Des députés allemands de quatre formations politiques soutiennent le droit du peuple sahraoui à décider librement de son destin. De Madrid à Paris en passant par Londres et Berlin, la cause sahraouie s'enracine au coeur des principales capitales européennes. Ses défenseurs donnent de la voix. L'ambassadeur de la mission britannique à l'ONU, Matthew Rycroft, a exhorté le Maroc à «coopérer avec l'ONU à même de permettre le retour effectif et total de la Minurso» tout en plaidant pour «une solution politique durable et mutuellement acceptable pour le Sahara occidental, qui prévoit l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», le Bundestag donne lui aussi de la voix. Des députés allemands de quatre formations politiques et des membres de l'Association «liberté pour le Sahara occidental» soutiennent le droit du peuple sahraoui à décider librement de son destin. «Nous demandons de tout faire pour organiser un référendum le plus tôt possible, ainsi que de proroger le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme», ont déclaré dans un communiqué commun rendu public jeudi dernier des députés allemands, de la CDU (Union chrétienne-démocrate) dont la présidente n'est autre que l'actuelle chancelière, Angela Merkel, du SPD (Parti social démocrate) de Die Linke («La Gauche») et d'Alliance 90/Les verts, à l'occasion d'un débat intitulé «25 années de cessez-le-feu au Sahara occidental - Mettre en oeuvre la Résolution 690 des Nations unies, pour la tenue du référendum» qui s'est tenu lors de la session plénière du Parlement allemand (Bundestag). La pression sur Rabat s'accentue depuis que les autorités marocaines ont pris la décision d'expulser 75 membres de la composante civile de la Minurso et de lui supprimer sa contribution financière après que le secrétaire général de l'ONU eut qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d'«occupation» lors de la visite qu'il avait effectuée dans la région entre le 3 et le 7 mars dernier. Il s'ensuivit un bras de fer entre le pouvoir marocain et Ban Ki-moon auréolé par une attaque particulièrement violente du souverain marocain à l'encontre du numéro un de l'ONU. «Il est l'otage de certains de ses collaborateurs et de ses conseillers, auxquels il délègue la supervision de la gestion de nombre de dossiers importants, en se contentant, lui, d'appliquer les propositions qu'ils lui présentent...», avait accusé Mohammed VI dans des propos d'une brutalité inouïe probablement unique dans les annales de l'histoire des Nations unies. Le Conseil de sécurité ne pliera pas pour autant. Le 29 avril, il votera une résolution qui appelle à un règlement politique du conflit juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoit à l'autodétermination du peuple sahraoui, tout en insistant sur l'urgente nécessité de rétablir la Minurso dans la plénitude de ses fonctions. Un revers retentissant pour le monarque alaouite qui avait comme unique dessein de la rendre inopérante en la décapitant. Londres l'a prévenu. «Il y va non seulement de la situation des réfugiés du Sahara occidental qui continuent à souffrir de ce conflit prolongé, mais aussi de la sécurité et la prospérité économique de tous les pays et tous les peuples de la région du Maghreb», a fait remarquer Matthew Rycroft qui a relevé que «les événements récents» ont rendu la Minurso «incapable» de remplir son mandat au cours des six dernières semaines. Berlin met à son tour les pieds dans le «tajine».