Il conviendra de ne pas faire de ce match une montagne, même s'il y a un enjeu. Un match de football, une compétition internationale de clubs et tout s'enflamme. Il n'y a, pourtant, pas de quoi faire un tintamarre pour une simple rencontre entre 22 individus censés disputer une rencontre sportive. Du reste, c'est comme si notre Mouloudia d'Alger était champion du monde alors que la réalité nous le montre simple 3e d'un modeste championnat algérien. Un registre, d'ailleurs, pas plus flatteur pour son adversaire qui n'est que 4e du championnat de Tunisie, lequel, croyez-nous, ne «casse» pas, lui aussi, la baraque. Il est, donc, utile que cette rencontre reste dans son cadre sportif et ne verse pas dans l'imbécilité qui veut faire croire qu'un match de football c'est aussi la guerre. Les joueurs des deux camps sauront, on l'espère, donner une belle leçon à tous les apprentis pyromanes en faisant preuve de la sportivité la plus exemplaire sur le terrain. Le Mouloudia, club doyen du football algérien, qui dispose de la plus formidable galerie de supporters du pays, n'a que faire de tous ceux qui pensent que parce qu'on perd, il faut tout casser, même de l'individu. Ce club a assez donné sur le plan disciplinaire à l'échelle nationale, il serait mal venu de le transformer en mauvais élève de la classe au plan arabe. Un match reste un match. Vainqueurs ou vaincus, les joueurs du MCA ont droit au respect et les installations du stade comme les alentours n'ont pas à subir la colère de ceux qui se croient au-dessus des lois de la République. Si l'on n'a pas compris cela, on n'a rien à faire dans un stade de football. Ceci dit, il y a le match avec comme enjeu la première place de ce groupe de la Champion's League arabe. Il s'agira, pour le Mouloudia de tenter de revenir à la hauteur de son adversaire qui occupe, en ce moment, seul, la tête de ce groupe. Cette tentative, pour être couronnée de succès, passe par une victoire obligatoire de la part des Vert et Rouge. Il y a peu, une mission de ce genre aurait relevé de l'utopie pour un onze mouloudéen, certes dans le haut du tableau du championnat national, mais victime d'une fébrilité qui avait fait douter même les plus irréductibles de ses fans. C'était l'époque où les Vert et Rouge subissaient un affront en se faisant laminer à Tizi-Ouzou par la JS Kabylie sur le score de 6 buts à 1 puis étaient humiliés au Caire, pour l'entrée dans cette Champion's League, par le Zamalek local sur la marque de 5 buts à 0. Depuis, l'entraîneur Abderahmane Mehdaoui a plié bagages avant que le club n'entame la trêve de la compétition nationale. Une trêve qui a vu la nomination du Français Rabier comme coach et la venue de trois internationaux espoirs maliens, Sidibé, Diakité et Coulibaly. Dire que ces changements ont métamorphosé le Mouloudia serait tomber dans la précipitation. Il n'y a que l'avenir qui nous édifiera sur ce sujet. Maintenant, on ne saurait taire le fait que, depuis la reprise de la compétition officielle, ce club a retrouvé une certaine joie de jouer. Un renversement de situation matérialisé par trois victoires de suite en autant de matches, à savoir en coupe d'Algérie contre l'USMO (2-1), en Champion's League chez le club d'El Koweïti et en championnat chez l'ES Sétif (2-0). C'est cette série de bons résultats qui a fait retrouver la confiance à tous les supporters de ce club au point que l'on peut miser sur un stade comble ce soir. Le Mouloudia se doit de confirmer ces bonnes dispositions dans ce troisième match de Champion's League en ajoutant un autre succès. Tout autre résultat le placerait dans une position de futur éliminé de cette compétition. Ce serait là un coup de frein dans son opération de redressement mais sans plus. Il conviendra de rester dans le cadre purement sportif dans un tel cas. Ce n'est pas une défaite ou même un match nul qui changera la donne qui fait de ce club l'un des piliers du football algérien.