«L'ordre sera préservé et la loi rigoureusement appliquée», selon le chef du gouvernement. «Nous barrerons la voie aux manipulations actuelles de rentiers et de politiciens à la suite de la récente augmentation des marges des prix des produits énergétiques. Nous sommes navrés pour les jeunes arrêtés , mais nous rappelons à l'opinion que l'ordre sera préservé et la loi rigoureusement appliquée». Le chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, a fait cette mise au point hier, lors de son intervention à l'occasion de la cérémonie d'installation des conseils d'administration des agences minières et de la Commission de régulation de l'électricité et du gaz, organisée au siège social de Sonatrach à Hydra. L'Exécutif a donc décidé de rompre le silence pour réagir à la grogne qui a fait tache d'huile dans plusieurs wilayas du pays au lendemain de l'augmentation des prix des carburants. Dans un discours ne souffrant aucune équivoque, Ouyahia affirme que les manifestations enregistrées notamment, à Djelfa, Bouira, Tiaret, Maghnia, Ouargla ou bien Sidi Bel Abbès sont loin d'être des mouvements spontanés qui protestent contre l'augmentation des tarifs du transport. Les frondeurs sont bel et bien manipulés. Quelle est l'identité et quels sont les objectifs de ces «manipulateurs»? Ouyahia n'en dit pas long sur cette question, préférant réaffirmer la volonté de l'Etat de «barrer la voie aux arguments fallacieux de ceux qui tentent d'aller à contre-courant de l'histoire, soit par simple dogmatisme politique, soit, plus grave encore, parce que les intérêts rentiers ou spéculateurs sont dérangés par les réformes». Afin de conforter la position du gouvernement, M.Ouyahia s'est vu obligé de faire quelques rappels ; un flash-back s'impose dès lors pour justifier ses nouvelles orientations économiques. A ce sujet, il rappelle que les marges des prix des produits énergétiques «n'ont pas connu de changement depuis sept longues années». L'augmentation est vue, selon lui, comme un recours inéluctable qui vise, contrairement aux apparences, à contribuer à la paix sociale. Etayant son argument, le chef du gouvernement se réfère à «l'expérience amère des hausses tardives mais énormes des prix du pain et du lait dans les années, quatre-vingt-dix».«Le citoyen doit aussi comprendre les enjeux réels et savoir que le populisme est toujours victime de ses propres limites», ajoute-t-il. La page du populisme tournée, l'Etat sera dorénavant plus pragmatique dans l'élaboration de sa politique économique, fait savoir Ouyahia. Dans ce chapitre, il a laissé entendre que le gouvernement ne reculera pas dans ses réformes engagées dans plusieurs secteurs. «D'aucuns n'ignorent combien aura été douloureuse la facture payée par la nation aux retards accumulés dans les différentes réformes incontournables. C'est dire combien sont indispensables aujourd'hui, la mise en place et le succès des réformes engagées par l'Algérie», ajoute-t-il. Le pays n'a pas le droit à l'erreur, tout retard ne sera que préjudiciable à l'économie nationale et menacera, de surcroît, la paix sociale. «Notre pays a malheureusement connu de graves retards dans la réalisation de la transition nécessaire, retards qui nous ont coûté une facture douloureuse», «parce que le pays n'était plus en mesure de faire face aux besoins de sa population, ajoute t-il, nous nous sommes retrouvés exposés à la déstabilisation, à la manipulation de notre jeunesse, au terrorisme, à l'assassinat et à la destruction.» Une approche, pour rappel, soutenue par le président Bouteflika, estimant que c'est la pauvreté et l'injustice sociale qui ont amené des centaines de jeunes à rejoindre les maquis. Les réformes défendues par Ouyahia et initiées par le président de la République «sont indissociables de l'attachement permanent de l'Algérie à la justice sociale et à la solidarité nationale». Un message qui se veut rassurant et que Ouyahia se devait de répéter à l'endroit de l'opinion nationale «pour dissiper les craintes de ceux qui sont sincères dans leur appréhension des changements et d'abord les travailleurs». C'est par ces réformes que l'entreprise gagnera en efficacité, en rentabilité et en compétitivité. C'est par une telle approche que le budget public disposera des ressources nécessaires pour faire face davantage à la politique sociale du pays, à la modernisation de l'enseignement et de la santé, à l'amélioration du service public et des infrastructures de base. «Enfin c'est par cette clarification des rôles et des missions entre l'Etat et l'entreprise», que notre pays pourra mobiliser davantage le capital étranger pour l'associer à son développement. Ce sont là, les arguments de l'Exécutif. Seront-ils suffisants pour convaincre un front social en pleine effervescence?