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La maffia des cours payants
L'ECOLE ALGERIENNE LIVREE À L'INFORMEL ET AUX CHARLATANS
Publié dans L'Expression le 18 - 05 - 2016

Ces enseignants-commerçants ont-ils encore leur place dans une salle de classe, dans l'enceinte d'un établissement scolaire?
La prolifération de ce virus des cours payants - apparu au début des années 1990 - a bénéficié du silence des milieux habilités moralement ou institutionnellement à le combattre.
«La pratique actuelle des cours payants relève du délit et qu'il faut sanctionner comme tel.» Clair et net dans ses propos, M.Ahmed Khaled, le président de l'Anape (Association nationale des parents d'élèves) a jeté un pavé dans la mare d'une école algérienne où nagent, à côté d'éducateurs au grand coeur, des vautours attirés par l'argent facile.
Un argent devenu sale dans la mesure où il est extorqué à des élèves conditionnés par des pratiques maffieuses. Pis encore, les recrutements en externes depuis une décennie ont orienté vers le secteur des hommes et des femmes - pas tous heureusement - attirés par l'appât du gain facile - en plus du salaire et des horaires de travail a minima (collège et lycée). Comment expliquer des lycées vides d'élèves dès la fin du deuxième trimestre, notamment les terminales? Alors que les caves et les garages, voire des appartements et des villas sont pleins à craquer - parfois le double ou le triple de l'effectif d'une classe surchargée? Dans ces endroits clandestins officient des enseignants qui ont fait l'école buissonnière, mais aussi des universitaires (chômeurs ou actifs) versés dans le domaine des maths ou de la physique.
N'est - ce pas que la prolifération de ce virus des cours payants - apparu au début des années 1990 - a bénéficié du silence des milieux habilités moralement ou institutionnellement à le combattre? Prenons l'exemple des syndicats d'enseignants. Nous connaissons leur enthousiasme à lutter - à juste titre - contre les injustices et à militer pour des revendications légitimes, mais cet engagement s'émousse dès que la question du scandale des cours payants est abordée. Lutter pour la dignité de l'enseignant c'est d'abord assainir les rangs de la profession des éléments qui enlaidissent la noble image de l'éducateur-enseignant et souillent la belle mission du syndicalisme.
Aucun syndicat ne pourra avancer un argument sérieux pour expliquer son silence devant la métastase de ce cancer moral et pédagogique. Ce n'est qu'en 2013 que de timides déclarations se font entendre de la part de certains syndicalistes. Après des années d'omerta, il est trop tard! La minorité de leurs collègues véreux a eu le temps de s'enrichir. Ils sont parvenus à leurs fins: occasionner des dégâts à des générations d'élèves et ternir l'image de l'enseignant auprès de l'opinion publique. On aurait aimé voir ces syndicats s'unir par une action d'envergure pour dénoncer ce mal et surtout proposer des remèdes d'ordre pédagogique et réglementaire. Un code de bonne conduite, ou un rappel de la morale professionnelle et des obligations du fonctionnaire, par exemple.
Comment se fait-il que deux syndicats aient refusé de signer la charte de l'éthique proposée par le ministère en décembre 2015? Bizarre!
N'est - ce pas que les différentes grèves organisées pour défendre leurs droits ont été mises à profit par cette minorité de collègues véreux? Au sein de ces derniers, certains s'exhibent aux premiers rangs des manifestations pour chauffer le tambour de la grève quand ils ne poussent pas à la déclencher. Il est facile de comprendre les mobiles de leurs agissements. Ils se donnent des heures supplémentaires afin d'engraisser leur juteux commerce des cours payants sonnants et trébuchants. On parle d'une rentrée mensuelle évaluée à plusieurs dizaines (voire centaines) de milliers de dinars engrangée par chaque «en... saignant/commerçant».
La course folle
Ni par jalousie ni par médisance, des collègues intègres pointent le doigt sur ces grosses cylindrées qui stationnent dans les parkings des établissements scolaires.
