Le patron du FCE Tout en estimant insuffisants les efforts du gouvernement, le président du FCE appelle à la mise en place de mécanismes ad hoc de transition vers une économie productive. Ali Haddad a appelé, hier, lors de la tripartite, à faire de la baisse des prix du pétrole une opportunité de saisir le taureau par les cornes et d'aller vers des reformes profondes et structurelles. «Nous sommes dans l'obligation d'accepter que la baisse du prix du pétrole soit une donnée structurelle et durable, devant laquelle nous sommes devant l'impératif de réagir et nous adapter. Le nouveau modèle économique'', que nous sommes appelés à mettre en oeuvre sous la direction du gouvernement, a pour objectif de transformer de manière radicale les conditions pratiques dans lesquelles s'accomplissent l'acte d'investir et l'acte de produire dans notre pays. Il place, très justement, l'entreprise au coeur du processus de création de richesse et donc du développement économique national», a-t-il indiqué avant de préciser que cette démarche repose sur quatre enjeux principaux: la maîtrise de nos finances extérieures, le financement de l'investissement, la transformation radicale de l'environnement des affaires et la gouvernance. En effet, selon lui, les problèmes dont souffre l'économie algérienne ne sont pas d'ordre conjoncturel mais structurel, ce qui nécessite non pas des mesures simples mais des transformations radicales. Dans ce sillage, tout en saluant les efforts consentis par le gouvernement pour atténuer les effets néfastes de la crise, le patron du FCE considère que même si des efforts gigantesques venaient à être réalisés, il serait prétentieux d'attendre des résultats probants à court terme car, entre autres, «la réglementation en matière d'exportation reste insuffisamment incitative, l'Algérie a perdu son savoir-faire en matière d'exportation et ne dispose pas d'une expertise probante en matière de commerce international, toutes les plateformes d'exportation ayant été démantelées». Ali Haddad a également préconisé de réformer, en premier chef, le système bancaire. «L'intermédiation bancaire et financière a des exigences que nos banques auront beaucoup de mal à satisfaire dans cette phase qui exige des engagements massifs et une grande célérité d'exécution. En effet, le réseau bancaire national, dominé par cinq grandes banques publiques, reste de taille modeste et prend en charge une multitude d'activités très diversifiées», d'autant plus, a-t-il dit, qu'elles sont soumises à des règles prudentielles très strictes, insuffisamment capitalisées. Commentant par ailleurs les réalisations du gouvernement, Ali Haddad a fait savoir que celles-ci ne peuvent être évaluées qu'à l'aune des standards internationaux en la matière. Or, a-t-il relevé, «les études consacrées à la «facilité de faire des affaires» et basées sur l'analyse comparative, nous révèlent que nous sommes, non seulement encore loin des standards internationaux, mais également que nos concurrents immédiats dans la région bénéficient de meilleures conditions d'attrait pour les investissements». Dans le registre des urgences, le président du FCE a parlé du foncier qui, de son point de vue, devrait être pris en charge d'une façon diligente par le gouvernement non sans signaler que «la réponse à nos préconisations, qui a été apportée par la loi de finances pour 2016, est loin de satisfaire aux enjeux liés à cette question». Autre point soulevé: la réforme fiscale. Selon le FCE, «la simplification doit être au centre de la réforme de notre système fiscal». Il s'agit, autrement dit, «d'adapter notre fiscalité aux besoins d'un développement à grande échelle de nos entreprises et de nos territoires». Enfin, allant sur les traces du Premier ministre qui a qualifié les bureaucrates de diables», Ali Haddad a dit que «l'effort de modernisation de l'administration n'a pas été mené de manière uniforme ni généré les mêmes avancées dans l'ensemble des secteurs impliqués dans le processus de développement». «Que ce soit en matière de création d'entreprise, d'accès au foncier industriel, d'obtention de permis de construire, de raccordement à l'électricité, d'accès aux services des télécommunications ou aux prêts bancaires, etc., le candidat à l'investissement se retrouve souvent seul et désarmé face à une multitude d'intervenants qui, pour la plupart, sont souvent tatillons et peu diligents», a-t-il affirmé en appelant à la création d'organes ad-hoc pour mener une transition vers une économie performante et une administration moderne. «Nous sommes convaincus que l'administration de missions sous de grandes agences, délégation, haut commissariat, constitue, dans la situation actuelle, une alternative efficiente, pour passer outre les obstacles bureaucratiques. Un organe que l'on perçoit constitué d'une équipe restreinte et pluridisciplinaire, composée de fonctionnaires et de compétences extérieures à l'administration, placé sous l'autorité directe des plus hautes instances de l'Etat et disposant de larges pouvoirs et d'une autonomie financière totale.»