La section syndicale désorientée, Ugta-Cnan ne cesse de défendre bec et ongles le dirigeant de la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan), placé sous mandat de dépôt par le parquet d'Alger. En termes clairs, après l'annonce de la nouvelle, qui consiste en la mise en détention préventive de cinq cadres de la Cnan, dont le P-DG, Ali Koudil, la tendance était au début à la dénonciation de la décision de justice. Cette section syndicale a tenté même d'organiser une action de protestation au sein de l'entreprise Cnan-Group et ce, en signe de soutien et de solidarité avec les cinq responsables emprisonnés. Pis encore, dans un communiqué adressé à notre rédaction, signé par la direction centrale de la communication, le rédacteur de la note est allé jusqu'à l'extrême en dénonçant la décision du juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'Hamed (Alger) qui a ordonné la mise sous mandat de dépôt des cinq accusés. Les syndicalistes de la Cnan affiliés à l'Ugta affirment, dans une autre déclaration, avoir constaté, suite à l'arrestation des cinq cadres, «une absence d'autorité et un vide hiérarchique portant gestion courante». Cette situation, ajoute-t-on, «a entraîné une démobilisation totale du personnel ayant eu pour conséquence une action de débrayage spontanée des travailleurs». C'est une phrase qui sonne très bien. C'est en quelque sorte une manière de dire que la tentative de débrayage des travailleurs s'est produite fortuitement et sans meneur de jeu. De son coté, le Snommar (Syndicat national des officiers de la marine marchande) s'interroge dans un communiqué sur les «véritables raisons qui ont motivé le mouvement de protestation dit spontané déclenché par certains syndicalistes de l'Ugta-Cnan». Il faut dire au passage que cette section syndicale était et demeure au centre de tirs nourris de la part du Snommar sur la question portant représentativité de l'Ugta-Cnan. Pour preuve, l'on avance le fait que plusieurs travailleurs et commandants se sont retirés de cette organisation pour rejoindre ensuite le Snommar-Cnan. L'argumentaire ne s'arrête pas à ce stade. Au lendemain du drame du port d'Alger qui a entraîné le licenciement de quatre commandants, le Snommar a dressé un sévère réquisitoire contre cette section syndicale qui «n'a pas jugé utile de faire un mouvement de solidarité lors de la perte des 16 marins du Béchar et du licenciement abusif de quatre commandants», lit-on dans le communiqué du Snommar. Et de considérer dans la foulée qu' «il est légitime que justice soit rendue à la grande famille maritime et en particulier à celle des victimes», parlant évidemment de la décision rendue publique par le parquet d'Alger. Dans la même missive, le syndicat des officiers marins se déclare «satisfait quant à la célérité avec laquelle l'affaire a été diligentée par les autorités judiciaires, rétablissant ainsi la confiance en la justice et les citoyens». Quant à la déclaration de l'Ugta-Cnan, envoyée le même jour à notre rédaction, il est mentionné que «le collectif des travailleurs n'espère et ne souhaite que la libération des cadres dans les meilleurs délais». Le rédacteur de la déclaration n'a pas tari d'éloges à l'égard du premier responsable de Cnan-Group qui, selon lui, «depuis son arrivée n'a cessé d'oeuvrer pour le redressement de la compagnie». Cependant, tout en dressant un bilan positif de la Cnan, aucun mot n'est mentionné sur la vétusté de certains bateaux de la Cnan, une situation qui, d'après certains spécialistes, est à l'origine de la catastrophe survenue au port d'Alger. La position de cette section syndicale, qui ne cesse d'être aux cotés du P-DG emprisonné, laisse planer de lourdes interrogations du fait que ce dernier risque gros, vu les chefs d'inculpation retenus contre lui.