Cinq militants associatifs, dont trois étudiants, ont été convoqués, lundi, dans les bureaux de la sûreté de la daïra de Chemini pour subir un interrogatoire. Cette convocation intervient après la fermeture du siège de la daïra, en mars dernier, par les citoyens en guise de protestation contre l'interdiction d'accès à la maison de jeunes au collectif des étudiants, qui devaient tenir une réunion pour débattre des actions à mener en vue de contester les prix du transport qu'ils jugeaient «excessifs» et «arbitraires». «A notre arrivée, déjà surpris par les convocations, on nous a fait savoir qu'une plainte a été déposée par le wali», relate l'un des cinq militants. Agissant sur un rapport établi par le chef de daïra, le wali a retenu des charges que les incriminés ont qualifiées de «lourdes». Il s'agit de la fermeture et d'incitation à la fermeture du siège de la daïra de Chemini, empêchement des fonctionnaires de rejoindre leur poste de travail, interdiction aux citoyens d'accéder au siège de la daïra et, enfin, affichage nocturne incitant la population à la fermeture du siège de la daïra. «Le comble du paradoxe, c'est que le jour de la fermeture, le chef de la sûreté de la daïra, après avoir tenté désespérément de nous dissuader, a instruit ses agents de sécuriser la manifestation», a pesté Moualek Abdelouhab, l'un des militants entendus par la police. Le collectif des étudiants d'Ath Ouaghlis, élargi à la société civile, dans un communiqué rendu public, est catégorique : «Cette démarche entreprise par l'administration n'est qu'une tentative d'intimidation pour étouffer toute voix avide de liberté et de justice sociale à Chemini. Elle vise à normaliser une population déjà ravagée par le clientélisme prôné par le chef de daïra depuis son intronisation», accusent les rédacteurs de la déclaration. De ce fait, les citoyens ne semblent pas rester figés à ce stade. «Seul le chef de daïra est responsable des dérapages que sa démarche générerait. D'ores et déjà, un large mouvement se dessine pour demander son départ inconditionnel», nous a assuré l'un des acteurs du collectif.