L'Europe doit protéger ses frontières si elle ne veut pas être soumise au «chantage» de pays voisins, a estimé le président du Conseil européen Donald Tusk dans une tribune publiée hier, à la veille d'une visite en Turquie.«Personne ne va protéger nos frontières à notre place. On ne peut remettre les clés de notre territoire» à des pays tiers, écrit-il dans le quotidien français Le Figaro. «Cela vaut pour la Turquie comme pour les Etats d'Afrique du Nord». «Notre impuissance susciterait la tentation de faire chanter l'Europe», met en garde Donald Tusk, qui doit se rendre dans la ville de Gaziantep (sud) avec la chancelière allemande Angela Merkel dans le cadre du suivi de l'accord UE-Turquie sur les migrants. Cet accord prévoit le renvoi vers la Turquie des migrants arrivant de manière irrégulière sur les îles grecques, y compris les demandeurs d'asile. En contrepartie, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, l'UE accepte d'en «réinstaller» un autre depuis la Turquie, dans la limite de 72.000. Pour le président du Conseil, cet accord «montre que l'Europe doit fixer des limites claires à ses concessions. On peut négocier sur de l'argent, mais jamais sur nos valeurs». «Nos libertés, y compris la liberté d'expression ne feront l'objet d'aucun marchandage politique avec quelque partenaire que ce soit. Ce message doit être également entendu par le président Erdogan», insiste Donald Tusk. La Turquie a demandé des poursuites après deux satires télévisées allemandes visant le président Recep Tayyip Erdogan.