Un nouveau système permettant de détecter les produits susceptibles d'être contrefaits sera généralisé à partir de samedi. 84% des logiciels circulant sur le marché algérien sont issus de la contrefaçon et plus de 60% des micro-ordinateurs sont «clonés». Ces chiffres excluent les unités montées en Algérie. La situation «est grave», note le directeur général de la Douane, M.Sid-Ali Lebib, qui était hier l'invité du forum El Moudjahid. C'est la première fois que les autorités algériennes décident de révéler ces données, une situation qui a amené le premier opérateur de logiciels, Microsoft, à s'intéresser au marché algérien, et c'est à la suite de l'étude faite par cette boîte que les autorités algériennes ont pu constater l'ampleur de ce phénomène. «La contrefaçon inhibe la création, menace l'économie et la sécurité nationale et freine l'investissement», souligne-t-il. La situation est d'autant plus grave qu'elle nécessite une meilleure coordination internationale. Mais avant ce stade, le directeur de la Douane insiste sur l'opportunité de mettre en oeuvre une stratégie nationale de lutte contre la contrefaçon. Concrètement, un nouveau mécanisme de gestion des risques sera appliqué dans les prochains jours, permettant «un contrôle plus efficace de la marchandise importée». A ce sujet, un nouveau système informatique permettant de détecter les produits susceptibles d'être contrefaits sera généralisé sur l'ensemble du territoire national à partir de samedi. «Cette technique permettra de réduire la facture économique de 40%. Le climat général ne pourra que s'améliorer», ajoute-t-il. Le premier «avantage» de cette technique a trait à la limitation de l'intervention de l'homme, insiste le conférencier. Autrement dit, «garantir une meilleure transparence» dans le traitement des dossiers parce que «la machine ne connaît pas le langage des négociations», fait-il savoir. Par ailleurs, selon le premier responsable de la douane algérienne, il est prévu la création du comité national anticontrefaçon. Ce dernier permettra «une meilleure fluidité» dans la circulation de l'information entre les différentes administrations concernées (banques, finances, police... etc.). «Souvent, la douane se trouve confrontée à de faux registres du commerce, une situation que nous pouvons dépasser s'il y avait une meilleure coordination entre les secteurs concernés», cite Lebib à «titre d'illustration». Le renforcement du dispositif d'intervention, la formation des agents sont parmi les mesures préconisées par ce dernier. Parce que ce phénomène est transnational, le groupe stratégique de haut niveau siégeant au niveau de l'Organisation mondiale de la douane a entamé des négociations afin de renforcer le partenariat entre les pays. Sur le terrain, elle est traduite par un meilleur échange de données et un contrôle plus efficace de la marchandise. Concernant l'utilisation du scanner, M. Lebib précise qu'«il en existe vingt à travers le pays». «C'est une technique qui coûte cher, ce qui explique le fait qu'elle n'est pas généralisée à travers les ports de l'Algérie.» Mais selon ses chiffres, les fausses déclarations ont tendance à baisser. Elles sont de 2 353 pour 2004 contre 2 916 en 2003. L'autre volet abordé par Lebib a trait à la contrebande. «Ce phénomène a énormément baissé», selon l'invité du forum. Même si, note-t-il, «on reconnaît que nous avons un petit problème avec les carburants.» «Un commerce sûr et très convoité par les contrebandiers. C'est ce qui nous amène à dire que les récentes augmentations des prix des carburants sont une bonne chose.» «Parce qu'il faut dire que les prix que nous pratiquons sont nettement inférieurs à ceux appliqués par les pays voisins.» Les Algériens exportent d'une manière frauduleuse les carburants et importent de la même manière les produits nocifs, tels que le cannabis (5 t pour 2004), le tabac. «Tout cela nous oblige à revoir nos politiques dans le secteur. L'Algérie est en phase de signer des accords avec les pays voisins, les USA, l'UE... etc. pour lutter un tant soit peu contre ce phénomène». Enfin, Lebib rappelle que les recettes de la douane ont augmenté, 282 milliards de dinars contre 272 milliards en 2003, en dépit de la réduction tarifaire et l'annulation des redevances douanières.