L'informel est toujours là Les services du ministère du Commerce sont intervenus plus d'un million de fois, entre le mois de janvier et le mois de septembre, pour dresser 166.403 procès-verbaux à l'encontre des fraudeurs. Pas besoin de se questionner sur l'échec de l'opération de bancarisation des fonds de l'informel lancée cet été (en août) par les pouvoirs publics qui n'a recueilli que 3 milliards de dinars. Les barons de l'économie parallèle ne sont pas décidés à rentrer dans les rangs. A lâcher le morceau aussi facilement. Ils ne céderont que quelques miettes du gâteau. Ce n'est pas sur eux que le gouvernement doit compter pour faire vibrer leur fibre nationaliste, qu'ils ont depuis longtemps piétinée pour la troquer contre des «poignées» de milliards de dinars, pour faire face à la dégringolade des prix du pétrole qui a sévèrement impacté l'économie du pays. Celle où ils opèrent ne connaît pas ce type de contrariété. L'informel ne connaît pas les crises. Les mafieux prospèrent par tous les temps. Ils font leur beurre, encore plus lorsque, ceux qui se retroussent les manches et vivent à la sueur de leur front tirent la langue. C'est le cas en ce moment où leur pouvoir d'achat est laminé par les hausses incessantes des produits de consommation de base, des fruits et légumes... Chiffres à l'appui. Ils donnent le tournis. «Les services de contrôle du ministère du Commerce ont décelé des transactions commerciales sans factures d'un montant de 47,52 milliards DA durant les neuf premiers mois de l'année 2015», indique une dépêche de l'APS datée du 15 novembre 2015. «Entre janvier et septembre derniers, plus d'un million d'interventions menées par les services de contrôle ont permis de constater 179.614 infractions portant notamment sur la transparence et la loyauté des pratiques commerciales ainsi que sur les règles relatives à la conformité et à la sécurité des produits et services», ajoute la même source qui tient cette information du ministère du Commerce. Quelles mesures ont été prises contre ces réfractaires à l'ordre public? «Ces opérations de contrôle ont également conduit à l'établissement de 166.403 procès-verbaux à l'encontre des contrevenants, à la proposition de fermeture de 12.150 locaux commerciaux et à la saisie de marchandises pour une valeur de 5,13 milliards DA», indique le bilan du contrôle économique et de la répression des fraudes. Qu'en est-il de ce type de trafic aux frontières? «Pour ce qui concerne le contrôle aux frontières, il a été bloqué près de 40.000 tonnes de produits d'un montant de 7,7 milliards DA dans le cadre du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes», soulignent les services du département de Bakhti Belaïb. La facture des transactions commerciales illégales est estimée à plus de 51 milliards DA. Un phénomène qui gangrène de nombreuses branches d'activité (les services, l'industrie de transformation, l'agriculture, le commerce extérieur et de la distribution...) contre lequel le ministère du Commerce avoue ses limites. «La faible diversité des infractions relevées par les agents, au regard de celles prévues par les lois régissant la sphère commerciale, dénote d'un besoin imminent en matière de formation», avait-il reconnu il n'y a pas si longtemps. Le phénomène a la peau dure. Pour rappel durant les trois premiers mois de l'année 2014 ce type d'«activité commerciale» avait atteint 11 milliards 600 millions de dinars. «Le montant réel des transactions commerciales sans factures demeure beaucoup plus élevé que ce chiffre de 11 milliards qui ne représente, selon nos estimations, que 10 à 11% du montant global», avait indiqué, le 29 avril Abdelhamid Boukahnoun sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne 3. Les choses ont vraisemblablement empiré...