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Au digne fils de l'Algérie et à son engagement
HOMMAGE À ROGER HANIN À LA CINEMATHÈQUE ALGERIENNE
Publié dans L'Expression le 25 - 04 - 2016

«Cette décision de revenir dans la terre qui a vu naître sa famille, a eu un impact considérable sur les relations algéro-françaises et l'opinion algérienne» a déclaré Bernard Emié, l'ambassadeur de France.
Beaucoup d'émotion a régné ce samedi à la Cinémathèque algérienne. Et pour cause! Un événement bien spécial a eu lieu, à savoir l'hommage au grand humaniste, le réalisateur et acteur Roger Hanin décédé le 11 février 2015. Pour commémorer la mémoire de ce grand homme, fils de l'Algérie, qui a toujours combattu pour son indépendance, pour les idées libres et contre le racisme, l'Institut français d'Alger a décidé de lui rendre hommage, après concertation avec sa famille, à travers une série de projections-débats de ses films.
La soirée inaugurale a eu lieu samedi dernier en présence de la fille de Roger Hanin, ses amis et tous ceux qui l'ont apprécié de près ou de loin. Dans son allocution d'ouverture, l'ambassadeur de France, Bernard Emié a tenu à rappeler- tout comme certains présents dans la salle - le grand attachement qu'avait Roger Hanin à l'Algérie, «cette immense personnalité française qu'était Roger Hanin, cet élément de notre patrimoine national», fait- il savoir et de souligner: «On a tous vécu, pleuré, ri avec Roger Hanin. Et lorsqu'il décida l'an dernier, de se faire enterrer en Algérie, cette décision de revenir dans la terre qui a vu naître sa famille, où son père est enterré, a eu un impact considérable sur les relations algéro-françaises et l'opinion algérienne. Durant les obsèques au cimetière de Bologhine, nous avions dû, pour des raisons de sécurité, fermer le cimetière, des centaines d'Algérois étaient là et ont regretté de ne pas avoir pu être autour de la famille même et qui, dès que les grilles se sont ouvertes se sont précipités pour rendre hommage à Roger Hanin. Je souhaite remercier les autorités algériennes, la Présidence, toutes et tous ceux qui se sont engagés pour faire de ce moment non seulement un moment, de recueillement, mais aussi d'émotion, un moment de partage, de partenariat et d'amitié entre nos deux pays. Roger Hanin est chez lui ici. A l'Institut français, on a considéré en effet qu'il fallait un an après, organiser une rétrospective autour de son oeuvre, autour de cet acteur, homme de théâtre. Sur plusieurs journées, tout une série d'événements va être organisée (programme en encadré). Nous voulons faire cette rétrospective pour célébrer tous ensemble à la fois l'oeuvre et tout l'héritage de Roger Hanin. Merci aussi à la Cinémathèque algérienne d'avoir organisé cette très belle exposition autour de Roger Hanin dans le hall...»
«Soleil, le film le plus personnel de mon père»
Prenant la parole, à son tour, Isabelle, la fille de Roger Hanin, avouera d'emblée être «très émue et fière d'être ici dans cette ville d'Alger qui est tellement symbolique et importante pour notre père», dira-t-elle et de remercier à son tour, à la fois, l'ambassade de France qui a pris cet événement à bras-le-corps et le président de la République algérienne Abdelaziz Bouteflika. Et puis, quelques mots sur le film projeté dans la soirée. Soleil est son nom. Un film réalisé en 1997, autrement dit en pleine période de terrorisme d'où le fait qu'il ait été tourné au Maroc.
«C'est le film le plus personnel de mon père. C'est son dernier film. Pour la première fois où j'étais avec lui pendant deux semaines- matin midi et soir- sur le tournage, ceci est pour l'anecdote et je peux vous dire qu'avec la vie trépidante qu'il avait, ce n'était pas toujours ça. Surtout que mes enfants étaient là. Ça a donc été une vraie connotation pour moi.»Et de faire remarquer à l'assistance: «Dans ce film ça raconte son enfance, pauvre mais heureuse, entourée des siens, de ses soeurs, et avec sa passion, son insouciance, son grand goût de la vie, mais aussi de la guerre avec l'antisémitisme dont il a été victime. Son incompréhension quand il a été renvoyé du lycée. Et l'humiliation d'avoir eu à dire qu'il avait honte de s'appeler Levy. Ceci a forgé à tout jamais son engagement. Son engagement contre l'antisémitisme et le racisme. Le film Train d'enfer en est une vraie démonstration... Un engagement tant politique que sociétal contre toute forme de discrimination pour la différence trouve réellement son origine dans son enfance et son adolescence, dans cette belle Casbah d'Alger. Mais surtout ce film est une ode et une déclaration d'amour pour sa mère. Un amour inconditionnel qu'il avait pour elle, elle était vraiment sa boussole, son exemple et il disait souvent je ne pense pas que j'ai été un mari ni un père, mais j'ai été un fils...».
