Une perte sèche pour le Trésor Une bagatelle de 2400 milliards de centimes a été brassée par les barons de l'informel, en trois mois, dans des transactions commerciales sans factures au moment où l'Etat quête le moindre dinar chez le simple citoyen. Patriotisme économique dites-vous? Ne racontez surtout pas cette fable aux barons de l'informel, ils ne vous croiront pas. Alors que l'opération de bancarisation de l'argent de l'informel lancée durant l'été 2015, tourne à la banqueroute, alors que l'emprunt obligataire annoncé en grande pompe il y a quelques semaines peine à trouver ses marques, ces même barons saignent la République. L'Etat a-t-il déjà échoué dans son entreprise de juguler l'informel? Au montant des chiffres révélés, il faut y croire. Une bagatelle de 2400 milliards de centimes a été brassée par les barons de l'informel en trois mois dans des transactions commerciales sans factures au moment où l'Etat quête le moindre sou chez le simple citoyen. «Le chiffre d'affaires dissimulé de transactions commerciales sans factures, mis au jour par les services de contrôle du ministère du Commerce, a atteint plus de 24 milliards de dinars durant le 1er trimestre 2016» indiquent les statistiques rendues publiques par ce département ministériel répercutées par une dépêche de l'APS datée d'hier. Une hausse de 9,6% par rapport aux trois premiers mois de 2015. Un constat qui met en exergue les limites de la politique financière du pays aiguillonnée par le grand argentier du pays qui redouble pourtant d'initiatives pour réduire le manque à gagner provoqué par la dégringolade des prix du pétrole. Inefficace. Trop peu efficace. Le flou entretenu autour des chiffres exacts de l'emprunt obligataire qui vient d'être récemment lancé augure du peu d'engouement que suscite ce type d'action qui intervient en pleine crise économique. Il renforce ce constat. Les derniers chiffres livrés par le ministre des Finances sur l'état de la trésorerie du pays ont fait surgir doutes et inquiétudes. Le spectre de l'endettement refait son apparition. Se précise même. Tout un chapelet de mauvaises nouvelles égrené chaque jour sur la place publique. Les barons de l'économie parallèle ne sont pas décidés à opérer sans masques. Dans la lumière. A lâcher le morceau aussi facilement. Ils ne céderont que quelques miettes du gâteau. Il faut beaucoup plus qu'une promesse d'amnistie fiscale pour faire vibrer leur fibre nationaliste. Participer au sauvetage du pays plus que jamais menacé par une «faillite» financière si les cours de l'or noir venaient à rester trop longtemps à des niveaux aussi bas que ceux d'aujourd'hui. L'informel est comme un poisson dans l'eau lorsque les crises battent leur plein. Les chiffres sont éloquents. «Sur l'année 2015, le chiffre d'affaires dissimulé de transactions commerciales sans factures avait atteint plus de 64 milliards de DA, en hausse de près de 10% par rapport à 2014», rappellent les rédacteurs du document du ministère du Commerce. Celui de 2016 va incontestablement être plus corsé. Peut-on d'ores et déjà l'annoncer? Le ministère du Commerce préfère louvoyer. «Il demeure évident que l'évaluation technique des performances de l'action de contrôle ne peut objectivement être effectuée qu'à la fin de l'année en tenant compte des critères d'évaluation permettant d'apprécier les résultats de l'activité de contrôle et son impact sur le marché national», indique son communiqué. S'il est vrai que le gouvernement a décidé de livrer bataille à l'informel, elle est loin d'être implacable et sans failles. Avec les moyens mis en oeuvre pour combattre cette hydre à sept têtes la lutte est inégale. Perdue d'avance. «La faible diversité des infractions relevées par les agents, au regard de celles prévues par les lois régissant la sphère commerciale, dénote d'un besoin imminent en matière de formation», avaient reconnu l'année dernière les services du département de Bakhti Belaïb. La mafia de l'économie parallèle a sorti ses crocs et affiché sa voracité. Entre 2010 et 2015, les transactions commerciales non facturées se sont élevées à plus de 270 milliards de DA. Les mafieux prospèrent par tous les temps. Ils font leur beurre quand la nation est en danger, quand un effort supplémentaire est demandé à ses forces vives, aux couches les plus vulnérables exposées à davantage de privations. Eux ne paient pas l'addition. Ils la salent...