Le chef de l'Etat auquel on a demandé avec insistance d'accepter le poste de président, a finalement décliné l'offre. Selon le ministre de la Solidarité et non moins membre actif du mouvement de redressement, qui nous a fait cette déclaration en aparté, Bouteflika devant l'insistance des meneurs de ce mouvement à prendre la tête du parti aurait rétorqué: «Je ne peux accéder à votre demande, je vous en remercie, car je suis le président de tous les Algériens. Je dois être au-dessus de tous les partis.» Voilà donc qui met les points sur les «i» et un terme à toutes les supputations nées ces derniers temps autour de l'identité de celui qui tiendra dorénavant les rênes du «nouveau» FLN. L'hôte tant attendu a brillé par son absence hier lors de l'ouverture des travaux du 8e congrès du FLN qui se déroulent durant deux jours à la coupole Mohamed-Boudiaf. L'espoir de voir présider aux destinées de la plus grande formation politique du pays l'initiateur de la réconciliation nationale et son binôme l'amnistie générale tombe à l'eau. Il faut dire que c'était peine perdue pour Belkhadem qui aurait fait des mains et des pieds pour que son offre soit acceptée par le premier magistrat du pays. Il a tout fait pour convaincre ses protagonistes à le suivre dans son entreprise de s'appuyer sur le programme du président de la République. L'aval de Bouteflika aurait renforcé la présence du vieux routier de la politique qui a l'intention de revenir par la grande porte. Cependant hier, à la coupole, l'ambiance était mi-figue, mi-raisin. Les deux ailes qui composent le vieux parti se regardaient en chiens de faïence. On se tassait par groupuscules dans l'enceinte et à l'extérieur de la grande salle qui abritait le congrès pour dénoncer la présence d'intrus auxquels des badges avaient été délivrés en catimini. On voyait bien qu'une contestation sourde couvait par dépit pour certains et par appréhension pour d'autres. Sans doute pour ne pas compromettre le rendez-vous qui s'est enfin tenu après un flottement et une crise aiguë qui aura duré deux ans. Cela étant, selon bon nombre de responsables et cadres du parti que nous avons interrogés, le poste de président de parti introduit nouvellement dans les statuts pourrait ne pas bénéficier de l'aval des congressistes et être carrément supprimé, à moins que l'on décide de l'accorder à Belkhadem et nommer quelqu'un d'autre au fauteuil de secrétaire général. Toujours est-il et selon les délégués eux-mêmes «la bataille tournera surtout autour des 550 sièges du conseil national». Cela promet une guerre implacable car de part et d'autre, on n'a pas envie de lâcher prise.