Tout usager de la route menant à Béjaïa ou Jijel ne peut s'empêcher de marquer un arrêt à Raffour C'était un ex-douar accroché au flanc du Djurdjura et c'est aujourd'hui cette petite ville naissante à l'entrée de la vallée de la Soummam. Tout usager de la route menant à Béjaïa ou Jijel ne peut s'empêcher de marquer un arrêt à Raffour, L'étoile ou Iwakurens pour faire un achat dans ses multiples magasins ou siroter un bon café. Cette agglomération grandissant à pas de loup se trouve dans la commune et daïra de M'Chedallah à l'extrême est de la wilaya de Bouira sur les lieux-dits Tamourth-Ouzemour en haute vallée. Raffour comme on aime l'appeler officiellement est créé en 1956 après que l'arch Iwakuren, composé de deux villages, fut pilonné puis incendié par l'armée coloniale en guise de représailles et aux fins de couper toutes relations entre les moudjahidine et les populations surtout que dans cette région montagneuse l'activité partisane était très développée, et selon certains témoignages, l'Armée de libération nationale avait installé un hôpital militaire de campagne en ces villages que sont Thadart tamokrant et Ighzer. L'on rapporte également que c'est en ces lieux que la moudjahida Malika Gaïd est tombée en héroïne. Les habitants furent alors déplacés vers cette plaine pour être contrôlables et corvéables à merci. Ainsi, un village de toile voit le jour et c'est ce qui, dans le jargon local, donna l'appellation de «L'étoile» à cette cité. Entassés dans des tentes puis dans des cellules construites dans le cadre du plan de Constantine, les Iwakurens (habitants de cette contrée) durent résister et vivre jusqu'en 1962 après quoi leurs espoirs furent très grands pour prétendre soit à la reconstruction de leurs villages respectifs détruits par l'artillerie de l'armée coloniale ou alors pouvoir bénéficier d'une habitation décente surtout parmi celles laissées vacantes par l'occupant. Ce qui n'en fut pas le cas sauf peut-être pour quelques-uns. Ceci pour l'histoire. A Raffour il y a de l'eau comme dans toutes les autres villes de la commune, de l'électricité et même le gaz de ville ces derniers temps, seulement le plus gros problème demeure celui du foncier qui n'est pas réglé à ce jour. Toute la ville se trouve érigée sur des terres qui appartenaient à des colons et donc des biens devenus vacants après 1962. A ce jour, aucune régularisation n'a été envisagée. Aucun habitant n'est propriétaire du terrain sur lequel se trouve bâtie sa demeure. Les citoyens se demandent par ailleurs comment la mairie s'est arrangée pour faire un lotissement juste à côté de leurs maisons et vendre ces terrains qui se trouvent dans la même portion des propriétés et ayant la même nature juridique. Cette situation reste inexpliquée malgré l'existence d'une panoplie de textes de loi qui portent sur la cession des biens de l'Etat et qui sont parfois bradés ailleurs. Il faut également signaler qu'à Raffour, les constructions ayant remplacé la cité d'urgence d'antan n'ont pas agressé le côté urbanistique, ce qui a facilité les différentes alimentations et servitudes. Que demande le peuple à Raffour? Que les services techniques publics compétents prennent en charge cette régularisation et tout ce peuple est prêt à payer le prix du sang, bien entendu, que les montants soient hors de portée en considérant cela comme une vente récente au prix coûtant en faisant fi de tous les préjudices subis lors des déportations avec le lot de souffrances endurées et les pertes en vies humaines. Ce n'est qu'ainsi et seulement ainsi que Iwakurens pourront sentir une reconsidération et verront quelque part une réparation même tardive des dégâts subis il y a près de 50 ans. Malgré tous ces temps passés dans cette situation, les gens à Raffour ont toujours espoir de voir le bout du tunnel et voir leur agglomération entrer dans la modernité, devenir une ville avec toute l'infrastructure d'accompagnement nécessaire et ce sera cela notre réconciliation, dira un habitant d'Iwakurens.