C'est fort de sa médiatisation et succès récolté dans l'Hexagone, notamment après son obtention du César du meilleur film en 2016 que le long métrage «Fatima» de Philippe Faucon a été présenté à Alger samedi dernier. C'est devant une salle archicomble, que le réalisateur et sa femme, la productrice Yasmina Nini Faucon, ont présenté leur film, mais aussi face à un parterre d'officiels français dont l'ambassadeur de France à Alger, le directeur des Instituts français et celui d'Alger. Le synopsis: Fatima vit seule avec ses deux filles, Souad, 15 ans, adolescente en révolte et Nesrine, 18 ans, qui commence des études de médecine. Fatima maîtrise mal le français et le vit comme une frustration dans ses rapports quotidiens avec ses filles. Toutes deux sont sa fierté, son moteur, son inquiétude aussi. Afin de leur offrir le meilleur avenir possible, Fatima travaille comme femme de ménage avec des horaires décalés. Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire en arabe ce qu'il ne lui a pas été possible de dire jusque-là en français à ses filles. Une histoire simple racontée de façon simple c'est-à-dire avec une mise en scène épurée où tout quasiment se passe dans un décor fermé, basé sur les situations et les regards surtout, quand les échanges verbaux peinent à passer. Ce film est en fait inspiré d'un petit livre tenu par une femme marocaine (et non pas algérienne comme dans le film) appelée Fatima Elayoubi avec qui le réalisateur dit avoir eu «des rencontres très fortes», suite desquelles il a eu envie de tirer un film, ce qui n'était pas évident fait-il encore rappeler lors du débat «car son livre est une sorte de journal intime,une écriture très intérieure. C'est un personnage remarquable. Un film qui reste pour moi une très beau souvenir par la rencontre que j'ai eue avec ces comédiennes qui ont porté le film. Avec ces trois femmes réunies.» Campé par Soraya Zeroual qui est une vraie femme de ménage, Fatima est une femme qui est d'origine marocaine, venue en France en suivant son mari sans parler le français, elle a eu en France deux filles. «Un moment elle s'est retrouvé dans une sorte de séparation linguistique avec ses filles, elle faisait des ménages, elle n'avait pas le temps de prendre des cours pour apprendre le français, mais elle prenait le temps pendant toute sa vie en France de noter sur un carnet, exprimait à ses filles, pendant toute sa vie. C'est quelqu'un qui a été déscolarisé très tôt. 12 ou 14 ans. Elle s'exprimait d'abord en arabe puis apprenait un peu le français en lisant les prospectus. Elle est parvenue toute seule, de façon autodidacte, à l'accomplissement d'une personnalité très forte.» dira d'elle le réalisateur. A la question relative au contexte politique français s'agissant des questions du voile et de l'intégration, le réalisateur, timide comme à chaque fois, éludera la question, soulignant que ce qui l'a le plus poussé à faire ce film est cette sensibilité en rencontrant cette femme, puis ses filles ainsi que d'autres femmes. Aussi, c'est la détermination de cette femme «qui ne veut rien lâcher» selon ses termes, à la fois pour elle et pour ses filles, tout comme sa fille aînée, qui refuse de lâcher ses études non plus et même devant la révolte de sa fille la plus jeune. «C'est le personnage qui m'intéressait au-delà du sujet. Je me disais qu'il y avait quelque chose à raconter. A un moment, on se dit qu'il faut y aller!» évoquant le rôle à contre-emploi du chroniqueur presse Chawki Amari qui interprète le rôle du père, Philipe Faucon dira: «Je l'ai vu dans le film Les jours d'avant, il m'a plu et je me suis dit que c'est lui que je voulais, et ce, après avoir échoué à trouver le bon en faisant plein de castings. Ce n'est pas évident de trouver le père, tout comme la mère chez nos comédiennes françaises. Elles ont indéniablement du talent, mais où aurons - nous pu trouver une bonne comédienne sachant parler le français avec un accent arabe, avec cette justesse et la façon très intime de parler en arabe?». Qu'on aime ou qu'on n'aime pas ce genre de films, il reste que ce n'est pas le meilleur de ce qu'a fait Philippe Faucon jusqu'à présent. Beaucoup en tout cas s'interrogeaient sur la légitimité d'un tel Prix reçu aux Césars, a fortiori en l'imputant à la conjoncture politique féroce qui prévalait à l'époque et envers les femmes voilées et les questions autour de l'immigration. Un prix de consolation? Ce qu'on pourrait reprocher toutefois au film de Philipe Faucon est sans doute le côté un peu trop propret et lisse de son scénario quasi télévisuel et le politiquement correct qui le transcende, qui ne se mouille pour un sou. Un film qui sent la naphtaline sans jeu de mots. Un film bien consensuel, et misérabiliste à certains endroits, même si émouvant, mais qui s'éprend d'un cas bien extrême de la communauté française issue de l'immigration. Un choix du réalisateur que l'on respecte. S'impose alors cette question: «Jusqu'à quand devrions-nous pleurer dans les chaumières au cinéma, pour parler de ces gens? Jusqu'à quand continuera- t-on à perpétuer le cliché du pauvre arabe émigré? D'accord, Fatima reste une femme digne malgré tout. Une femme forte...Mais comme l'avait bien souligné une dame parmi le public «on avait l'impression par le profil de cette Fatima de revenir au temps de l'émigration des années 1970!» Il y a comme un hic alors... 9e Festival de la culture arabe à Séoul Le costume traditionnel algérien mis à l'honneur Un défilé de mode consacré aux costumes traditionnels algériens s'est tenu récemment à Séoul (Corée du Sud) à l'occasion du 9e Festival de la culture arabe, rapportent les médias locaux. Organisée conjointement par l'ambassade d'Algérie à Séoul et l'Association culturelle coréenne, cette manifestation, ouverte mercredi dernier, a été marquée par la présentation d'une trentaine de tenues algériennes, oeuvre du styliste Samir Khezabi. Le styliste a dévoilé à l'occasion deux tenues traditionnelles inspirées du karakou algérois, un classique de la couture traditionnelle algérienne, et «hanbuk», une tenue traditionnelle de la Corée, également à l'honneur à ce défilé. Outre le défilé de mode, les organisateurs de la manifestation ont programmé un concert de musique andalouse donné par la troupe «El Maya» d'Oran et une démonstration du calligraphe algérien Reda Khouane qui a présenté son ouvrage «Corée et Algérie». Des représentants du corps diplomatique accrédité à Séoul ont assisté la manifestation qui a pris fin vendredi.