Un rassemblement avait été ponctué par la fermeture du siège de la daïra par la population. La région de Chemini vit ces jours-ci, au rythme d'une ébullition qui risque de compromettre la paix sociale retrouvée, il y a quelques années. L'effervescence est réelle et la mobilisation s'organise en solidarité avec les cinq jeunes militants du mouvement associatif derrière la contestation de l'augmentation des tarifs de transport public de voyageurs. Leur récente convocation par la sûreté de la daïra locale suscite la colère des citoyens qui entreprennent de s'organiser, pour contrer ce qu'ils appellent «une première dans les annales». «Le chef de daïra en collaboration avec sa clientèle, a ficelé un rapport, transmis à sa hiérarchie, accablant cinq militants associatifs, les désignant comme instigateurs de la fermeture du siège de la daïra de Chemini en date du 29 mars 2016», écrivent les citoyens de la région dans un communiqué rendu public hier, soulignant que «le tort des jeunes convoqués est d'avoir dénoncé l'atteinte aux libertés de manifestation et de réunion». «La plainte a été introduite par le wali de Béjaïa suite au rapport qui lui a été adressé sur le rassemblement observé devant le siège de la daïra de Chemini dénonçant l'interdiction notifiée par le chef de daïra aux militants associatifs de tenir une réunion à la maison de jeunes Farid U Zadi pour débattre l'augmentation arbitraire de la nouvelle tarification de transport à Chemini», soutiennent les rédacteurs du communiqué. Ce rassemblement avait été ponctué par la fermeture du siège de la daïra par la population, constaté même par le chef de sûreté de daïra de Chemini qui a tenté en vain de dissuader les manifestants à suspendre l'action, soulignent encore les rédacteurs qui révèlent que le «chef de sûreté a quitté les lieux en instruisant ses éléments de sécuriser la manifestation après avoir reçu des explications sur l'objet de l'action et se rassurer de son caractère pacifique». Une délégation de la direction des transports a même fait un déplacement de Béjaïa pour engager des négociations avec les organisateurs du rassemblement. Ces derniers leur ont signifié un niet catégorique en leur expliquant que l'objet de l'action n'est nullement la tarification, mais il s'agit bel et bien de «la défense des espaces de liberté menacés par un pouvoir totalitaire». «Fermeture du siège de la daïra, incitation à la fermeture du siège de la daïra, empêchement aux fonctionnaires de rejoindre leurs postes de travail, interdiction aux citoyens d'accéder au siège de la daïra et affichage nocturne incitant la population à la fermeture du siège de la daïra», sont autant de charges, jugées «lourdes» retenues contre les incriminés, annonce-t-on. «Cette démarche entreprise par l'administration n'est qu'une tentative d'intimidation pour étouffer toute voix avide de liberté et de justice sociale à Chemini», assènent les rédacteurs mettant en exergue sa visée de «normalisation d'une population déjà «ravagée par le clientélisme prôné par le chef de daïra depuis son intronisation». A noter que cette colère, dénoncée au demeurant par un élu FFS de la région, en l'occurrence Boualem Mimouni, qui parle de «deux poids, deux mesures», allusion aux organisateurs des centaines de manifestations partout ailleurs à Béjaïa sans jamais être inquiétés, est le prolongement d'une autre qui couvait déjà depuis l'annonce du retour du corps de la Gendarmerie nationale dans le cadre de son redéploiement au niveau de la wilaya de Béjaïa. «Chemini connue comme première localité qui a délocalisé la brigade de gendarmerie en Kabylie, ne cédera pas devant ces intimidations émanant d'une administration qui veut mettre notre localité sur un lit de la mort», conclut le communiqué qui fait part également d'une conférence de presse qui sera organisée aujourd'hui au bureau du Cddh de Béjaïa à la veille d'une manifestation de rue prévue pour demain à Chemini.