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Des riches indifférents à la tragédie humaine
KERMESSE DU G7
Publié dans L'Expression le 30 - 05 - 2016


La Méditérranée est devenue un véritable cimetière
«La pitié n'est que justice amputée.» Gibran Khalil Gibran
A quoi sert un G 7 serions-nous tentés de dire? Le G7 était à l'origine un G6 créé en 1975; il regroupait la France, l'Allemagne de l'Ouest, les Etats-Unis, l'Italie, le Japon, le Royaume-Uni. Ensuite, le Canada en 1976 (G7). En 1998, on offre une place à la Russie (G8). En 1999, 11 pays ont été invités: l'Afrique du Sud, l'Arabie saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique et la Turquie. Et l'Union européenne. Le G20 représentait en 2015, 85% du PIB mondial et deux-tiers de la population de la planète. De ces 20 pays est né le BRICs. Pour rappel, la Russie est exclue depuis 2014, sanctionnée. Pourtant, il n'y a pas eu de coup de force russe en Crimée, comme il y a eu une intervention militaire de l'Otan au Kosovo. Les citoyens de Crimée ont voté démocratiquement leur rattachement à la Russie. On aurait pensé que depuis, ce sera au G7 à se réunir. Eh bien non! On se replie d'une façon chauvine sur le coeur. Les dirigeants du G7 ont entamé au Japon un sommet à l'ordre du jour chargé, entre les défis posés par une croissance mondiale atone, la lutte contre le terrorisme, les revendications maritimes disputées de la Chine ou les migrations. Les sept pays se sont engagés à éviter toute dévaluation compétitive de leur devise, en mettant en garde contre les mouvements de change incontrôlés. Les chefs d'Etat et de gouvernement promettent en outre de tout faire pour que l'accord de Paris sur le climat entre en vigueur avant la fin de l'année. En fait et comme on le dit trivialement, cela ne mange pas de pain. On se retrouve entre gens de bonnes questions qui sont au préalable d'accord sur tout.
Comme l'écrivent Marc Semo et Phillipe Mesmer: «Ces réunions sont l'occasion d'échanges d'autant plus libres qu'il n'y a pas de décision à prendre», explique un haut diplomate français. «Depuis le départ de la Russie, les participants sont à peu près d'accord sur tout, notamment en matière de politique étrangère. Et comment évoquer les questions économiques, alors que les grands émergents, à commencer par la Chine et l'Inde, n'en font pas partie?»(1)
La Chine dans le collimateur
La Russie que le G7 croit avoir terrassé, notamment en intimant l'ordre à l'Europe de la boycotter en vain, se rebiffe. C'est en fait Poutine qui vient de décider que le contre-embargo qu'il a mis en place est prorogé jusqu'à fin 2017. C'est le même Poutine qui signe un accord avec la Grèce au grand dam du FMI et de l'Union européenne, exception faite de l'Allemagne qui n'a jamais arrêté sa coopération, contrairement à la France qui ne sait pas revenir dans les bonnes grâces du Kremlin, elle qui voulait punir la Russie pour cause d'Ukraine. Dans le même ordre ce qui arrive au Brésil est une tragédie, c'est dit-on un coup d'Etat réalisé par des députés dont les préférences vont au grand capital. Il est à craindre que les coups de boutoir contre les membres du Brics à terme fragiliseront cette aspiration au monde multipolaire.