En octobre 2013, les lecteurs des journaux ont pu lire les arguments avancés par le responsable d'un syndicat d'enseignants,connu pour sa surenchère et son populisme, afin de justifier le recours à ces cours payants. Non, il ne les dénonce pas. Il ne stigmatise pas ses collègues commerçants. Il verse carrément dans une comparaison troublante. En effet, voilà ce que disent certains syndicats: «Il faut réglementer ces cours payants (en fait, eux, parlent de cours de soutien). Il y a bien des médecins du secteur public qui exercent dans les cliniques privées.»
Avec une telle déclaration, ils demandent d'officialiser ce qui est clandestin, illégal et immoral de la part d'un éducateur. Incroyable mais vrai: ces syndicats ne demandent, ni plus ni moins, que de rééditer l'action juste et pertinente de l'Etat pour régulariser les jeunes désoeuvrés qui - par désespoir - avaient versé dans le commerce informel à la sauvette. Raisonnement par l'absurde? Non! Absence totale de conscience et d'éthique.Heureusement, qu'en 2015, le ministère de la Santé a mis fin à ces pratiques frauduleuses en les interdisant purement et simplement. Il a sommé les praticiens de la santé (les spécialistes notamment) de choisir entre le privé et le public. C'est que la ficelle était grosse, l'indélicat praticien qui reçoit son patient dans le public, lui recommande de faire l'opération chirurgicale dans telle ou telle clinique privée. Et c'est lui qui en assurera l'acte chirurgical pour une rondelette somme d'argent - nette d'impôt pour lui et le propriétaire de la clinique. Et pan sur le nez du fisc! Le même stratagème à plus grande échelle sévit avec la maffia des cours payants.
Sûrement qu'il doit exister des médecins (généralement des chirurgiens et des spécialistes) et des patrons de cliniques sans scrupules. Pour autant, ces syndicats les approuvent dans leurs pratiques informelles, prédatrices du fisc et entachant l'éthique de leur noble profession. Pourquoi ne pas les dénoncer et ainsi mettre en valeur le dévouement de l'écrasante majorité de leurs confrères du corps médical (privé ou public) qui restent fidèles au serment d'Hippocrate.
De plus, ce genre de comparaison, nous fait comprendre que nos enfants sont des malades qu'il faut soigner. Poussons plus loin leur raisonnement. Et si demain, c'était au tour des vétérinaires du public à exercer frauduleusement dans des cliniques privées pour animaux? Allons-nous assimiler nos enfants à des animaux?
Des parents nous signalent que le «tout - venant», y compris des étrangers au secteur de l'éducation, plonge dans ce commerce immoral, mais juteux: des charlatans sans aucun diplôme, des universitaires sans formation pédagogique. Plus grave encore, des établissements scolaires de statut privé accueillent des élèves du public - en plus des leurs - pour leur vendre des cours pendant les fins de journée, les week-ends et les vacances.
Ces écoles privées engrangent, à travers ce commerce des cours payants, un bénéfice net, non déclaré, largement supérieur à celui du commerce légal pour lequel elles ont eu un agrément. Les autorités du fisc le savent, mais point de réaction.
Il se murmure même- et c'est la triste vérité que nous avons confirmé de visu - que des chefs d'établissement scolaire publics autorisent des enseignants à y «vendre leur marchandise» - comprendre des cours payants. Un véritable souk à ciel ouvert avec la bénédiction de tous - parents et administrations scolaires. A l'instar des «en...saignants»-commerçants qui émargent au budget de l'Etat, ces autres «commerçants de savoir» (écoles privées, charlatans, universitaires non expérimentés) appliquent, de façon hypocrite, l'adage qui prétend que le commerce (même illicite) n'est pas un péché.
Abrités sous le parapluie de parrains haut placés(ils sont leurs clients) - pour certains - ils jouissent également de leur réseau de rabatteurs attitrés qui activent dans les hammams, les fêtes, les mosquées, les salons de coiffure... En fait, le laxisme ambiant sert de carburant à cette pratique maffieuse.
