La capitale des Hammadites risque de vivre un été pestilentiel Les protestataires exigent la fermeture du CET. Après neuf jours de fermeture jour et nuit du site, ils ont procédé à la fermeture de la RN 09. Le litigieux centre d'enfouissement technique de Béjaïa commence à livrer ses secrets à la faveur de la manifestation musclée initiée depuis deux jours par les habitants d'Oued Ghir et particulièrement ceux du village Hellil situé en amont. Ouvert il y a à peine huit mois, ce CET a vite fait de montrer ses limites. C'est une infrastructure qui ne répond pas aux normes et cela tout le monde le reconnaît. Il a été ouvert sur instruction du wali, mais sans aucun arrêté d'ouverture officielle. De la précipitation en somme. Paradoxalement, l'autre décharge de Boulimat a été bien fermée par un arrêté de fermeture. Peut-on fermer une décharge sans être sûr de la destination des ordures ménagères qu'elle recevait des années durant? Assurément non. C'est pourquoi tout le monde parle de précipitation et de responsabilité partagée. Au final, ce CET, qui n'a pas été ouvert par arrêté officiel, ne peut donc pas être fermé officiellement. Et en l'absence des équipements à même de mettre fin aux inconséquences de son exploitation, il devient litigieux entre une population qui a peur pour sa santé et son environnement, et les autorités qui tentent de remédier aux erreurs commises, à savoir son ouverture sans station d'épuration ni pulvérisateur, éliminateur d'odeurs et un centre de tri. Au début de la contestation, des solutions ont été proposées et acceptées par les citoyens protestataires. L'APC de Béjaïa s'est rapidement réunie pour dégager une enveloppe de 20 milliards de centimes pour l'acquisition de la station de traitement des lixiviats et de pulvérisateurs tandis que d'autres équipements devaient être pris en charge par la direction de l'environnement. Pour la station de traitement, il faudra du temps. Quatre mois sont nécessaires; en attendant, des solutions palliatives sont prévues par un opérateur local spécialisé en hydraulique, intervenant sur les ondes de la radio. Cela n'a pas suffi. Les protestataires exigent la fermeture du CET. Ils ne veulent rien savoir. Après neuf jours de fermeture jour et nuit du site, ils ont procédé à la fermeture de la RN 09, exigeant du wali de dégager une commission d'enquête pour déterminer si l'endroit est conforme pour un CET auquel cas la même commission doit «confirmer si la structure peut être opérationnelle sans conséquences sur la santé publique et l'environnement», estime un membre de l'une des associations organisatrice de la protesta. Pour y parvenir les habitants d'oued Ghir radicalisent leur protestation. le blocage de la RN 12 au niveau de deux endroits, à savoir Ibachiren et Mellala. Hier, On ne parlait plus de la mise en conformité du site, mais de sa fermeture ou délocalisation définitive vers un autre endroit. «Nous nous excusons pour le désagrément, mais le wali doit prendre ses responsabilités», fulmine un protestataire au nez des usagers de la RN 12, reliant la ville de Béjaïa à Alger et Tizi Ouzou. Bien que le chef de daïra de Béjaïa ait donné des assurances à la population locale quant à la mise en conformité de ce CET dans les plus brefs délais, avec sa dotation d'une station de traitement des lixiviats, financée par la commune de Bejaia et l'éradication des odeurs, les habitants du village Hellil soutenus par d'autres citoyens de Oued Ghir ne lâchent pas prise. Un véritable imbroglio auquel les pouvoirs publics se doivent de trouver une solution. A défaut, la ville de Béjaïa risque de crouler sous ses propres ordures, même si la décharge de Boulimat fermée officiellement par arrêté du wali est de nouveau opérationnelle. Nous n'avons pas d'autre choix, estime un élu de l'APC de Béjaïa.