Une superficie importante a été grignotée au fil des ans la forêt d'El Hassi, laissant place à l'un des plus grands bidonvilles érigés depuis quelques années sur le territoire de la wilaya d'Oran. A la sortie ouest d'Oran, des centaines d'arbres ont été abattus sans état d'âme, par des individus pour ériger des baraques, d'abord, pour tester la réaction des autorités, avant de passer carrément à la construction en dur, avec portails et portes métalliques. Apprend-on de source proche de la Conservation des forêts qui a saisi la justice contre 550 cas recensés. L'abattage des arbres et le squat des terrains récupérés n'étaient seulement l'œuvre des familles sans logis, qui se trouvaient dans la contrainte. Le filon, puisque c'en est un, a été découvert par des individus sans foi ni loi qui procédaient, dit-on, à de véritables opérations de lotissements qu'ils revendaient à raison de 5 millions de centimes la parcelle de quelques dizaines de mètres carrés. La crise de logement endémique qui sévit depuis trop longtemps, à Oran un peu plus qu'ailleurs, a permis la naissance d'une véritable organisation du foncier informel. Les nombreuses petites parcelles vendues à tour de bras ont créé un agrégat d'individus de tous acabits faisant de ce bidonville un véritable coupe-gorge, auquel s'ajoute l'insalubrité provoquée par le manque d'eau potable, l'absence de réseau d'assainissement, etc. Toutes les conditions pour rendre la vie impossible en ce lieu. Les autorités avaient décidé une fois de prendre le taureau par les cornes et ont procédé à la démolition d'un certain nombre de baraques. On annonce le nombre de quelques 800 constructions illicites implantées en milieu forestier qui ont été démolies en l'espace de trois ans. Mais, comme par miracle, les baraques ont ressurgi de leurs amas de tôles dès que le bulldozer a le dos tourné. La dernière démolition de bidonville en date, a été effectuée au début de l'année en cours, touchant pas moins de 111 constructions érigées de manière illégale au milieu de la forêt à proximité du lieudit Coca, au pied du mont du Murdjadjou dont le massif forestier a été depuis longtemps pris d'assaut. Une situation qui devient de plus en plus complexe en raison de nombre effarant des « hors-la-loi » du foncier qui, selon certaines sources proches de l'affaire, vont jusqu'à vendre des lots de terrain « sur plan ». C'est-à-dire que le futur acquéreur peut choisir, au milieu de la forêt, l'endroit où il érigera « sa maison » et c'est le vendeur qui se chargera de l'abattage des arbres se trouvant sur la parcelle choisie. Une véritable colonisation d'un autre genre à laquelle devraient faire face les autorités locales, notamment la Conservation des forêts qui devraient se doter de moyens importants pour lutter efficacement contre cette pratique criminelle qui menace le massif forestier de la wilaya d'Oran qui n'est déjà pas, faut-il le souligner, dans une situation des plus reluisantes.