Le mouvement islamiste a retiré ses forces spéciales alors que Abbas lui offre une porte de sortie honorable. Y aura-t-il décantation de la situation dans les prochains jours après le bras de fer entre le Hamas et l'Autorité palestinienne, bras de fer qui s'est prolongé par des affrontements sanglants entre milices du Hamas et les forces de la police régulière palestinienne. Tout le laisse croire après le recul stratégique effectué hier par le gouvernement islamiste qui a décidé de retirer des rues la «force spéciale» controversée, opérationnelle depuis le 17 mai dernier, laquelle faisait double emploi avec les services de sécurité réguliers. Déjà mis sur la défensive par le boycott international, le mouvement islamiste s'est aussi vu contraint de revoir sa stratégie de gouvernement et relativiser ses ambitions dans un environnement local et international hostile. Officiellement, le Hamas a fait ce geste d'apaisement dans l'optique de favoriser «le dialogue national» initié par le président Abbas qui a donné par ailleurs un ultimatum au Hamas, l'incitant à «modérer» ses positions. Le gouvernement d'Ismail Haniyeh, appelé à revoir ses prétentions n'avait pas en fait d'autre choix. Le dialogue national doit en fait poser des jalons en vue d'organiser une meilleure résistance populaire tout en la maintenant à l'intérieur des territoires occupés en 1967. C'est toute une nouvelle politique, ou philosophie, qui semble devoir être mise en oeuvre par les responsables palestiniens- toutes tendances confondues- pour re-crédibiliser le mouvement national palestinien et sa lutte pour l'indépendance avec l'édification de l'Etat de Palestine. Dans ce contexte, le retrait des rues des «forces spéciales» du Hamas va contribuer au retour au calme dans les territoires et surtout, donner aux deux partis antagonistes, le Hamas de Khaled Mechaal et le Fatah de Mahmoud Abbas, de reprendre la parole et revenir aux choses sérieuses que sont la libération des territoires palestiniens de l'occupation israélienne et la création de l'Etat palestinien. Commentant l'évolution de la situation, un responsable de la «force spéciale» du Hamas a indiqué: «La force s´est retirée de tous les sites et des rues à la suite d´une décision du ministre de l´Intérieur Saïd Siam, car il y a un dialogue national qui continue». De son côté, un commandant des services de sécurité a déclaré «Selon les ordres de nos commandants, nous nous sommes redéployés dans les rues. Aucun membre de la force spéciale (du Hamas) n´est présent car elle s´est retirée. Seule la police et les services de sécurité appliqueront la loi». Se félicitant de la nouvelle donne sur le terrain, un représentant du Fatah a affirmé: «Leur présence était illégale. Nous apprécions cette initiative comme un geste pour aider les gens à se débarrasser d´une des principales raisons de la tension dans les rues palestiniennes». «C´est un petit pas satisfaisant mais nous demandons l´annulation de cette force ou l´intégration de ses membres dans la police et la sécurité car elle est illégale. Cela doit être fait en coopération avec le président», a indiqué par ailleurs un responsable à la présidence de l´Autorité palestinienne parlant sous couvert d´anonymat. D'autre part, concernant le «dialogue national», on indique de source proche de l'Autorité palestinienne que le document en discussion, «préparé par des cadres des principaux mouvements palestiniens détenus» en Israël (rendu public le 10 mai) portera sur la «résistance» laquelle devra être contenue dans les limites des territoires occupés en 1967 -ce qui laisse supposer la fin des attentats en Israël-, la formation d'un gouvernement «d'union nationale» et enfin, la fondation de l'Etat palestinien dans les territoires occupés par Israël en 1967, (la bande de Ghaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est). Ces dispositions seront éventuellement entérinées par référendum. De fait, le recours au peuple, comme menace d'en appeler le président Abbas, tout en mettant le Hamas au pied du mur, mettra également la communauté internationale face à ses responsabilités dans le dossier palestinien. Aussi, au cas où le Hamas adhère au programme ainsi suggéré, quoique le mouvement islamiste semble montrer quelques réticences, peut équivaloir à une reconnaissance implicite de l'Etat hébreu par le mouvement islamiste qui a refusé, jusqu'ici, une telle reconnaissance, exigée par la communauté internationale. De fait, Hamas qui a fait monter très haut les enchères, depuis sa prise de pouvoir en mars dernier, a fait tout faux réussissant surtout à se mettre à dos l'Occident et une partie de la population palestinienne qui ne comprend pas une politique qui ramenait le dossier palestinien aux années soixante. Aussi, le président palestinien Mahmoud Abbas donne-t-il dix jours au Hamas pour amender sa position, ultimatum qui peut se révéler une porte de sortie honorable pour le mouvement islamiste qui n'aura pas ainsi plié devant les «pressions» internationales mais adhère à des positions défendues par la majorité des partis et mouvements palestiniens. Au plan des relations entre l'Autorité palestinienne et Israël, ce dernier avait annoncé jeudi avoir «autorisé» le «transfert» d'armes légères destinées aux gardes du corps du président palestinien. Allégations immédiatement démenties par Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président Abbas qui a affirmé que «la présidence palestinienne dément totalement ces informations et n´a aucune connaissance» d´un tel transfert.