«l'avenir économique du pays se fera avec ou contre l'Ugta.» Le patron de la Centrale syndicale a désarçonné ses compagnons, hier, dans une sortie pour le moins imprévisible alors qu'il écoutait attentivement une intervention de l'un des représentants syndicaux venus participer à un débat autour de la situation économique et sociale à la salle de conférence de l'hôtel Riadh de Sidi-Fredj et qui a vu la participation des 48 unions de wilayas et 18 fédérations que compte l'Ugta. Profitant de la présence massive des journalistes, il a stoppé net l'orateur pour décocher une flèche à l'adresse de ses détracteurs qui l'accusent d'avoir «vendu» le secteur public et de s'être compromis dans des opérations opaques liées à la privatisation en apportant sa caution et son approbation au gouvernement. Sidi-Saïd a rétorqué sur un ton péremptoire. «Je dis à ceux qui m'accusent d'avoir vendu je ne sais quoi, que je n'ai rien vendu.» Allusion faite aux entreprises publiques proposées à la cession et à son acceptation du concept de la privatisation que son entité rejetait en bloc avant de se rétracter et déclarer que la privatisation n'est plus un tabou. Il a martelé à qui voulait l'entendre qu'«il n'y a aucun accord tacite entre moi et Ouyahia». Cette mise en garde est dirigée également contre certains éléments de ses troupes qui colportent des propos tendancieux contre sa personne les défiant d'apporter des preuves de ce qu'ils avancent. Des adresses comminatoires qui n'ont pas laissé l'assistance indifférente. Il a ajouté qu'«il ne devrait pas y avoir de surenchères entre nous. Le syndicaliste qui viendrait me tenir de tels propos aura droit à la bastonnade». Des coups de semonce qui auront le mérite de provoquer un tonnerre d'applaudissements. Auparavant et dans son discours d'ouverture, il a qualifié la réunion de son état-major de «rencontre décisive pour ne pas dire historique». Le conclave permettra pour les protagonistes de sortir avec une stratégie claire à même de guider l'organisation avec des conclusions concrètes qui seront mises sur la table des négociations lors de la prochaine tripartite que d'aucuns jugent comme un virage déterminant pour la Centrale syndicale qui est loin, faut-il le souligner, d'être dans une position confortable. Le leader syndical a usé d'une terminologie très directe, brisant le carcan de la langue de bois de rigueur et auquel il a habitué ses vis-à-vis. Pour une fois, il a reconnu que le vent risque de tourner en défaveur de l'organisation dont il a les rênes si celle-ci ne prend pas position en proposant une alternative à la déferlante des privatisations qui reste une voie incontournable. Il a évoqué la mémoire de Boudiaf en empruntant au lexique du défunt personnage emblématique de la guerre d'Algérie sa mémorable phrase historique: «La révolution se fera avec vous, sans ou contre vous. Moi je vous dis, a-t-il insisté, l'avenir économique du pays se fera avec ou contre l'Ugta». Signifiant de la sorte que c'est une épreuve de force qui attend son équipe sur laquelle les yeux des travailleurs sont braqués. «Un lourd fardeau pèse sur vos épaules», a-t-il soutenu mordicus. «Le débat doit être franc et transparent et s'éloigner du dogmatisme», a estimé Sidi-Saïd en ajoutant : «Notre rencontre vient couronner un débat autour d'un document qui a été discuté sur la privatisation. Nous devons trouver le moyen d'y faire face de façon à ce que les travailleurs n'en soient pas les victimes.» Il a poursuivi en criant haro sur «la privatisation des conteneurs et à celle qui conduit à la misère et au bradage de l'outil de production». Il a appelé à consolider et conjuguer les efforts pour aller vers un débat serein et pragmatique. Il a indiqué que le travail des structures composant son organisation sera comptabilisé dans un document à remettre au chef du gouvernement lors de la tripartite. Voulant signifier qu'il garde encore son statut de partenaire social crédible, il a brandi une copie de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures que lui a transmis le chef de l'Exécutif tel un trophée en révélant qu'un premier round le réunira à ce dernier ce samedi 5 février.