Raqqa en attente de l'offensive L'armée syrienne est engagée sur plusieurs fronts, combattant à la fois l'EI et les groupes rebelles dont celui d'Al Nosra (al Qaïda), même si la priorité est de terrasser l'EI et de reprendre la ville de Raqqa qui verrouille les voies de ravitaillement des terroristes. La prise de la ville de Manbij par les troupes conjuguées des Forces démocratiques syriennes, une alliance menée par les kurdes des unités de protection du peuple (YPG), appuyée par la coalition internationale, marque un tournant important dans la guerre contre l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI). Celle-ci vient en effet de perdre sa principale grande route de ravitaillement vers la Turquie. L'offensive aura duré 10 jours au cours desquels les combats ont été intenses, même si Daesh reste acculé sur plusieurs fronts, en Irak du côté de Falloujah et en Libye dans le port de Syrte qui vient de tomber entre les mains des milices de Misrata loyales au gouvernement d'union nationale de Fayez AlSarraj. Conseillées par des forces spéciales américaines et autres, les FDS sont parvenues à briser la résistance de l'EI grâce aussi aux frappes aériennes de la coalition internationale qui a bombardé sans relâche les positions du groupe terroriste qui est depuis quarante-huit heures maintenant pris au piège. Les éléments de Daesh encerclés à Manbij ne peuvent plus nouer de contacts avec les autres forces de l'organisation extrémiste dans d'autres régions du pays. D'autre part, la voie est libre désormais pour l'avancée programmée vers Raqqa, la «capitale» de l'EI qui en a fait son bastion ultime en Syrie. Si la victoire des FDS ne fait aucun doute sur le changement de donne dans cette région particulièrement cruciale de la Syrie, surveillée avec anxiété par la Turquie voisine qui voit d'un mauvais oeil les velléités autonomistes des kurdes syriens, appuyés à la fois par les Etats-Unis et par la Russie, même si Washington s'efforce de tempérer les ardeurs des Kurdes du PKK, elle ne saurait se suffire à elle-même. Les avancées de l'armée syrienne dans les autres zones de conflit, notamment celles aux mains des rebelles salafistes qui en appellent systématiquement à l'intervention et à l'aide des puissances occidentales, relativisent l'impact de cet «exploit». Le retrait de la délégation de l'opposition des pourparlers de Genève, induits par le processus de Vienne, a eu un impact sur la trêve laborieusement conclue sous l'égide des deux superpuissances. Laquelle trêve a volé en éclats depuis au moins trois semaines, en témoigne l'offensive de l'armée syrienne sur la localité de Daraya, dans la banlieue de Damas où vivent retranchés les éléments de Jabhat al Nosra, le groupe radical membre et chef de file de cette opposition. C'est ce quartier qui fut à l'origine du premier soulèvement contre le régime du président Bachar al Assad et qui devait servir de cheval de Troie pour la sape et du régime et du pays. En réalité, l'armée syrienne est engagée sur plusieurs fronts, combattant à la fois l'EI et les groupes rebelles dont celui d'Al Qaïda, même si la priorité est de terrasser l'EI, attaquée sur plusieurs fronts, et de reprendre la ville de Raqqa qui verrouille les voies de ravitaillement des terroristes, et surtout l'accès à Deir Ezzor, objectif majeur du régime syrien dont les troupes appuyées par l'aviation russe ne sont plus qu'à 30 km de la ville de Tabqa. L'arrivée de l'armée syrienne à Raqqa est fortement attendue par la population de la ville, composée à 75% d'arabes sunnites qui ne portent pas les Kurdes dans leur coeur et ne veulent à aucun prix l'intégration de leur cité à la future zone autonome envisagée par les parrains américain et russe des YPG, même si la gestion de cette ville une fois libérée de l'emprise de Daesh devrait être confiée à la population arabe.