Le président français a rendu visite dans l'après-midi d'hier à Bab El-Oued, le quartier le plus touché par les inondations du 10 novembre dernier. Accompagné de son hôte, le Président Bouteflika, Chirac s'est rendu d'abord à Triolet où s'était massée une foule nombreuse. Tout autour du carrefour, des banderoles ont été accrochées, où l'on pouvait lire notamment «Chirac oui, Aussaresses non», «Suppression des visas», «France - Algérie: Histoire commune, avenir commun», «Enrico Macias, bienvenue chez toi», «Vive Chirac». Lorsque les deux présidents arrivent sur la place, des youyous fusent des balcons et des trottoirs, la foule enthousiaste scande «One, two, three, viva l'Algérie». Tout le monde se bouscule, des journalises piétinés, les cameramen bousculés, très difficile de s'approcher du cortège. Suivant du regard l'itinéraire du magma de la boue, le Président Chirac scrute la montée de Chevalley, puis se retourne, fait quelques pas avec Bouteflika et déclare au milieu de la bousculade: «Les cameramen ont beaucoup de difficultés, facilitez-leur la tâche», pour enfin s'arrêter au-dessus de ce qu'était le marché Triolet. «Le Président Bouteflika et moi nous vous invitons à observer une minute de silence à la mémoire des victimes.» Avant de quitter Triolet, le président français s'incline vers son hôte algérien: «Je crois qu'on doit serrer la main à quelques deux ou trois personnes.» Sur le champ, d'un pas décidé, Chirac va droit vers la foule où il y avait justement la banderole blanche écrite en noir «Vive Chirac». A l'approche des deux présidents, c'est la cohue. La foule se bouscule pour toucher la main aux deux présidents. La deuxième halte était aux Trois-Horloges, le coeur de Bab El-Oued, un quartier habité par les pieds-noirs et beaucoup de Français de la classe moyenne avant l'Indépendance. Une foule plus dense, plus enthousiaste, pour la plupart tenant dans une main le drapeau algérien et dans l'autre le drapeau français, scandaient le slogan bien connu des Chnaoua «Bab El-Oued echouhada» (Bab El-Oued les martyrs). Chirac et Bouteflika avancent difficilement au milieu de la foule de journalistes, photographes et cameramen, puis rentrent à la clinique d'accouchement Ibrahim-Kharafa, sise en face du commissariat central de Bab El-Oued. A leur sortie, le président français a déclaré aux journalistes: «Je rends hommage à ce peuple formidable, frappé par la douleur dans ce quartier qui est cher aux Algériens, mais aussi comme vous le savez, au coeur de beaucoup de Français.»