«La Chine est absente du G7, mais l'ombre de la deuxième économie mondiale plane sur les discussions, Barack Obama rappelant que doivent prévaloir la 'liberté de navigation et la résolution pacifique des différends''. En cause notamment, la situation en mer de Chine orientale où Pékin et Tokyo se disputent âprement la souveraineté de territoires inhabités. Pékin revendique aussi la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, au grand dam d'autres pays comme le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei.»(1) «Et comment évoquer les questions économiques, alors que les grands émergents, à commencer par la Chine et l'Inde, n'en font pas partie? C'est la raison pour laquelle fut créé, lors de la crise financière de 2008.» Ces sommets, qui sont des lieux de concertation plus que de décision, où les représentants des grandes puissances se retrouvent entre eux, sont devenus l'archétype de la diplomatie de connivence», relève pour sa part Bertrand Badie, professeur à Sciences Po Paris. Le G7, donc, se cherche. Le sujet le plus important pour Tokyo reste la sécurité en Asie. Pour cela, le Japon et ses partenaires devraient aborder les programmes nucléaire et de développement de missiles de la Corée du Nord. Ils devraient aussi rappeler l'importance du respect du droit, notamment pour la circulation maritime et aérienne. Ce point cible indirectement la Chine, critiquée pour ses agissements en mers de Chine méridionale et orientale, qui suscite des tensions avec les pays voisins.» (2)
C'est maintenant la Chine qui est dans le collimateur! «Dans un jeu à peine dissimulé, les dirigeants des pays du G7 ont souvent évoqué la Chine, sans toutefois la citer. Les échanges ont notamment porté sur la liberté de navigation en mers de Chine méridionale et orientale, un point directement lié aux tensions territoriales avec Pékin. Les chefs d'Etat et de gouvernement disent leur inquiétude quant à la situation en mer de Chine méridionale, où la Chine a poldérisé ces deux dernières années des récifs, et insistent sur «l'importance fondamentale d'une gestion et d'un règlement pacifiques des contentieux». (3)
La réalité de la richesse qui n'explique pas l'ostracisme
Evaluant la force de chacun Alexeï Pouchkov, président de la commission des Affaires internationales de la Douma écrivait en 2015: «En 2014, le produit intérieur brut cumulé des pays du groupe Brics a atteint 30%. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le PIB global du Brics s'élève à 32 500 milliards de dollars et celui du G7 à 34 700 milliards de dollars. Vu le fait que les pays du Brics accusent dans leur majorité un rythme de croissance plus élevé que les Etats du G7, on peut supposer que d'ici deux à trois ans leur PIB global surpassera celui du G7.» (4)
De la même façon que le G7 se réunit, les pays du Brics en font de même, mais qui en parle dans la presse main stream? La contribution suivante met en perspective le dilemme de l'humanité: «Les deux paradigmes posés à l'humanité ont été clairement affichés hier, le premier Forum parlementaire des nations Brics réunis à Moscou, tandis que les «Etats défaillants» du G7 se sont réunis en Bavière. Valentina Matvienko, a écrit un article pour Tass: «Alors que Obama a dit à la presse au clown spectacle du G7 que la Russie continue d'être 'isolé'' de la communauté internationale, et que leur économie est en récession en raison des sanctions occidentales, Matvienko a écrit: «La condamnation par les pays Brics de la politique de sanctions contre la Russie, notre présidence du Brics, la tenue du sommet Brics sur notre territoire sont une démonstration convaincante d'un échec des plans visant à isoler la Russie de la communauté internationale.» Dans L'article, intitulé: «Brics: grandes lignes d'un ordre mondial équitable», on lit: «Les Brics ont émergé comme Un certain format de la coopération entre les cinq pays ayant un programme commun...
(y compris)... la défense de leur souveraineté, la protection et la promotion de leurs intérêts nationaux sur la base des principes d'égalité, de non-ingérence dans les uns des autres des affaires intérieures, la non-acceptation d'un monde unipolaire...en poursuivant une politique indépendante sur la scène internationale, en rejetant toute tentative de pression à l'extérieur.» En outre, le journal RT a publié un article par le journaliste irlandais Bryan MacDonald qui a souligné que le G7 représente maintenant «un simple 32% de la tarte du PIB mondial, et est maintenant chemin passé sa date de vente par. «Compte tenu de la réalité du Brics nations, il a écrit que si le G7 était basé sur la force économique des nations, «Il serait composé des Etats-Unis, la Chine, l'Inde, le Japon, la Russie, l'Allemagne et le Brésil. Cette gamme aurait une influence remarquable. Les membres se vantaient 53% de l'ensemble du PIB de la planète et trois véritables superpuissances militaires de la planète seraient représentées.» (5)
Le Brexit: une ingérence intolérable
Si les Britanniques votent pour la sortie de leur pays de l'Union européenne, l'économie mondiale en pâtira, ont averti les dirigeants du G7. Un Brexit serait une menace sérieuse pour l'économie mondiale, ont averti les dirigeants du G7 dans une déclaration commune diffusée le 27 mai, relate The Guardian. Une sortie du Royaume-Uni de l'UE serait une menace sérieuse pour la croissance.Angela Merkel aurait dit: «Toutes les personnes ici présentes souhaitent que la Grande-Bretagne continue à faire partie de l'UE.» La déclaration est considérée comme un soutien pour la campagne anti-Brexit, et du même coup c'est une ingérence dans les affaires internes du peuple anglais qui ne s'appartient plus.(6).
