A ceux qui doutaient de la capacité du gouvernement à mener un plan de réformes, notamment le FCE et Nabni, une réponse a été donnée à travers le remaniement ministériel effectué. Lors de la dernière tripartite, le Premier ministre a présenté ce qu'on a appelé «le nouveau modèle économique de croissance». Ce nouveau modèle économique, dit aussi de croissance, qui a été adopté par la tripartite, vise à redéfinir les mécanisme de fonctionnement de l'économie algérienne de fond en comble. C'est en tout cas ce qui a été dit par l'Exécutif. En effet, selon Sellal et ses lieutenants, il s'agit d'aboutir à des niveaux soutenables en matière d'équilibre du Trésor et des finances publiques, de consolider la justice sociale sans surcoût économique, de réformer la fiscalité et de mettre le budget au service de la croissance et du développement humain durable. Il est également question, selon l'Exécutif, de diversifier l'économie et d'y apporter des changement structurels afin de rééquilibrer le PIB et de sortir de la spirale de la rente. Grosso modo, le gouvernement entend mener une transition vers une économie productive et diversifiée performante et dont le fonctionnement dépend des seuls mécanismes du marché. Les grandes lignes du nouveau modèle économique de croissance telles que présentées par Sellal semblent ambitieuses et nombreux sont les économistes et les experts à les appuyer. Mustapha Mekidèche dit même que l'idée avait été lancée par le Cnes, dont il était le vice-président, en 2012 avec, comme base, six fondamentaux: la ré-industrialisation, la rigueur budgétaire, la liquidation progressive des rentes et des activités informelles, la mise à plat du système des subventions, l'amélioration du climat des affaires et l'émergence d'un secteur privé national productif. Même chose pour Mohamed Cherif Belmihoub, économiste, qui, tout en exprimant son appui à la démarche du gouvernement, prône la limitation du déficit budgétaire à un certain niveau en rationalisant la dépense et en cherchant d'autres sources de financement ainsi qu'en maîtrisant l'inflation et en évitant une détérioration de la balance commerciale. Néanmoins, le nouveau modèle économique pêche sur deux plans. Le premier concerne son manque de précision. En effet, aucun chiffre, aucune échéance et aucune mesure concrète n'ont été données. Le deuxième porte sur le «comment» car les différents gouvernements qui se sont succédé depuis la fin des années 1990 ont tous, chacun à sa manière, fait de la réforme de l'économie leur cheval de bataille sans succès. Beaucoup d'observateurs considèrent en effet que le coeur du problème réside dans la manière de mener une réforme sérieuse, à un rythme soutenu, vers une économie productive et diversifiée car, dit-on, les institutions de l'Etat, l'administration et le gouvernement ne sont pas en mesure de conduire une telle démarche dans l'état où ils sont. «Nous sommes convaincus que l'administration de missions sous de grandes agences, délégation, haut commissariat, constitue, dans la situation actuelle, une alternative efficiente, pour passer outre les obstacles bureaucratiques. Un organe que l'on perçoit constitué d'une équipe restreinte et pluridisciplinaire, composée de fonctionnaires et de compétences extérieures à l'administration, placé sous l'autorité directe des plus hautes instances de l'Etat et disposant de larges pouvoirs et d'une autonomie financière totale», a estimé le président du FCE lors de son intervention à la tripartite. Abdelkrim Boudraâ, porte-parole de Nabni, a lui aussi plaidé pour la mise en place d'une «delivry unit» pour mener «le train» afin de faire sortir l'économie algérienne de l'ornière dans laquelle elle se débat. Car les institutions et les administrations sont affaiblies et, à ce titre, elles ne peuvent pas accompagner un processus de réformes, encore moins le mener. Des instances ad hoc, comme l'ont proposé le FCE et Nabni, seront-elles mises en place pour mettre en place le nouveau modèle économique de croissance? La réponse donnée à cette question par le gouvernement est cinglante: remaniement ministériel et installation d'une nouvelle équipe. Cette équipe sera-t-elle à la hauteur des défis? Espoir.