La volonté d'apaisement de la part des responsables israéliens coïncide avec le mea-culpa de l'Autorité palestinienne. «Nous traversons une période intérimaire très sensible, et devons exploiter les chances qui se profilent. Notre devoir est de savoir faire des gestes envers les Palestiniens, tout en étant prudents». Ce sont là les propos du ministre travailliste, M.Herzog à la Chaine-10 privée de la télévision israélienne. Cette position officieuse exprimée par un membre du cabinet d'Ariel Sharon, corrobore les affirmations du chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Moshé Yaalon, qui a estimé qu' «il n'y a pas eu depuis longtemps une telle période de calme, sans le moindre tir de roquette Qassam contre Israël». Et d'ajouter: «Nous pouvons vivre indéfiniment à la force du glaive, mais nous pouvons aussi rechercher un arrangement politique avec les Palestiniens en essayant de promouvoir l'application de la «feuille de route». Autant de déclarations apaisantes qui interviennent malgré que des groupes armés palestiniens à Gaza aient menacé de reprendre leurs attaques. Huit de ces groupes, dont la branche armée du puissant mouvement Hamas, ont exigé que l'armée israélienne cesse ses opérations, après la mort d'une écolière palestinienne de 10 ans tuée, selon des sources palestiniennes et l'ONU par des tirs de soldats israéliens à Rafah dans la bande de Gaza. Ce genre d'événement, pris habituellement pour motif de reprise des hostilités, est pris, pour une fois, très au sérieux par l'Etat hébreu, dont les forces armées ont affirmé dans un communiqué que «selon les informations préliminaires, il n'y a pas eu de tirs israéliens dans le secteur où la fillette palestinienne est morte.» Cette nouvelle attitude de l'armée israélienne est confirmée par une demande «d'enquête conjointe avec les forces palestiniennes sur ce décès.» Cette nouvelle volonté d'apaisement de la part des responsables civils et militaires d'Israël, coïncide avec le mea-culpa de l'Autorité palestinienne, dont le président, Mahmoud Abbas, s'est dit conscient des «taches sombres» de la politique de son prédécesseur Yasser Arafat. Il a même promis d'en tenir compte. «Il y avait des taches sombres dans la politique (d'Arafat). L'Occident l'a qualifié de terroriste, l'a accusé d'empêcher les réformes et de ne pas tenir les engagements pris lors de négociations. Il a été considéré comme un dictateur», a dit M.Abbas, dans un entretien à un journal russe, avant de quitter, hier matin, la Russie où il a été en visite officielle. Au cours de son séjour à Moscou, il a déclaré qu'il était «très difficile d'instaurer la paix dans la région sans la Russie», allié traditionnel de la Palestine. Sur le terrain, l'on apprendra qu'Israël a différé sine die le transfert au contrôle sécuritaire de l'Autorité palestinienne de divers secteurs de la Cisjordanie. Les Palestiniens se préparaient à prendre le contrôle hier des villes de Ramallah, Kalkiliya, Jéricho et Tulkarem. Cela dit, ce report est le résultat d'une mésentente technique, mais le ministre israélien de la Défense Shaul Mofaz a indiqué lundi lors d'une rencontre avec l'ex-minsitre palestinien délégué à la Sécurité, Mohammed Dahlane, que l'application de l'accord sur ce retrait était différée. «Mofaz et Dahlane n'ont pas réussi à se mettre d'accord et ont décidé de reporter le dossier pour d'autres négociations qui se tiendront après le retour de Washington de Dov Weisglass», a déclaré le conseiller politique du Premier ministre israélien. Israël avait accepté de transférer à l'Autorité palestinienne la responsabilité sécuritaire dans cinq villes de Cisjordanie après qu'il eut réussi à convaincre les groupes armés palestiniens de baisser les armes.