Evoquant les raisons qui ont poussé son père à faire ce film personnel et très intime, Isabelle Hanin affirme que son père qui avait réalisé ce film en dernier, avait sans doute besoin «de se raconter, de raconter son enfance, cet amour extraordinaire mais aussi, par rapport à son père, il s'est rendu compte assez tard qu'il n'avait pas été un bon fils, car il pensait qu'il avait donné son amour à sa mère». Et de préciser: «Je pense qu'à un certain âge on a besoin de revenir et de se préparer...» et de confier qu'elle n'a pas connu pour sa part la pauvreté, mais son père voulait à chaque fois qu'elle dépense tout.
Un engagement politique et sociétal
Et de renchérir: «Son enfance a conditionné tout, y compris ses engagements. Il disait que les riches donnent, les pauvres partagent. Il avait besoin de partage. Justement lui qui a vécu à la Casbah, les Arabes et les juifs partageaient. C'était quelque chose qui était vraiment ancrée en lui. Il fallait donner pleinement. Mais ne pas vivre petitement. Vivre c'est ce qui a caractérisé sa vie dans toutes les formes d'excès possible. Il avait vraiment envie de faire ce film. Je l'ai connu nerveux sur les autres films. Mais là, non. Au contraire. Arrivé un moment, je pense qu'il avait besoin de laisser cette trace. Tout artiste veut laisser une trace par une oeuvre, mais tout être, à un certain âge veut transmettre, et pour lui c'était important. Evoquant la superbe actrice Sophia Loren qui joue le rôle de la mère, Isabelle Hanin se félicitera que l'actrice ait accepté tout de go de camper ce rôle car elle-même a connu la pauvreté dans les rues de Naples. «Elle a connu sa mère mendiante. Elle se reconnaissait tellement dans cette vie même si elle n'a pas vécu en Algérie, mais à Naples.». Répondant à nos questions brièvement, Isabelle Hanin nous fera savoir que son père leur parlait tout le temps de l'Algérie. «De son enfance. Il revenait souvent. Je suis venue une fois avec lui. C'était en 2006. La seule médaille et récompense qu'il a acceptée est la distinction donnée par le président Bouteflika. Il n'a pas accepté la Légion d'honneur française.» Revenant sur le métier qu'il rêvait d'exercer dans le film une fois passé à l'âge adulte, Isabelle Hanin nous expliquera que «dans n'importe quelle famille pauvre, la réussite c'est soit devenir avocat ou médecin, le summum».
D'ailleurs, il a commencé par faire pharmacie et pour gagner de l'argent, il a rencontré des potes et il a commencé à faire acteur. Au début c'était vraiment pour pouvoir vivre à Paris car ce n'est pas avec sa bourse qu'il pouvait le faire. L'amour du cinéma est venu petit à petit. «Comment vivre avec un père artiste?», lui a-t-on demandé et notre interlocutrice de répondre:
«Un père connu surtout! Comme tous les artistes, ils sont dans leur monde. Ils sont très dans leur univers et en plus à chaque fois il ne m'appartenait plus beaucoup quand on était dehors.» S'agissant de l'amour de l'Algérie, Isabelle Hanin reconnaîtra enfin à propos de la transmission de cet attachement à la terre mère: «De toute façon, quand on aime quelqu'un, eh bien on aime tout ce qu'il aime!», finit-elle par nous confier. Enfin, pour Isabelle Hanin, c'était, très clair pour lui, vers la fin de sa vie il voulait se faire enterrer en Algérie, même s'il n'y avait ni le corps de sa femme ni celui de sa mère là-bas. Mais c'était un choix mûrement réfléchi. Pour info, Hanin qui veut dire en arabe douceur, évoque en fait le nom de sa mère Victorine.
«Quand il a commencé à faire acteur, il a pris le nom de sa mère.» Un échange bien convivial s'est poursuivi avec le public après la projection du film où il a été question entre autres du combat contre le racisme de Roger Hanin. «Tout son combat était marqué par cette envie que les juifs et les Arabes doivent vivre ensemble. Car il l'a vécu toute sa vie dans son enfance et il ne comprenait pas pourquoi cela ne puisse pas l'être. Il a eu assez de procès, anti-FN», achèvera de dire Madame Isabelle Hanin.
Dans ce film bien tendre, vu par le regard d'un enfant, on découvre en effet un garçon aimant, entouré de sa famille et une mère qui essaye d'élever seule ses nombreux enfants dignement et faire tout son possible afin qu'ils n'aient besoin de rien, quitte à faire quelques sacrifices, laisser travailler ses enfants, quand le père, juif, est resté à Paris et ne peut les voir. Entre la précarité et la débrouille, le film est truffé de scènes drôles et touchantes qui rappellent la candeur de l'âge de l'insouciance, comme on aimerait tous parfois y retourner.


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