- Le P-DG de la Cnan sous mandat de dépôt. - Le P-DG de l'Epal en liberté provisoire. Le P-DG de la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan) M. Ali Koudil, ainsi que quatre (04) de ses cadres, en l'occurrence le super intendant du navire Béchar, son directeur technique, le divisionnaire technique et le commandant du Batna ont été mis sous mandat de dépôt, a-t-on appris hier de sources concordantes. En outre, d'autres personnes ont été mises en liberté provisoire après avoir été entendues par le procureur de la République, ajoutent les mêmes sources. Cette affaire qui, faut-il le souligner, a fait boule de neige, remonte à la triste nuit du 16 novembre, jour du drame survenu au port d'Alger et consistant en le naufrage du navire Béchar et l'échouage du Batna, faisant ainsi 16 morts et 4 disparus. Au lendemain de l'incident, les commandants de bord des deux cargos, en l'occurrence MM. Lakel et Chabani, ont animé un point de presse, accusant les instances dirigeantes de la Cnan d'être au courant de l'état jugé catastrophique dans lequel les deux navires se trouvaient. Des critiques au vitriol ont fait, rappelons-le, le thème de la conférence. Les divulgations ont été négativement perçues par le P-DG de la Cnan et le conflit entre les deux parties antagonistes a dégénéré en polémiques. C'était, sans l'ombre d'un doute, un avant-goût de ce que sera la suite des évènements. Le premier responsable de la Cnan avait tendance à incriminer l'équipage en tirant à boulets rouges sur les commandants des deux navires et en mettant en cause l'absence du commandant et du mécanicien chef à bord du navire Béchar. En outre, le directeur de la Cnan rejette en bloc les révélations communiquées par les commandants Lakkel et Chabani. M.Koudil est allé jusqu'à l'extrême de la polémique en qualifiant le Snommar (Syndicat des officiers de la marine marchande) de «syndicat nébuleux constitué de marins revanchards». Côté pouvoirs publics, une commission d'enquête technique et administrative a été diligentée par le ministère des Transports afin de faire toute la lumière sur cette affaire qui, semble-t-il, est loin d'être un simple accident de mer. De son côté, la Gendarmerie nationale a mené aussi ses investigations dans le but de déterminer les causes réelles de l'incident. Au train où vont les choses, l'affaire s'est avérée être un véritable panier de crabes, sachant que des dépôts de plainte ont été enregistrés, alimentant une controverse qui était déjà, faut-il le reconnaître, à son paroxysme. Avant même que les résultats des deux commissions d'enquête, ne soient rendus publics, des bruits ont circulé indiquant que la Cnan pourrait être incriminée pour «non-assistance à personne en danger». Ces rumeurs qui n'étaient auparavant que de la «pure intox» commencent à se préciser à la faveur de cette nouvelle qui, il est utile de le signaler, en a surpris plus d'un. Du côté des familles des victimes et des commandants des navires licenciés au lendemain de leurs déclarations à la presse, l'on considère cette nouvelle, à la fois, «juste et salutaire». D'autant plus qu'elle constitue, dit-on, «une suite logique des évènements». A la Cnan, c'est la panique et la désorientation totale. La section Ugta/Cnan, qui ne cesse jusqu'ici de défendre bec et ongles les dirigeants de l'entreprise, a essayé d'organiser une journée de protestation en guise de soutien et de solidarité avec les responsables emprisonnés. Dans un communiqué adressé par la Cnan-Group à notre rédaction, il est mentionné que ce mouvement de protestation «est spontané et qu'il s'est déclaré pour marquer la solidarité des travailleurs avec les cadres en détention préventive». Et de dénoncer, ajoute-t-on, «cette action inqualifiable décidée au moment où l'entreprise commençait à sortir la tête de l'eau». Les résultats de l'enquête devront être rendus publics dans les jours à venir. Toutefois, cette première décision qui consiste en la mise en détention préventive de cinq cadres de la Cnan dont le P-DG, incite à croire que le temps semble jouer contre ces derniers.