L'annonce d'une nouvelle vague de froid est en elle-même, une «invitation» aux spéculateurs à jouer sur les prix. Malgré une production de plus d'un demi-million de bouteilles de gaz butane par jour, Naftal fait encore parler d'elle au vu de la grande spéculation qui caractérise ce produit, ces derniers jours. Pourtant, au niveau de cette entreprise publique, on affirme que les centres d'enfûtage travaillent sans relâche depuis plus d'une semaine. Avec un rythme de production H24, le niveau de production a atteint quelque 130% des besoins nationaux, avec des pics allant jusqu'à 140% pour certaines wilayas, à l'image de Tizi-Ouzou qui, à en croire M.Cherdoud, responsable de la communication à Naftal, est alimentée à hauteur de 136% des besoins exprimés par les citoyens de la région. Cela pour dire que pour ce qui concerne l'entreprise de distribution du fameux gaz butane, le produit en question est amplement disponible. Le problème qui se pose, selon M.Cherdoud, est en rapport en direct avec les conditions climatiques qui sont responsables de la fermeture de plusieurs axes routiers, rendant quasi impossible le ravitaillement de nombreuses localités au centre et à l'est du pays. Mais en plus du facteur lié à l'enneigement exceptionnel que connaît le nord du pays, l'on a également constaté des comportements spéculatifs qui ont porté sur le prix de la bouteille de gaz butane à plus du triple de sa valeur actuelle, fixé par l'Etat à 200 DA l'unité. Les revendeurs qui distribuent 60% de la production de Naftal semblent profiter de la hausse de la demande pour faire d'énormes bénéfices en spéculant sans retenue sur la marge bénéficiaire. La situation de ce marché est tellement chaotique qu'il n'est pas permis d'espérer une baisse des prix de ce précieux produit dans des délais assez brefs. L'annonce d'une nouvelle vague de froid avec en sus des chutes de neige à partir de 400 mètres d'altitude est en elle-même, une «invitation» aux spéculateurs à jouer sur les prix. Et pour cause, l'incapacité actuelle d'inonder sérieusement le marché qui se trouve être à l'origine de la grande tension sur le gaz butane, risque de s'aggraver, d'autant plus que ceux qui ont réussi à s'approvisionner ces derniers jours, solliciteront encore une fois les points de vente du produit. Ce dernier risque donc de se faire plus rare, en l'absence d'une organisation dans une distribution digne de ce nom. Du côté de Naftal, même si on déplore l'importance prise par la spéculation, on affirme que des représentants de l'entreprise siègent au niveau de toutes les cellules de crise, installées au niveau des wilayas touchées par les intempéries, et qu'«à chaque fois qu'un axe routier est ouvert, les camions de l'entreprise sont automatiquement mobilisés pour approvisionner les localités enclavées par la neige», soutient M.Cherdoud. Cela dit, ces mêmes cellules semblent incapables de gérer les distributeurs indépendants. Ces derniers, qui transportent la majorité de la production de Naftal, joueront, pour ainsi dire, sur du velours. Cette situation, dont seul le citoyen moyen paye les frais, est en principe susceptible de ne pas se renouveler l'année prochaine. C'est en tout cas ce qu'assure le chargé de la communication de Naftal. En effet, M.Cherdoud informe que la réception, au 2e semestre de l'année, de pipelines, l'un vers l'est et l'autre vers l'ouest du pays, réduisant de fait le temps de transport contribuera grandement à rapprocher le gaz butane du citoyen. Mais en attendant, ce sont les Algériens qui payeront trois fois plus cher leur bouteille de gaz.