Même les «rokyistes» sont sollicités!
Il n'y a pas que les cours payants qui gangrènent l'école algérienne. Ces «en...saignants-commerçants» ne font que profiter d'une situation scolaire génératrice de pression et d'angoisse. En effet, la logique ultralibérale de la compétition et du rendement scolaires ont créé un climat anxiogène qui alimente une angoisse parentale compréhensible. Ceux-ci exerceront une pression telle sur leurs enfants que ces derniers, en réaction, chercheront à 'gagner'' dans cette compétition imposée et ce, par tous les moyens, licites et/ou illicites. Chez nos élèves, la triche n'est-elle pas devenue une spécialité sophistiquée? Il n'y a qu'à voir la mobilisation tous azimuts avant et pendant les examens de fin de cycle: une débauche inégalée en temps, argent et énergie. Armée, gendarmerie, police, pompiers, secteur de la santé, psychologue... sont mobilisés. Une mobilisation en temps de guerre! Ces dix dernières années, même les «rokyistes» (de rokia -charlatans du désenvoûtement) et les imams sont sollicités!
Tel parent fera dans l'excès en tombant sous l'effet de mode pour se valoriser auprès du voisin, auprès de sa famille. Comme pour l'achat d'une voiture plus luxueuse ou la construction de la plus grande villa, il bombe le torse. Il se vante d'avoir inscrit son enfant chez le meilleur «en... saignant-commerçant» de la ville. Comprendre: «Chez celui qui affiche les tarifs les plus élevés.» Sont-ils indifférents à cette charge démentielle qu'ils imposent à leurs enfants? Un enfant qui a besoin de vivre son enfance, son adolescence, de se reposer, de jouer, d'évacuer le stress d'une dure journée de travail scolaire. Faut-il condamner ces parents? Non! Ils subissent les dérives d'un système scolaire archaïque qui croit se moderniser en s'emballant dans l'ultralibéralisme scolaire, géniteur de la marchandisation de l'éducation dénoncée par l'Unesco.
Que les mesures de redressement préconisées par la Conférence nationale d'évaluation de la Réforme, puissent être appliquées pour que cessent ces activités maffieuses de cours payants.
Ce climat anxiogène, créé à dessein, servira de pain bénit pour cette minorité d'enseignants. A l'affût de toute opportunité, ces derniers se frottent les mains en fructifiant - voire en aggravant cette angoisse parentale. Ils vont surfer sur cette vague de consumérisme générée par la compétition féroce tous azimuts.
Une course effrénée et une lutte implacable pour la première place se déroulent entre les élèves, entre les parents, entre les établissements, entre les wilayas. Eh oui, en phase avec la culture ultralibérale initiée dès le début de la réforme, la tutelle soumet les directions de l'éducation - à un classement. En 2010, le ministre a même déclaré, à haute voix, sanctionner les chefs d'établissements qui n'ont pas eu de bons résultats aux examens officiels, le bac notamment. Et vogue la course aux «affaires»! Et dire que les lycées qui obtiennent les taux de 100% de réussite se situent dans des zones déshéritées du pays, où la maffia des cours payants n'a pas encore mis les pieds.
Forcément, les élèves de ces maffiosi des cours payants, et qui n'ont pas les moyens de payer cash, resteront en rade. Ces damnés de l'école sont la mauvaise conscience de l'institution.
Facile à deviner de quelle couche sociale ils sont issus: celle des pauvres. Il est du devoir des gens avertis, universitaires, autorités scolaires et médias de sensibiliser les parents. Peut-être qu'avec un effort de réflexion, ils comprendront et saisiront toutes les conséquences néfastes que génèrent ces cours payants. Ainsi sera dénoncée et mise à l'index cette minorité «d'en... saignants/commerçants» véreux. Mais nous reste la question qui tue.
Ces enseignants-commerçants ont-ils encore leur place dans une salle de classe, dans l'enceinte d'un établissement scolaire?
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