Le vieux parti est face à son destin. Ou il passe le cap ou il échoue dans son entreprise de revenir en force et d'être la locomotive du programme de Bouteflika. C'est finalement aujourd'hui et après un flottement qui aura duré plus de deux ans que s'ouvrent les travaux du 8e congrès dit rassembleur sous l'évocateur slogan «Union, réconciliation, continuité». Trois vocables lourds de sens puisqu'ils résument ce à quoi s'est attelée la commission des Cinq, l'instance exécutive provisoire composée de Belkhadem, Abada, Goudjil, Saïdani et Bouhadja, à imprimer au retour du vieux routier de la politique. Le parti qui a résisté à plusieurs tempêtes et plusieurs bourrasques est face à son destin. Ou il passe le cap ou il échoue dans son entreprise de revenir en force et d'être la locomotive du programme de Bouteflika. Cela dépend de plusieurs paramètres, à commencer par la disposition des antagonistes qui forment ces deux ailes de se retrouver dans le même camp en se gardant de se tirer dans les pattes. Chose qui semblait invraisemblable, il y a quelque temps. Cependant , la décantation s'est faite même partiellement et il ressort des derniers développements que les tensions se sont apaisées au regard des enjeux et des desseins qui se trament en sourdine. La reconfiguration du paysage politique ne pardonne pas à ceux qui restent à la traîne. La réconciliation nationale ainsi que sa jumelle, l'amnistie générale attisent les appétits et le FLN n'est pas en reste de ceux qui s'accrochent au système. Ils se bousculent au portillon pour demeurer en pole position et éviter d'être doublés. Le jeu politique en vaut la chandelle pour ceux qui sont dans la périphérie du pouvoir ou ceux qui veulent rester dans son giron. Le FLN qui tient enfin ces assises, ambitionne, sûr de ses atouts, (il détient la majorité au niveau des APC et des APW ainsi qu' à l'Assemblée populaire nationale, en plus de détenir des portefeuilles ministériels conséquents), de porter à bras-le-corps le programme du président. C'est dans cette perspective que le poste de président du parti lui a été destiné. C'est lors des conférences régionales que le tempo a été donné. Les ateliers devront dégager cette conclusion et elle sera unanime. La réussite de ce congrès est donc tributaire de la décision du président sollicité pour prendre les rênes du FLN. Il faut croire que toute une gymnastique sur le plan juridique a été entreprise pour arriver à cette fin. Les textes ont été modifiés de façon à permettre à cette formation, qui a traversé la plus grande crise de son existence, de s'adapter à la nouvelle donne. Est-il possible à ce mastodonte politique de recouvrer la place qu'il occupait avant la fêlure qui l'a scindé en deux clans? La réponse sera évidente à l'issue des deux jours durant lesquels les congressistes auront la lourde tâche d'élire la nouvelle direction qui conduira le parti sur le chemin de la légalité. Ce congrès exceptionnel devra remettre le vieux parti sur les rails et l'arrimer à la vie politique, désertée pour des raisons de conflits internes. A la suite de huit reports ayant déchaîné les passions et exacerbé la crise au point de présager le trépas de la formation, voilà que le rendez-vous se tient mais n'atteste en rien de la fin des hostilités. La foire d'empoigne qui a vu ce duel à fleurets mouchetés pour la course aux premières loges, a caractérisé l'après-8 avril où toutes les supputations étaient possibles. On a été jusqu'à suggérer de mettre le parti dans un musée et de le restituer à ses «véritables propriétaires».Vu la situation de flou qui entourait la tenue de la rencontre, les observateurs ont fini par croire à l'improbabilité de revoir le parti revenir sur le devant de la scène. Ces assises prennent l'allure d'un véritable challenge à l'issue duquel les militants en ressortiront soit grandis soit diminués. C'est en partie grâce à Belkhadem, la figure de proue du mouvement de redressement , qui s'est acharné à concilier les frères ennemis que le congrès a lieu. Belkhadem va jouer au médiateur et va s'échiner à rassembler ce que les urnes ont séparé. Une dure besogne car il sera pris en étau par d'un côté les redresseurs qu'il représente et de l'autre ceux qui disent avoir été spoliés de leurs droits. Il relèvera quand même le pari de serrer les rangs, contre vents et marées, de tout ce monde qui se tiraille et qui s'échange des amabilités à coups de déclarations et de communiqués au vitriol. Les préparatifs ont été émaillés de prises de bec et parfois d'empoignades. Seulement la rencontre décisive des 450 cadres du parti, des parlementaires des deux chambres chargées de mettre le dispositif législatif en place va remettre de l'ordre et taire les voix discordantes. Ce congrès va inexorablement être un grand test pour le parti qui n'a jamais vraiment quitté le pouvoir.