La crise des migrants à laquelle fait face l'Europe est un problème «mondial» qui doit être traité à l'échelle «mondiale», ont jugé les dirigeants du G7. Le G7 reconnaît que les mouvements à grande échelle de migrants et de réfugiés représentent un défi mondial qui nécessite une réponse mondiale», selon la déclaration finale publiée à l'issue d'un sommet au Japon. «Nous nous engageons à augmenter l'aide mondiale pour répondre aux besoins immédiats et à long terme des réfugiés et des autres personnes déplacées ainsi qu'à ceux des communautés hôtes», ont dit les dirigeants des sept pays industrialisés. «Le G7 encourage les institutions financières et les donateurs bilatéraux à renforcer leur aide financière et technique», dit le texte. En 2015, environ 1,3 million de migrants, dont bon nombre venus de pays déchirés par les conflits comme la Syrie et l'Irak, ont demandé l'asile à l'Union européenne, dont plus d'un tiers à l'Allemagne.»(7)
La tragédie des migrants
Depuis le début de l'année, d'après l'Office des migrations internationales (OIM), environ 190.000 migrants sont arrivés en Europe par la mer, gagnant l'Italie, la Grèce, Chypre et l'Espagne. En 2015, environ 1,3 million de migrants ont demandé l'asile à l'Union européenne, dont plus d'un tiers à l'Allemagne.
Souvenons-nous de la tragédie des migrants déjà en 2015 et les bonnes résolutions prises. Nous lisons dans la contribution suivante: «La crise des migrants à laquelle fait face l'Europe est un problème ́ ́mondial» qui doit être traité à léchelle «mondiale». Le G7 reconnaît que les mouvements à grande échelle de migrants et de réfugiés représentent un défi mondial qui nécessite une réponse mondiale», selon la déclaration finale publiée à l'issue d'un sommet au Japon. En 2015, environ 1,3 million de migrants, dont bon nombre venus de pays déchirés par les conflits comme la Syrie et l'Irak, ont demandé l'asile à l'Union européenne, dont plus d'un tiers à l'Allemagne. «Nous nous engageons à augmenter l'aide mondiale pour répondre aux besoins immédiats et à long terme des réfugiés et des autres personnes déplacées ainsi quà ceux des communautés hôtes», ont dit les dirigeants des sept pays industrialisés.«Le G7 encourage les institutions financières et les donateurs bilatéraux à renforcer leur aide financière et technique», dit le texte.(8)
Selon le Haut-Commissariat de l'ONU, quelque 972.000 personnes avaient traversé la mer Méditerranée en 2015 au péril de leur vie pour rejoindre l'Europe, des arrivées par la mer cinq fois plus nombreuses qu'en 2014. Depuis le début de la semaine, pas moins de 5000 personnes ont été secourues au large de la Libye, dont 562 ont été sauvées mercredi par la marine italienne après le naufrage spectaculaire de leur bateau. La presse européenne s'apitoie sur Favour une bébé malienne de 9 mois qui a perdu ses deux parents dans le naufrage. Ce bébé a eu plus de chance que Aylan el Kurdi vieux de trois ans. Personne ne parle de la tragédie de cette semaine qui a vu la mort d'une centaine de personnes du fait d'un chavirement d'une barque surchargée. Souvenons-nous qu'en 2015 le nombre de migrants qui seraient morts en Méditerranée avait avoisiné les 2000 sur les quatre premiers mois de l'année 2015. Soit environ 30 fois plus que durant la même période en 2014. L'année 2015 est plus meurtrière que la précédente (2014). Il faut dire que la fin récente de Mare Mostrum a considérablement