Le directeur de l'armement de la compagnie de navigation, le capitaine en second et le chef mécanicien du bateau Le Batna ont été mis sous mandat de dépôt hier. Ils étaient déjà sous contrôle judiciaire. Nouvel épisode dans ce qui est désormais connu comme “l'affaire du naufrage du port d'Alger”, et qui ne semble pas en être à son épilogue. La justice a agi, encore une fois, prouvant ainsi que les dessous de cette affaire ne sont pas complètement révélés et que d'autres têtes risquent de tomber. Trois autres cadres de la Compagnie nationale de navigation (Cnan) ont été écroués hier, selon des sources sûres. Il s'agit de Dellah Mustapha, directeur de l'armement, dont le supérieur hiérarchique, à savoir le directeur de l'équipement et des techniques de la Cnan se trouve actuellement incarcéré à Serkadji. L'inculpation concerne aussi le capitaine en second et le chef mécanicien du Batna. Tous les trois sont déjà passés devant le juge d'instruction près le tribunal de Sidi-M'hamed qui avait décidé de les mettre sous contrôle judiciaire. Le procureur, pour sa part, a fait appel de l'ordonnance du juge d'instruction en saisissant la chambre d'accusation. Celle-ci a fini par statuer sur ces réquisitions et des mandats de dépôt ont été, par conséquent, bel et bien prononcés. Contacté au sujet de ces nouvelles condamnations, le service communication de l'armateur national a confirmé les mises sous mandat de dépôt mais s'est gardé, cependant, de tout commentaire hormis celui de “laisser la justice suivre son cours”. Pour rappel, le patron du pavillon national, en l'occurrence Ali Koudil, ainsi que le directeur de l'équipement et des techniques de cette même entreprise, le commandant du navire Batna, le directeur technique des navires de la Cnan et l'ingénieur électricien du navire Batna ont été les premiers à faire les frais de poursuites judiciaires le mois dernier, et ce, suite à un double accident où il y a eu mort d'homme, naufrage et échouage. “Mise à la disposition du capitaine un navire dans un mauvais état et insuffisamment équipé, ce qui a conduit à la perte du navire et à la mort de plusieurs personnes ; navigation d'un navire pour lequel le titre de sécurité est périmé ; abandon du navire par le capitaine avant d'avoir été remplacé ; consentement à l'usurpation de l'exercice du commandant ; absence irrégulière à bord, faits ayant entraîné des décès de personnes et des conséquences dommageables” sont les principaux chefs d'inculpation retenus contre eux. En rade à proximité de la jetée Mahieddine, non loin du siège de l'Amirauté, le bateau Béchar s'était littéralement fracassé contre les récifs avant de sombrer dans les flots sous le regard impuissant des secouristes. Le bateau a coulé et l'équipage avec. Douze personnes ont péri et quatre autres sont toujours portées disparues, laissant derrière elles des familles inconsolables. Les organismes interpellés alors ont argué de l'ampleur et de la férocité de la tempête dans la nuit tragique du 13 au 14 novembre dernier à la veille de l'Aïd El-Fitr pour expliquer le drame. L'instruction est intervenue après la clôture de l'enquête diligentée par la Gendarmerie nationale (groupement d'Alger) qui n'a rien laissé au hasard en auditionnant aussi bien le P-DG de la Cnan, celui de l'Epal ainsi que des gardes-côtes. M. Ferrah, le P-DG de l'Epal, est toujours sous contrôle judiciaire. L'affaire risque de connaître d'autres développements. Ce qui dénote la volonté de la justice à aller jusqu'au bout. N. S.