A neuf jours du référendum, le journal numéro 1 en Grande Bretagne, The Sun, apportait, hier, dans un plaidoyer, son soutien au Brexit Le baromètre est au beau fixe pour les partisans du Brexit qui, en plus d'être en tête dans les sondages, ont engrangé hier le soutien du Sun, le quotidien le plus vendu au Royaume-Uni, à neuf jours du référendum sur l'Union européenne. «BeLEAVE in Britain», peut-on lire en toutes lettres en une du tabloïd aux 4,5 millions de lecteurs. Un jeu de mots qui phonétiquement signifie «croire en la Grande-Bretagne» tout en comprenant le terme «sortie (de l'UE)». «Nous sommes sur le point de prendre la plus grande décision politique de nos vies. Le Sun exhorte aujourd'hui tout le monde à voter pour la SORTIE» lors du référendum du 23 juin, écrit le quotidien populaire, propriété de Rupert Murdoch, le magnat australo-américain des médias. Entravé par «l'expansion sans relâche de l'Etat fédéral allemand», le futur du Royaume-Uni serait «bien plus sombre» au sein du bloc des 28, poursuit le journal, qui voit dans un Brexit l'opportunité de «réaffirmer» une souveraineté compromise par la «dictature de Bruxelles». «C'est notre chance de rendre la Grande-Bretagne encore meilleure, de reprendre notre démocratie, de préserver les valeurs et la culture dont nous sommes fiers à juste titre», argumente le Sun, premier quotidien national britannique à prendre aussi franchement position en faveur du Brexit. Même s'il n'est guère surprenant de la part d'un journal réputé conservateur, ce ralliement est un nouveau coup dur pour le camp du maintien mené par le Premier ministre tory David Cameron, qui doit déjà composer avec une succession de sondages donnant depuis quelques jours le Brexit en tête. Hier encore, les troupes du «Leave» comptaient six points d'avance (53%) dans les intentions de vote, selon une enquête d'opinion ICM publiée par le Guardian, et sept dans un sondage YouGov pour le Times. Résultat: un vent de «panique» souffle désormais sur le camp du maintien, ont expliqué au Times et au Guardian des sources au sein de la campagne pro-UE. Pour tenter d'inverser la tendance, les partisans du statu quo s'apprêtaient à lancer une nouvelle offensive hier avec un rassemblement au siège de la grande confédération syndicale, le Trade Union Congress (TUC). La réunion devait rassembler plusieurs responsables du Labour, le principal d'opposition, dont son président Jeremy Corbyn, régulièrement accusé de ne pas en faire assez pour mobiliser ses troupes. Dans un communiqué commun publié hier, de hauts responsables travaillistes ont mis en garde contre les conséquences d'une éventuelle sortie de l'UE, qui pourrait coûter selon eux 525 000 emplois dans le secteur public. «Si nous quittons (l'UE), le choc ressenti par notre économie pourrait se traduire par un trou noir de 40 milliards de livres dans nos finances publiques», écrivent-ils, alors que la livre sterling était sous pression sur les marchés des changes. Les derniers sondages pèsent «encore plus lourdement sur la livre», commentait dans une note Simon Smith, analyste chez FXPro. Pour combler son retard, le camp du «Remain» («Rester») pourra aussi tenter de capitaliser sur une décision rendue hier par la Cour de justice de l'UE, qui a accordé au Royaume-Uni le droit de limiter certaines aides sociales aux migrants européens, une thématique clef de la campagne. L'approche restrictive de la Grande-Bretagne en la matière a reçu l'aval des 27 autres Etats membres de l'UE dans l'accord négocié en février dernier par David Cameron et sur la base duquel il s'est lancé dans la campagne en faveur du maintien dans l'Union.