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«Le Davos des pauvres»
PORTO ALEGRE
Publié dans L'Expression le 05 - 02 - 2005

Beaucoup d'intellectuels des pays développés s'accordent à dire que l'ambition discrète de la mondialisation, c'est la destruction du collectif et l'appropriation par le marché et le privé des sphères publique et sociale. Dans le but de construire une société où l'individu sera enfin privatisé et où s'épanouira l'hyperbourgeoisie naissante.
Pour contrecarrer un tel projet, un embryon de société civile internationale se met en place surtout dans les pays industrialisés. Une grande privatisation de tout ce qui touche à la vie et à la nature se prépare, favorisant l'apparition d'un pouvoir probablement plus absolu que tout ce qu'on a pu connaître dans l'histoire. Tandis que de nouveaux et séduisants «opiums des masses» proposent une sorte de «meilleur des mondes» et distraient les citoyens.
Comment peut-on parler de la mondialisation du bonheur, quand on sait que les pays africains luttent pour leur survie avec un fardeau de la dette de 400 milliards de dollars, un service de la dette inhumain, une aide au développement de plus en plus réduite? L'hypocrisie des pays industrialisés médiatise à outrance cette aumône, alors que dans le même temps, le service de la dette est autrement plus ravageur puisqu'il compromet définitivement toute vélléité de développement durable. Comment peut-on demander aux pays en développement (toujours dans cet état depuis quarante ans) une bonne gouvernance, quand parallèlement on leur interdit de financer les systèmes éducatifs et de santé vecteurs importants de la cohésion sociale?
Ce qui leur est en fait demandé, c'est d'ouvrir leur marché, c'est de laminer leur production nationale et la donner en pâture aux multinationales qui sont, de loin, plus performantes. Est-ce cela la mondialisation du bonheur des chantres du libéralisme à outrance à l'instar d'Alain Minc? (1)
Un véritable droit de pillage offert non pas tant aux vrais investisseurs qu'aux spéculateurs, les placements financiers volatiles représentant aujourd'hui plus de 85 % des
«investissements».
Un modèle de diktat de type colonial, il s'agit ni plus ni moins de passer «du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes au droit des investisseurs à disposer des peuples» désormais soumis non pas à des lois nationales, mais à des règles commerciales négociées sous la pression des multinationales et arbitrées par une justice privée. Ainsi se réalise la «privatisation du pouvoir législatif, le droit commercial prenant le pas sur le droit public».
Davos, victime de son succès
Présenté par le mouvement anti-mondialisation comme une institution diabolique qui décide en secret du sort de la planète, le Forum annuel de Davos est devenu victime du succès de sa formule qui en a fait un lieu de rencontres exceptionnel. De simple symposium, Davos devient le nombril de la mondialisation. Et la cible parfaite de tous les opposants à l'idéologie «globalitaire».
Le cocktail original concocté par les organisateurs comprend 50 à 60% de grands chefs d'entreprise de multinationales, 15% de savants -souvent Prix Nobel- et d'experts, 15% de dirigeants politiques -chefs d'Etat ou de gouvernement si possible, et 15% de rédacteurs en chef ou éditorialistes de grands médias.
Le symbole de la pensée dominante internationale ou plus exactement celle des plus puissants. Chaque année se rencontrent 1000 chefs d'entreprise qui viennent écouter les prophètes de l'économie mondialisée. Par sa structure même, ce symposium est programmé pour répondre avant tout aux préoccupations du business, et donc pour produire une pensée libérale. Les membres du WEF sont des responsables d'entreprises, généralement occidentales, qui payent cher pour venir à Davos: 12500 dollars d'inscription annuelle et 6 250 dollars de participation aux frais.
Plus grave, la parole à Davos suit, elle aussi, une logique de l'offre et de la demande. Comme l'a noté récemment le Washington Post, les entreprises qui versent le plus d'argent au forum, en tant que sponsors, sont celles dont les responsables interviennent le plus au micro.(2).
Pour James Wolfensohn, président de la Banque mondiale, la mondialisation ne doit pas servir de bouc émissaire pour des problèmes qui existent déjà depuis longtemps. «Le problème n'est pas la mondialisation, le problème c'est la démocratie, ce sont les droits, le problème c'est la pauvreté, le problème c'est l'égalité», a déclaré M.Wolfensohn lors du même débat. Il a rappelé que 80% de la population mondiale, soit environ 4,8 milliards de personnes, ne détenaient que 20% de la richesse de la planète. «Un homme doit pouvoir manger d'abord avant de pouvoir penser», affirme avec force, le président sud-africain Thabo Mbeki.
