Comment arrimer les foires et salons à la saison estivale attendue sur le littoral. La ville de Tizi Ouzou abrite depuis hier le Salon national de l'artisanat. Cette année, c'est l'esplanade du jardin Mohand Oulhadj qui accueille les 135 artisans venus de 32 wilayas du pays pour exposer leurs produits. La manifestation qui s'étalera jusqu'au 22 du mois en cours est organisée par l'Assemblée populaire de wilaya en partenariat avec la Chambre locale de l'artisanat et des métiers. Un riche programme est attendu pour la circonstance. Ces quelques journées animées surtout par la présence d'artisans nationaux activant dans divers créneaux comme la bijouterie, la vannerie, la poterie, le tapis, la pâtisserie et la maroquinerie. A l'ouverture, les responsables de la manifestation ont tenu à recadrer le contexte de son organisation ainsi que ses objectifs. En effet, alors que dans un passé récent, toutes les activités du genre s'inscrivaient au chapitre culturel, aujourd'hui, une prise de conscience semble se généraliser parmi les responsables. L'artisanat est, de l'avis du président de l'APW, du secrétaire général présent à la place du wali ainsi que le directeur du secteur de l'artisanat, un créneau éminemment commercial et économique. La nouvelle tendance qui s'installe chez les différents responsables souffle donc comme un vent d'espoir. Les plaidoyers pour donner aux métiers traditionnels leur dimension commerciale pour en faire des moteurs supplémentaires à l'économie locale semblent porter leurs fruits lesquels ne sont pas pour autant encore mûrs. L'attente reste relativement longue car les observateurs ne se réjouissent pas encore, en attendant la traduction sur le terrain de cette tendance «économiste» des responsables au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. Sur le terrain, les choses se présentent en effet sous un mauvais jour car, de l'avis même des artisans, la vie des métiers est toujours en danger. Et ce ne sont pas ces salons qui pourraient les tenir en vie, assurent-ils. Les salons nationaux et régionaux attirent des visiteurs de la ville où ils se tiennent tout au plus. Mais ces derniers ne constituent guère un potentiel d'acheteurs. Beaucoup de jeunes artisans connectés à leurs camarades des autres pays par Internet affirmaient ne pas se laisser berner par des manifestations inutiles. Afin de les rendre utiles, estiment-ils, une véritable refonte du mode d'organisation est préconisée. D'abord, il faudra créer un vaste tissu de liens entre les artisans et des investisseurs à même de mettre sur le marché national et international leurs produits. Il n'est économiquement pas viable que tous les paliers, de la production à l'exposition, la prospection et la vente soient effectués par l'artisan tout seul. Une véritable chaîne d'intervenants est à inventer et qui devra inclure les responsables locaux. Puis, une fois le circuit mis en place, viendra la refonte de la politique de l'organisation de ces foires qui devraient, elles aussi, se défaire de certains archaïsmes hérités. En effet, beaucoup de jeunes artisans n'hésitent plus à plaider pour la délocalisation des salons et des fêtes traditionnelles locales. Les artisans devraient augmenter leurs ventes pour faire vivre leurs métiers en allant vers l'acheteur. D'aucuns n'ignorent pas que la wilaya de Tizi Ouzou accueille le maximum de visiteurs, six millions, durant la saison estivale à Tigzirt et à Azeffoun. De ce point de vue, l'organisation de la fête du bijou d'Ath Yenni, le Salon du tapis d'Aït Hichem et la poterie de Maâtkas à Tigzirt et Azeffoun ne fera que les renforcer et les faire vivre. C'est aussi une façon de créer la connexion voulue et attendue entre le secteur de l'artisanat et celui du tourisme. Enfin, en attendant le sursaut, les artisans restent optimistes quant à l'avenir de leurs métiers en voyant leur volonté conjuguée avec celle des responsables du secteur. Un espoir qui restera vivant en attendant aussi la mise en place d'une véritable refonte des modes d'organisation des foires et salons.