diminué les moyens de l'Europe dans ce dossier. «Le projet Mare Nostrum, qui avait permis de sauver en mer environ 170.000 migrants, avait été mis en place par la seule Italie pour 9 millions d'euros par mois. Depuis le 1er novembre 2014, il a été remplacé par le programme européen Triton, qui n'investit que 3 millions d'euros, alors que 19 pays y participent» (...) Si l'agence Frontex a obtenu de Bruxelles une rallonge de 106 millions en 2015, cette somme reste en priorité destinée à la surveillance et non au sauvetage.» (9)
On aurait pensé à une prise de conscience mondiale en dehors des voeux pieux et des larmes de crocodile. Même L'ONU avait accusé l'UE de transformer la Méditerranée en «vaste cimetière» «Pour La responsable de la diplomatie de l'UE, l'Italienne Federica Mogherini «nous n'avons plus d'alibi. L'Union européenne n'a plus d'alibi, les Etats membres n'ont plus d'alibi, a-t-elle martelé en arrivant. Les tragédies de ces derniers jours, de ces derniers mois, de ces dernières années, c'en est trop». «On a besoin de mesures immédiates de la part de l'UE et des Etats membres. Nous ferons tout pour empêcher que de nouvelles victimes meurent devant notre porte de la façon la plus cruelle, en Méditerranée», a de son côté promis Angela Merkel lors d'une table ronde avec des ONG à Berlin. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé lundi dernier l'Union européenne à soutenir davantage les efforts des pays riverains pour prendre en charge les migrants qui risquent leur vie en Méditerranée. «La Méditerranée se transforme rapidement en une mer de souffrances pour des milliers de migrants», «l'Europe tourne le dos à certains des migrants les plus vulnérables dans le monde, et risque de transformer la Méditerranée en un vaste cimetière.» La Méditerranée, est devenue un naufrage des «valeurs autoproclamées» de l'Europe, l'indifférence européenne. C'était il y a un an mois pour mois! Depuis rien! Tragiquement rien! Depuis il y a eu Aylan, il y a eu Favour, il y aura ad nauseam des épaves humaines sur des épaves dans l'indifférence de l'Occident qui a amené ces hères à venir tenter leur chance pour atteindre la forteresse Europe et en mourir en mer. Cette Europe qui n'arrête pas de donner des leçons au Monde...Cet Occident plus obnubilé par l'avoir a délaissé l'être. Est-ce ainsi que les hommes vivent?
1.http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20160526.OBS1262/economie-terrorisme-migrations-les-enjeux-du-g7.html
2.http://www.lemonde.fr/international/article/2016/05/25/au-japon-les-enjeux-planetaires-et-le-role-limite-du-g7_4926090_3210.html#U1Xw7eeprlfSHjJS.99
3.http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2016/05/27/au-japon-le-g7-obsede-par-la-chine_4927580_3216.html#UueKkGXxWsjk78JS.99
4.Alexei Druzhinin https://fr.sputniknews.com/economie/201506081016460953/
5. https://larouchepac.com/20150609/brics-vs-g7-two-paradigms-world
6.http://www.theguardian.com/politics/2016/may/27/brexit-would-pose-a-serious-risk-to-global-growth-say-g7-leaders
7. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/05/27/97001-20160527FILWWW00019-g7-les-migrants-sont-un-defi-mondial.php
8. http://www.sitecommunistes.org/ch407g7.pdf
9.http://www.jeuneafrique.com/230282/politique/chaos-libyen-crises-euros-et-m-t-o-pourquoi-l-immigration-en-m-diterran-e-est-devenue-un-drame-global/


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