Au Forum de Davos version 2005; Tony Blair qui, a plaidé pour un plan d'aide à l'Afrique, a été omniprésent au Forum économique mondial de Davos. «Un million de personnes meurent du paludisme en Afrique» chaque année, a déploré Tony Blair. «Un million qui ne devraient pas mourir», a renchéri Bill Gates, pour , via sa fondation, de fonds pour la vaccination des enfants dans les pays pauvres. Il avait, juste avant son arrivée à Davos, annoncé un don de 750 millions de dollars sur dix ans à l'Alliance mondiale pour la vaccination.
Olusegun Obasanjo, le président nigérian qui ne rate aucun forum, a souligné toute l'importance «d'avoir la masse critique de ressources pour rendre le développement possible». Mais, a-t-il ajouté, la sécurité n'est pas juste une question d'armes, c'est pour les pays africains, «l'alimentation, l'eau, l'emploi, la santé et l'éducation».
Il faut, a averti, pour sa part, le président français, «mobiliser au moins 10 milliards de dollars par an» pour enrayer la progression du sida car la communauté internationale est «en train d'échouer face à cette terrible pandémie». Il a cité plusieurs solutions, dont un prélèvement sur les transactions financières internationales, pouvant rapporter, selon lui, dix milliards de dollars par an, une taxe sur le carburant des avions et des navires et «un faible prélèvement», par exemple d'un dollar, «sur les trois milliards de billets d'avion vendus chaque année dans le monde».
Tony Blair a promis d'utiliser la présidence britannique du G8 (sept pays les plus industrialisés et la Russie), jusqu'à la fin de l'année, pour faire avancer deux dossiers: la lutte contre le réchauffement de la planète, générateur de catastrophes, et l'aide à l'Afrique, en proie à la pauvreté et aux pandémies comme le sida ou le paludisme.
«Nous devons ouvrir nos marchés, réduire nos subventions, y compris sur des produits controversés comme le coton ou le sucre», a-t-il affirmé. Il faisait référence aux réticences des pays riches à supprimer les subventions à leurs producteurs, qui faussent la concurrence au détriment des pays en développement.
Autres personnalités présentes jeudi à Davos, le Premier ministre pakistanais Shaukat Aziz, son homologue égyptien Ahmed Nasouf Nazif et le vice-président iranien Masoumeh Ebetekar devaient débattre..... de la modernisation des sociétés islamiques sans verser dans l'occidentalisation! (sic).
L'antiforum de Davos
A la fin du mois de janvier 2001, s'est tenu pour la première fois, l'anti-forum de Davos à Porto Alegre au Brésil. Ce rendez-vous des pauvres a tenté dans une cacophonie pathétique de trouver une alternative à la mondialisation inhumaine représentée par les capitaines d'industrie réunis dans le même temps dans la petite station balnéaire de Davos en Suisse.(3)
Plusieurs thèmes avaient été abordés, ils avaient tourné principalement autour de la dette des PVD, de l'eau ; l'économiste Riccardo Petrella avait ainsi plaidé pour que l'eau soit «reconnue comme le premier bien commun de l'humanité». Alors que l'Argentin Francisco dos Reis signalait que dans son pays, les particuliers n'ont plus le droit de creuser un puits dans leur jardin, les nappes phréatiques étant privatisées.
Parallèlement, les 500 parlementaires réunis en forum à Porto Alegre avaient, on s'en souvient, décidé de «constituer un réseau international de parlementaires» de soutien aux «mouvements sociaux et citoyens». Un texte avait été adopté à l'unanimité affirme l'existence d'alternatives aux politiques libérales incarnées par le Forum économique de Davos: «A l'heure de la recolonisation économique du monde, il est de notre rôle de parlementaires d'agir pour assurer un large débat public associant la société civile, pour tout ce qui touche la négociation et la ratification des accords internationaux, de soutenir l'action des syndicats et associations qui s'engagent dans la mise en oeuvre d'alternatives à l'ordre néolibéral, et d'agir pour que leurs combats trouvent une traduction législative.»
