles, et d'aucuns se disent outrés par l'organisation du Festival de la jeunesse en de telles circonstances. «Par décence, l'Etat aurait pu l'annuler ou le reporter», nous disent certains. D'autres estiment que la marche du 8 août aura l'impact international escompté. Les ârchs, de leur côté, ont, déjà, et à maintes reprises, appelé au boycott de ce festival. «Nous marcherons quand même, nous dira un jeune homme, malgré l'interdiction de cette manifestation... Nous agirons en tant qu'Algériens jaloux de leur algérianité et nous rendrons hommage par-là même à tous nos martyrs.» La veille de cette manifestation, plusieurs barrages ont été dressés au niveau des Routes nationales menant vers Alger, Tizi Ouzou, et au niveau de la côte Est. Des automobilistes signalent la fouille de leur véhicule, et, de par ce fait, d'interminables bouchons se sont formés sur les routes. A l'approche de la rentrée sociale, Béjaïa s'apprête à vivre ce 8 août comme un événement qui déterminera la réussite ou l'échec des revendications. Certains doutent fort de la réussite de cette manifestation, et craignent, à plus d'un titre, la reprise des émeutes. «Le sang a déjà trop coulé», nous dira-t-on. «Seul le dialogue... un dialogue franc et direct pourra, peut-être, venir à bout de cette situation qui n'a que trop duré...». D'autres, plus optimistes, espèrent un dénouement heureux.