Les attentats suicides de Daesh ont repris à Misrata Or, ils sont nombreux encore les groupes armés qui tardent à faire allégeance au nouveau gouvernement d'union et se montrent offensifs, aussi bien du côté de Misrata, de Benghazi que dans d'autres localités. Le chef du gouvernement tunisien, Habib Essid, s'est rendu hier dans la capitale libyenne, Tripoli, pour une visite officielle durant laquelle il s'est entretenu avec les membres du Conseil présidentiel libyen présidé par Fayez Al Sarraj, à la base navale de Bousseta. Des sources médiatiques libyennes ont mentionné que cette visite s'inscrivait dans le cadre de l'examen des événements récents survenus en Libye. Le même jour, le gouvernement d'union a formé un «commandement des opérations militaires» contre l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), interdisant à tous les groupes armés du pays d'agir sans avoir obtenu son feu vert. La formation de ce commandement intervient peu après que l'EI ait revendiqué un attentat-suicide contre un poste de contrôle à Abou Grein, village à l'ouest de Syrte, et des attaques contre les localités de Baghla et Ouadi Zamzam, près d'Abou Grein dans le district de Misrata, ville située à 200 km à l'est de Tripoli, qui ont fait jeudi dernier huit morts et 105 blessés, selon des sources de l'hôpital central de Misrata. Réagissant à ces attaques, le Conseil militaire de cette ville, une coalition des milices locales, avait appelé toutes les «brigades» (milices), sous son commandement, à une mobilisation générale. Pour ne pas se laisser déborder par ce genre d'initiatives unilatérales, le gouvernement Al Sarraj a réagi aussitôt en publiant sur sa page Facebook, la décision selon laquelle»la formation d'une cellule spéciale des opérations militaires contre l'organisation Daesh «prendrait effet immédiatement. Cette cellule aura une mission précise qui consiste à coordonner les opérations de lutte contre l'EI dans une zone s'étendant de Misrata à Syrte, fief de l'organisation jihadiste, en conséquence de quoi le gouvernement d'union appelle tous les groupes armés à s'abstenir d'agir sans son feu vert, à l'exception d'opérations de légitime défense. Or, ils sont nombreux encore les groupes armés qui tardent à faire allégeance au nouveau gouvernement d'union et se montrent offensifs, aussi bien du côté de Misrata, de Benghazi que dans d'autres localités. Fin avril, Fayez Al Sarraj avait déjà lancé un appel identique à la télévision, plaidant pour une action «concertée», seule capable d' «anéantir Daesh». En décidant la mise en place d'une telle structure, dite «commandement des opérations militaires», que présidera le général Bachir Mohamad al-Qadi, sous «l'autorité directe du Commandant suprême de l'armée libyenne», Al Sarraj semble ignorer que, dans l'est du pays, une autorité parallèle est encore en place, avec des forces loyales, sous le commandement du général Haftar. En fait, il n'en est rien. Le but est d'empêcher justement Haftar de lancer une offensive unilatérale contre l'EI à Syrte, ce qui risque d'»entraîner le pays dans une nouvelle guerre civile». Or, ce n'est pas la première ni la dernière attaque que Daesh lance contre les milices de Misrata et les troupes de Haftar, dans la zone de Benghazi. A Misrata, l'EI a pris pour cible des postes de contrôle visés par deux attentats suicides qui y avaient fait respectivement quatre et un morts en avril 2016 et un autre, cinq morts en mai. Autant de coups qui ne peuvent rester sans réponse, et c'est précisément ce que le gouvernement d'union appréhende avec acuité, soucieux de poursuivre sa stratégie de mise en place des institutions et des structures qui relèveront de sa seule autorité, à travers tout le territoire libyen. Un pari ou une gageure, les avis sont partagés. Mais le choix n'existe pas et Al Sarraj qui connaît et mesure plus que quiconque l'impatience des pays européens de la coalition internationale n'a pas d'autre alternative que celle qui consiste à mobiliser les forces internes afin que le combat soit singulièrement libyen plutôt qu'une nouvelle opération internationale aux conséquences imprévisibles.