Le document mentionnait, également, un certain nombre d'objectifs à atteindre parmi lesquels on peut citer l'instauration de la taxe Tobin, l'abolition de la dette des pays pauvres, la suppression des paradis fiscaux, la «réforme profonde de l'OMC» et des institutions financières internationales, ainsi que l'égalité hommes- .(3)
Que reste-t-il quatre ans après de cela? Presque rien. Une fois de plus, le Forum de Porto Alegre de l'autre côté de l'Atlantique «le Davos des Pauvres» regroupe principalement ceux qui sont contre une mondialisation-laminoir, selon le juste mot de Jacques Chirac. Plus de 1000 organisations non gouvernementales ont lancé, en marge du Forum social de Porto Alegre et en présence du président brésilien Lula, un «appel mondial à l'action contre la pauvreté» demandant aux citoyens de la planète de se mobiliser pour faire respecter les objectifs du Millénaire.
«Nous, citoyens, devons pousser les gouvernants, les organisations multilatérales et les entreprises à assumer leurs responsabilités pour éradiquer le fléau honteux de la pauvreté», a indiqué Candido Grzybowski, l'un des organisateurs du Forum social mondial et responsable de l'organisation brésilienne Ibase.
L'appel propose «la justice dans les relations commerciales (notamment les négociations au sein de l'OMC), l'annulation de la dette, une augmentation réelle du volume des aides officielles au développement et des politiques publiques nationales pour éliminer la pauvreté qui soient démocratiques, transparentes et contrôlées par les citoyens». La campagne consiste à demander à tout le monde de porter au poignet un ruban blanc en signe d'adhésion, par exemple lors des manifestations en marge du prochain sommet du G8 en Grande-Bretagne, lors de l'assemblée générale de l'ONU en septembre et avant les négociations multilatérales de l'OMC en décembre à Hong Kong.
«La campagne mondiale a une vision et un profil qui me permettent d'adhérer en tant que président du Brésil et leader d'un pays émergent qui a été capable de mettre au premier plan des préoccupations mondiales autre chose que la guerre et la lutte contre le terrorisme», a lancé le président Luiz Inacio Lula da Silva depuis la tribune. Devant 15.000 personnes, le président brésilien s'est félicité que «pour la première fois, le Forum prenne la responsabilité de faire d'un thème comme la pauvreté un sujet prioritaire. Il n'y a pas de doute qu'un autre monde est possible», a-t-il lancé, reprenant la devise du FSM qui se tient jusqu'au lundi 31 janvier.
Les objectifs du Millénaire, sur lesquels s'étaient engagés en 2000 tous les pays devant les Nations unies, prévoyaient entre autres la réduction de moitié de la pauvreté en 2015. Une évaluation est prévue lors de la prochaine assemblée générale de l'ONU.
Guy Ryder, de la Confédération internationale des syndicats libres (Icftu), a jugé «fondamentale» la responsabilité de son mouvement de s'associer à une telle campagne «pour en finir avec la misère et créer un monde juste», alors qu'il y a 185 millions de sans-emploi dans le monde et qu'un enfant sur six travaille au lieu d'aller à l'école. «Cet appel doit parvenir jusqu'à Davos aux leaders des puissances les plus fortes de l'ONU, jusqu'aux Nations unies et aux organisations internationales», a-t-il dit.
Nul doute que le fossé entre les riches et les pauvres devient de plus en plus abyssal ; les élans de générosité le temps d'un forum ne doivent pas cacher la réalité. L'aide publique au développement est de plus en réduite et de plus, elle est dirigée vers les «bons élèves». Car en définitive, est-il moral qu'un Suisse touche en un jour ce que touche un Africain moyen en une année? Est-cela le développement durable? La question attend toujours une réponse.(4)
1.Alain Minc :La mondialisation heureuse. Editions La Découverte. Paris, (1992)
2.Pascal Riché : Davos sous l'effet Seattle. Le Forum de l'économie mondiale en Suisse. 28 janvier (2001)
3.Samuel Schellenberg : Le Forum social mondial en cache-t-il un autre ? Porto Alegre. 30 janvier ( 2001)
4. C.E. Chitour. La mondialisation : l'espérance ou le chaos ? Edtions Anep. 2002


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