Casse-tête? «Il est honteux de partir à la retraite à l'âge de 40 ans... (surtout) que l'espérance de vie est aujourd'hui de 76 ans!...», cette «réflexion» sur les retraites anticipées du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, reprise par le JT de 20h, lundi soir, est quelque peu difficile à comprendre. En effet, Sellal avait fait la même remarque en octobre 2015 lors de la tripartite qui s'est tenue à Biskra. Dans l'intervalle, en février dernier, le DG de la caisse des retraites, Slimane Melouka, a déclaré à la Radio nationale «n'être informé d'aucune réforme ou révision des lois concernant les retraites». Il a même tenu «à rassurer» sur «les dépenses des pensions des retraites anticipées qui ne représentent pas une part excessive des dépenses de la caisse des retraites». Oui mais alors, pourquoi Sellal revient-il à la charge une seconde fois? Avant de tenter une réponse à cette question, voyons de plus près de quoi il s'agit. L'Algérie compte 2 millions et demi de retraités toutes catégories comprises. Il y a sept millions de personnes actives. Chacun sait que le financement de la caisse de retraites provient des cotisations des salariés. Dans le cas présent ce sont moins de trois salariés pour un retraité. Ce n'est pas l'idéal pour un bon équilibre financier de la CNR (Caisse nationale des retraites). Il existe quatre catégories de retraites. La «normale», «l'anticipée» après 20 ans d'activité, la «proportionnelle» après 20 ans d'activité également et celle dite «sans condition d'âge» après 32 ans d'activité. Et c'est là où l'on comprend mieux le ton «rassurant» du DG de la CNR. Il n'y a que 574 retraités dans la catégorie «anticipée». Par contre ceux de la «proportionnelle» et «sans condition d'âge» qui s'en rapprochent représentent près de 800.000 retraités. Ce sont ces derniers dont semble parler Sellal. En excluant les pensions de réversion, c'est près de la moitié des retraités qui sont partis avant l'âge de 60 ans. Les motivations coulent de source. L'exigence de revoir ces dispositifs est indiscutable. Déjà qu'à 60 ans, il faut penser au financement de 16 années de pensions, partir plus tôt en retraite c'est le tonneau des Danaïdes. Revenons à la «réflexion» de Sellal. S'il compte sur la «honte» pour éviter la prise de décision, il se trompe lourdement. Tout est dans la différence entre acquis sociaux et abus sociaux. La prochaine tripartite pourrait faire la part des choses!