Des combattants du gouvernement d'union, à l'ouest de Syrte Deux composantes parmi les plus fortes du dispositif Haftar ont fait défection, préférant rejoindre les rangs du gouvernement d'union nationale, prouvant que le message de l'union sacrée contre la menace terroriste est porteur. Lentement, mais sûrement, le gouvernement d'union nationale en Libye est en train de prendre la maîtrise de la situation à la fois politique et sécuritaire, parvenant à élargir ainsi son champ d'action, bien au-delà des limites de Tripoli, tandis que le Conseil de sécurité de l'ONU s'est de nouveau penché sur les enjeux dans ce pays lors d'une réunion tenue hier. La menace du groupe terroriste Daesh est combattue avec succès comme en témoigne la récente reprise d'une base aérienne près de Syrte et de surcroît le ralliement au gouvernement Al Sarraj de deux importantes milices, dans l'est de la Libye. C'est ce qui a permis au Premier ministre libyen d'écarter sans ambages l'hypothèse d'une intervention militaire étrangère dans le pays sous prétexte de porter secours aux forces mobilisées contre le groupe autoproclamé de l'Etat islamique. En faisant le bilan de la situation sur la base du rapport du secrétaire général de l'ONU, le Conseil de sécurité a concentré son attention sur la question de l'embargo sur les armes imposé à la Libye depuis 2011 et, accessoirement, sur les résultats de la Mission d'appui (Manul) et de l'application de l'accord politique interlibyen au regard des nombreux défis qui existent encore dans plusieurs régions, notamment à l'Est et au Nord. Le gouvernement d'union nationale a donc enregistré des progrès notables, grâce à l'action de dialogue politique et de démarche consensuelle mises en oeuvre depuis plusieurs mois et la reprise de la base aérienne d'Al Ghordabiya, près de Syrte, à quelque 450 km de Tripoli, illustre parfaitement cette dynamique. En outre, les mêmes forces indiquaient samedi avoir libéré la localité d'Abou Hadi et investi la centrale thermique qui alimente la ville de Syrte. On avait craint un moment que la dynamique amorcée par le gouvernement Al Sarraj ne soit brisée par les manoeuvres dilatoires des instances rivales de Tobrouk, appuyées par le controversé général Haftar à la tête de plusieurs milices et de quelques unités de l'armée libyenne. Celui-ci avait même clamé voici quelques semaines son intention de marcher sur Syrte pour anéantir Daesh, obligeant du coup le gouvernement d'union à créer une instance chargée d'organiser et de coordonner la lutte contre le terrorisme. Le fait que deux composantes parmi les plus fortes du dispositif Haftar ont fait défection, préférant rejoindre les rangs du gouvernement d'union nationale, prouve que le message de l'union sacrée contre la menace terroriste est porteur et que Al Sarraj conforte réellement sa crédibilité. La preuve en est que les nouveaux ralliés sont le groupe des missions spéciales, actif dans la lutte antiterroriste, et la brigade des Renseignements militaires, également essentielle en la matière. Qualifiant l'intervention de troupes étrangères sur le sol libyen de «contraire à nos principes», Fayez al Sarraj a clairement identifié les besoins réels de son gouvernement qui lance un appel pressant à la communauté internationale pour comprendre ses attentes. Disant «non» aux bombardements, il explique la démarche qui repose sur trois piliers: l'économie, la sécurité et l'Accord national qui prévoit l'unité et la réconciliation du pays». Reste à lever les incertitudes qui font encore hésiter le Conseil de sécurité sur la capacité des forces armées qui lui sont acquises à protéger l'armement obtenu avec la levée de l'embargo. Mais là, il s'agit d'une longue et difficile étape que le gouvernement Al Sarraj doit encore parcourir pour pouvoir rassurer pleinement ses partenaires et la communauté internationale, à peine réconfortée.