Sévère, le P-DG de l'entreprise publique Naftal a affirmé jeudi à Oran, que les spéculateurs sur les prix de la bouteille du gaz seront radiés de la liste des clients de son entreprise. «Naftal n'est pas censée faire ce travail de surveillance et de répression, mais si on nous signale qu'un de nos clients spécule sur les prix, il sera définitivement radié de la liste de nos clients.» Réaliste, M.Remini, a d'autre part indiqué que les prix actuels du gaz butane et des carburants sont insignifiants par rapport à ceux pratiqués ailleurs dans le monde. Aussi, selon le P-DG de Naftal, même avec les augmentations actuelles, «les marges de l'entreprises sont de loin très faibles par rapport à celles pratiquées au Maroc, en Tunisie, au Niger, au Mali et même au Burkina Faso». Le réajustement des prix est le seul moyen, selon M. Remini, à même de juguler la fuite des carburants au niveau des frontières. «Chaque jour, ce sont 3000 m3 de carburant qui passent nos frontières» , a révélé le P-DG de Naftal, notant que son entreprise «fonctionne à perte depuis 1998». Si l'augmentation des prix n'est pas à l'ordre du jour dans l'immédiat, M.Remini a affirmé qu'ils le seront nécessairement dans les prochaines années. Dans ce sens, il soulignera que «le marché a enregistré, depuis 1998, une hausse de la consommation de l'ordre de 6%». La production moyenne de GPL est de 2 millions de tonnes par an alors qu'il existe 140 millions de bouteilles de butane sur le marché, au moment où la consommation moyenne annuelle par habitant en Algérie- qui est l'une des plus élevées dans le monde- se situe entre 40 et 50 kg de GPL. Rappelant que les «marges n'ont pas bougé depuis des années», le fonctionnement de Naftal a été maintenu grâce «aux faibles marges réalisées sur les produits libres, comme les bitumes et les lubrifiants, nous permettant d'assurer un certain équilibre», le P-DG a indiqué que son entreprise «perd 35 dinars sur chaque bouteille de butane et 0,92 dinar sur chaque litre de carburant». «Naftal a réalisé, durant l'exercice 2004, un chiffre d'affaires de près de 200 milliards de dinars et assuré, à la même période, une production de l'ordre de 10,4 millions de tonnes de produits de carburant», a encore indiqué M.Remini, qui s'exprimait dans une conférence de presse, jeudi, en marge de l'inauguration du nouveau centre enfûteur à Arzew. En charge de la distribution des produits pétroliers sur l'ensemble du territoire national, l'entreprise publique Naftal, filiale du groupe Sonatrach, cueille les premiers fruits d'une restructuration difficile mais sûre. L'entreprise vient de se doter d'un nouveau centre enfûteur GPL à Arzew, qui est un investissement direct consenti par l'entreprise elle-même. Inaugurée jeudi par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, le centre jouit de toutes les qualités d'une infrastructure moderne et sécurisée. Une gestion totalement informatisée, un matériel technologique haut de gamme et des normes de sécurité mondialement reconnues. «Ce centre qui arrive au moment propice est important pour deux principales raisons : la première est qu'il va satisfaire entièrement les besoins de la région ouest du pays en matière de GPL, la seconde est que cette installation technologique jouit de toutes les mesures et moyens de sécurité», s'est réjoui Chakib Khelil. Ce centre enfûteur est le fruit d'un partenariat entre la firme belge Basse Sabre-Eri, pour les études, la fourniture d'équipements et la supervision des travaux, et l'entreprise algérienne, l'Encc, pour la pose et le montage des infrastructures. «C'est l'un des centres les plus modernes au niveau du bassin méditerranéen et le plus grand à l'échelle du continent africain», a indiqué le chef du projet, M.Yaker. Sa capacité de production est de 2400 bouteilles de butane (13 kg) par heure, de 240 autres de 3 kg par heure et enfin de 60 bouteilles de propane de 35 kg par heure. Il comprend de nombreux équipements, dont des installations de stockage, composées d'une sphère de 2000 m3 de GPL, assurant une autonomie de 5 jours de production, et de quatre réservoirs de 100 m3 chacun, en plus d'équipements de distribution du GPL, d'emplissage et d'entretien de bouteilles. L'investissement est de l'ordre de 1,5 milliard de dinars et 8,9 millions d'euros.